Fleur Pellerin prend officiellement les fonctions de ministre déléguée auprès du ministre du « Redressement productif » (Arnaud Montebourg), chargée des PME, de l’Innovation et de l’Economie numérique.
C’est donc la Responsable du pôle Société et Economie numérique de la campagne présidentielle de François Hollande, qui va prendre en charge ce dossier.
Après avoir élaboré le programme numérique du candidat PS, Fleur Pellerin va disposer d’une certaine latitude avec ce poste gouvernemental pour entrer dans le vif de son sujet de prédilection : financement du secteur numérique, open data, taxation des groupes Internet, très haut débit, « habeas corpus numérique »…
Néanmoins, elle ne dispose pas d’un réel ministère à part entière du numérique (notamment préconisé par le think tank Renaissance Numérique), mais il ne fallait pas trop y compter.
Agée de 38 ans, Fleur Pellerin est conseillère référendaire à la Cour des Comptes et présidente du Club XXI7me Siècle dans la période 2010 – 2012. Après l’ESSEC et Sciences Po Paris, son rang de sortie à l’ENA lui permettra ce poste de magistrate à la Cour des Comptes à l’âge de 26 ans où elle commence alors en tant qu’auditrice de 2e classe. L’année suivante, elle devient auditrice de 1re classe et rapporteuse à la Cour de discipline budgétaire et financière. Elle devient conseillère référendaire à partir de 2003. Elle est alors affectée à la troisième chambre chargée notamment de l’éducation, de la culture et de la recherche, ainsi que de l’audiovisuel. À ce titre, elle a été rapporteure auprès de la Commission de contrôle des sociétés de perception des droits d’auteurs et droits voisins (SPRD) de 2001 à 2005.
En parallèle à ses fonctions, elle a été auditeur externe pour l’ONU de 2001 à 2006 en Irak, à New York et à Genève. De la même manière, elle a été nommée en 2007 rapporteuse de la Commission de déontologie de la fonction publique.
Son implication en politique démarre en 2002 quand elle rejoint l’équipe de campagne de Lionel Jospin, sous l’autorité de Pierre Moscovici, dans l’équipe des plumes. Ségolène Royal lui confie en 2007 la cellule chargée des relations avec la presse spécialisée. Et elle devient responsable du pôle Société et Économie numériques lors de la campagne présidentielle de François Hollande. (Source : Wikipédia)
Sa vision du numérique
Dans une interview accordée à Challenges en février dernier, elle aborde le contenu du programme numérique de François Hollande. Elle s’estime opposée à la vision d’Internet des années Sarkozy, à l’idée de « systèmes de filtrage et de surveillance généralisée ». Elle fixe comme priorité le déploiement du très haut débit.
3 questions à Fleur Pellerin par mjstv
Les principaux chantiers
PME : les chantiers de la ministre sont nombreux. Fortement réclamée par les chefs d’entreprises, la simplification administrative et réglementaire a déjà été lancée mais elle n’est pas encore réellement opérationnelle. Promise par le candidat Hollande, la réduction à 30 jours des délais de paiement, contre 60 aujourd’hui, sera également une mission à mener rapidement, tout comme la mise en place de la médiation des marchés publics, également souhaitée par l’Elysée.
En collaboration avec le tout nouveau ministre délégué au Budget, Jérome Cahuzac, Fleur Pellerin devra également mener la modulation de l’impôt sur les sociétés (IS) qui, selon les calculs du Parti socialiste, permettrait d’alléger la charge fiscale des PME de 3 milliards d’euros par an. Cette collaboration interministérielle devrait se prolonger sur les dossiers de la banque publique d’investissement, du livret d’épargne industrie, du contrat de générations entre les jeunes et les seniors. Ses relations avec Marylise Lebranchu, ministre chargée de la Réforme de l’Etat, de la décentralisation et de la fonction publique, devront également être étroites, le président de la République ayant d’ores et déjà annoncé que le pouvoir économique des régions serait nettement renforcé.
Innovation : Fleur Pellerin devrait se pencher dans un premier temps sur une nouvelle réforme du crédit impôt recherche (CIR). Allégé et simplifié en 2007, celui-ci devrait être recentré sur les PME. Des économies seraient-elles retirées de cette modification du dispositif ? Ce serait heureux car François Hollande voit d’un œil bienveillant la création d’un crédit impôt innovation qui intégrerait un certain nombre de dépenses qui ne sont pas aujourd’hui éligibles au CIR. C’est le cas notamment des dépenses réalisées dans le cadre du prototypage.
Restera à convaincre Jérome Cahuzac du bien fondé de cette mesure dans un contexte budgétaire délicat. Le coût du crédit d’impôt innovation est estimé à deux milliards d’euros par an selon Bercy. La restauration du statut de jeune entreprise innovante (JEI), fortement raboté sur l’autel de l’austérité, est également prévue.
Numérique : François Hollande a fait de la formation l’un des principaux vecteurs pour résoudre la « grave pénurie de développeurs » qui pénalisent le secteur. Autre axe destiné à donner un coup de pouce à un secteur considéré comme fortement créateur d’emplois : la modernisation de l’Etat. Le nouveau Président de la République a aussi promis la création d’un « habeas corpus numérique », qui garantisse les droits et les libertés numériques de chacun. Le Conseil National du Numérique (CNNum), créé par Nicolas Sarkozy, devrait a minima évoluer, et s’ouvrir à d’autres acteurs comme les ayants-droits ou la société civile. (Source : La Tribune / 16 mai 2012)
En tant que ministre du « Redressement productif » de tutelle, Arnaud Montebourg aura son mot à dire sur le volet de la ré-industrialisation à l’ère numérique. Nous ne doutons donc pas d’une collaboration efficace entre ces deux fervents défenseurs de l’innovation. A suivre.
Blog de Fleur Pellerin : http://fleurpellerin.fr/about/
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