La Suisse, la Suède et Singapour sont en tête du classement de l’indice mondial de l’innovation 2012.
L’indice mondial 2012 de l’innovation (GII), publié par INSEAD eLab, centre de recherche de l’INSEAD, l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI), Booz & Company, Alcatel-Lucent et la Confédération de l’industrie indienne (CII), aborde le renforcement des liens dans le processus d’innovation. Ce rapport donne le classement de 141 économies tant sous l’angle des capacités d’innovation que de performance et de résultats.
Quels sont les atouts de la Suisse ?
La Suisse doit cette place à des collaborateurs hautement qualifiés et à des prestations exceptionnelles dans les domaines de la recherche, de l’innovation technologique et de la propriété intellectuelle. Les PME suisses sont les plus innovantes du monde. L’atout de la Suisse est le nombre élevé de ses petites et moyennes entreprises qui réussissent à s’imposer sur les marchés internationaux avec leurs produits et leurs processus de fabrication innovants. Autre point : la génération de nouveaux savoirs, qui se mesure au nombre de brevets, de marques et de designs protégés à travers l’Europe (par rapport au nombre d’habitants). En 2011, presque 10 000 requêtes ont été envoyées à l’Institut fédéral de la propriété intellectuelle (IPI) et de l’Office européen des brevets. A la fin de l’année, plus de 90 000 brevets étaient en vigueur, tandis que plus de 41000nouveaux brevets prenaient effet dans le pays.
Comment expliquer une telle inventivité? «Comme la Suisse ne dispose que de très peu de matières premières, elle s’est spécialisée dans leur raffinage en des produits sophistiqués, ce qui nécessite une capacité d’innovation élevée et soutenue», explique Theodor Nyfeler, adjoint du chef de la section des brevets à l’IPI. Mais encore: «Le système politique stable, l’économie libérale et le système juridique efficace comprenant la protection de la propriété intellectuelle, encouragent les entreprises et les particuliers à se montrer innovants.»
Malgré la crise, les performances de la Suisse sont restées relativement stables, en comparaison des Etats-Unis (classés premier en 2008) qui ont été particulièrement affaiblis par la crise économique.
La Suisse doit sa première place en grande partie à sa capacaité d’innovation : les dépenses par habitant en Recherche et Développements sont parmi les plus élevées au monde, les institutions de recherche scientifiques sont parmi les meilleures, mais surtout c’est le lien entre la recherche et le monde de l’entreprise qui fait sa force : les liens sont étroits, ce qui permet de transformer rapidement le fruit de la recherche en produits ou processus.
La culture des affaires en Suisse est positionnée au 3ème rang du classement, ce qui en fait une des plus sophisitiquée et des plus efficaces.
Les institutions publiques sont parmi les plus efficaces et les plus transparentes (7ème rang au niveau mondial selon le classement du World Economic Forum).
En termes d’infrastructures (transports , énergie et communication), le pays est en 5ème position, alors que le marché du travail est positionné en 2ème position, juste derrière Singapour (la Suisse est un des pays d’Europe qui possède le taux de chômage le plus bas).
Le reste du monde
Au plan mondial, une nouvelle dynamique se fait jour en matière d’innovation, indépendamment des profonds écarts qui subsistent entre les régions. Les pays à revenus élevés devancent largement les pays dont les revenus par habitant sont plus faibles et ce sur l’ensemble des indicateurs. L’indice mondial de l’innovation (GII) confirme le lien qui existe entre le niveau de PIB des Etats et leur progression au classement.
L’apparition de nouveaux pays innovants issus de tous les continents conforte cette dynamique et montre que différentes régions du monde ont conçu leurs propres modèles d’innovation. Les pays qui figurent aux vingt premières places du classement illustrent ce phénomène : la Chine, le Viet Nam, la Lettonie, la Malaisie, le Monténégro, la Serbie, la Jordanie, l’Ukraine, l’Inde, la Mongolie, l’Arménie, la Géorgie, Namibie, le Swaziland, le Paraguay, le Ghana, le Sénégal et les pays à faible PIB tels que le Kenya et le Zimbabwe.
Par ailleurs, des écarts importants existent entre les différentes géographies, notamment si l’on compare la performance des pays à revenu élevé avec ceux d’autres régions, comme l’Afrique, une grande partie de l’Asie ou l’Amérique latine.
En se fondant sur une comparaison entre les scores globaux du GII et le PIB par habitant, trois catégories de pays ont été établies.
Les « chefs de file de l’innovation » regroupe les pays à revenus élevés qui sont parvenus à créer de véritables « écosystèmes d’innovation » qui concourent à renforcer le capital humain et la mise en place d’infrastructures d’innovation féconde et stable qui favorise les connaissances, la technologie et la créativité.
.Cette catégorie comprend notamment les 10 pays les mieux classés : la Suisse, la Suède, Singapour,la Finlande, le Royaume Uni, les Pays Bas, le Danemark, Hong Kong, l’Irlande et les États Unis d’Amérique, auxquels viennent s’ajouter la France, le Luxembourg, le Canada, la Nouvelle Zélande, l’Allemagne, Malte, Israël, l’Estonie, la Belgique, la République de Corée, le Japon, la Slovénie, la République tchèque et la Hongrie.
Les « apprentis » sont les économies à PIB moyen qui enregistrent des résultats en hausse en matière d’innovation grâce à l’amélioration de leur cadre institutionnel, à une main d’œuvre mieux qualifiée et formée, à une infrastructure de meilleure qualité, et à un environnement commercial plus performant, même si les progrès réalisés dans ces domaines ne sont pas homogènes à tous les niveaux. Ce groupe comprend notamment la Chine, l’Inde, le Viet Nam, la Malaisie, le Paraguay, la Lettonie, le Monténégro, la Serbie, la Jordanie, l’Ukraine, la Mongolie, l’Arménie, la Géorgie, la Namibie, le Swaziland, le Ghana et le Sénégal. Parmi les pays à faibles revenus figurent le Kenya et le Zimbabwe.
Les « mauvais élèves » sont les pays dotés d’un réel potentiel d’innovation si l’on considère leurs niveaux de revenus, mais dont la politique R&D présente des faiblesses. Cette catégorie comprend aussi bien des économies à revenus élevés, comme les Emirats arabes unis, le Qatar, Oman, Brunei, le Koweït ou encore la Grèce, que des pays à revenus moyens comme l’Argentine, le Mexique, le Venezuela Panama, l’Iran, le Botswana, le Gabon, l’Algérie, l’Angola, le Yémen ou le Soudan.
Autres conclusions de l’étude
● Investir dans l’innovation en temps de crise est primordial. L’innovation est un élément essentiel pour assurer une croissance durable et la prospérité future. Sur fond d’incertitudes liées à la crise économique, de nombreuses grandes sociétés multinationales ont préféré accumuler des liquidités plutôt que de les investir dans la R&D. Les politiques en faveur de l’innovation jouent un rôle primordial dans le débat sur la relance de la croissance et ne doivent pas être abandonnées, puis reprises lorsque les économies se redressent.
● Les discussions de politique générale en Europe doivent comporter un volet consacré à l’innovation. On constate l’apparition d’une Europe à plusieurs vitesses, ce qui crée une fracture entre les chefs de file de l’innovation : l’Europe du Nord et de l’Ouest, les pays baltes et d’Europe de l’Est qui progressent dans le classement ; et l’Europe méridionale qui enregistre de moins bons résultats.
● Il est indispensable de créer un véritable « écosystème de l’innovation ». En effet, les nations les plus innovantes comme les pays scandinaves ont bâti leur succès sur un renforcement des liens entre les différents acteurs de l’innovation, notamment dans le domaine des sciences, de l’enseignement supérieur, des organismes publics et du secteur privé. A l’inverse, si de nombreuses économies (noms) à fort revenu ont considérablement investi dans le capital humain ces dernières années mais n’ont pas encore récolté les fruits de ces initiatives en termes d’innovation, c’est essentiellement en raison d’un manque de coordination entre les différents acteurs.
● L’Amérique du Nord doit s’employer à remédier à ce qui pourrait devenir une faiblesse chronique. Si les États Unis d’Amérique continuent d’obtenir d’excellents résultats en matière d’innovation et restent leader à nombreux égards, on voit néanmoins apparaître des lacunes dans des domaines tels que l’enseignement ou les ressources humaines qui affectent les résultats de l’innovation et expliquent leur baisse dans le classement. Par ailleurs, le Canada est le seul pays à ne plus figurer au classement des 10 pays les plus innovants cette année, ce qui reflète un affaiblissement de ses capacités d’innovation et des principaux résultats obtenus.
● Les BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) se caractérisent par des difficultés institutionnelles et de gouvernance et doivent renouveler leurs vecteurs d’innovation s’ils veulent pouvoir exploiter pleinement leur potentiel. Parmi ce dernier groupe, le Brésil a enregistré cette année le plus net recul au palmarès du GII.
● En complément du classement global, l’indice mondial de l’efficacité de l’innovation montre quels pays parviennent le mieux à transformer les moyens dont ils disposent en résultats concrets. Selon cet indice, la Chine et l’Inde sont en tête du classement des 10 premiers pays et font preuve d’une grande capacité à transformer leurs niches d’excellence en résultats concrets.
● Dans chacune des régions, les pays les plus innovants sont : la Suisse pour l’Europe, les États Unis pour l’Amérique du Nord, Singapour pour l’Asie du Sud-Est, Israël pour l’Afrique du Nord et l’Asie occidentale, le Chili pour l’Amérique latine, l’Inde pour l’Asie centrale et du Sud. Le Kenya occupe la première place au sein des économies à faibles revenus.
(Source : INSEAD, Booz & Company, Le World Intellectual Property Organization, Alcatel et la Conférération of Indian Industries.)
Pour en savoir plus :
Quelques innovations suisses : http://www.migrosmagazine.ch/societe/reportage/article/les-suisses-pros-de-l-innovation
{jacomment on}