Chaque mois, MINES ParisTech vous propose de découvrir un docteur et son parcours en lien avec l’Ecole ou ses centres de recherche. Aujourd’hui, rencontre avec Kevin Levillain, docteur et actuellement post-doctorant dans le cadre de la Chaire Théorie et Méthodes de la Conception Innovante.
Jeune chercheur, Kevin Levillain a soutenu, en 2015, une thèse consacrée aux « Entreprises à mission : formes, modèle et implications d’un engagement collectif ».
Il participe désormais à la conception d’un nouveau statut pour l’entreprise du XXIe siècle : « la société à objet social étendu ».
Ses travaux viennent d’être cités dans un rapport publié par le ministère des Affaires étrangères et du Développement international : « Innover ensemble, stratégie de promotion des nouveaux modèles de l’économie sociale et inclusive à l’international »
Kevin Levillain intègre MINES ParisTech en 2007. Pendant sa 2ème année d’élève ingénieur, il réalise un stage chez Thales Innovation Group. « Une belle expérience qui a provoqué mes premières réflexions sur la définition des processus d’innovation » analyse-t-il. « En 3ème année, j’ai choisi une option consacrée aux méthodes de conception innovante, appliquées aux différentes formes d’organisation. Rétrospectivement, je sais que l’envie de poursuivre vers la thèse est apparue à ce moment-là ». Kevin Levillain prend contact avec le Centre de Gestion Scientifique MINES ParisTech. « Mes échanges avec les chercheurs ont été encourageants et j’ai compris que cette thèse ne me fermerait aucune porte, que ce soit vers l’entreprise ou le monde académique ». Kevin Levillain soutient brillamment en avril 2015.
Kevin Levillain est aujourd’hui en contrat post doctoral, financé par la Chaire Théorie et Méthodes de la Conception Innovante. Il s’intéresse aux « entreprises à objet social étendu » : des entreprises qui se fixent d’autres objectifs (sociaux, environnementaux, ou de l’ordre du progrès scientifique et technologique) que la stricte rentabilité. Ces objectifs sont inscrits dans les statuts de l’entreprise et de nouvelles formes juridiques apparaissent. « J’étudie de près le développement de cet écosystème aux Etats-Unis, sous les angles droit et gestion. Je participe aussi à la conception de cet écosystème en France car c’est un sujet très émergent. Parmi mes cas d’étude, la société rouennaise Nutriset, qui emploie environ 160 personnes. Elle conçoit et fabrique des produits nutritionnels destinés aux pays du sud. Elle a modifié ses statuts en élargissant son objet et en y inscrivant neuf engagements répondant à des critères qui ne sont pas seulement économiques : apporter des propositions efficaces aux problématiques de nutrition, honorer les besoins des acteurs de l’écosystème, conduire des stratégies pionnières ,… »
Pour Kevin Levillain, il faut avant tout se départir de préjugés à propos du travail de thèse et du travail de recherche. « Durant trois ans, un doctorant traite de sujets variés et peut accomplir différentes tâches en plus de sa recherche : organisation d’évènements académiques, enseignement, interactions avec les acteurs de la société civile, rencontre avec les industriels,… La recherche n’est pas que celle du doctorant : tout le labo est derrière vous ! ».
Comment choisir son sujet ? « Je conseille de discuter du sujet qui vous intéresse avec différents chercheurs, et donc différents laboratoires, et enfin de le co-écrire avec le futur directeur de thèse qui est à même de déceler le potentiel de nouveauté et l’intérêt théorique et pratique parmi les orientations possibles. Et puis, et c’est une chance, il faut être prêt à des expériences inattendues. Il m’est arrivé d’être appelé à 9h pour présenter mes travaux à un sénateur à 15h. Cela fait partie des enjeux politiques de la recherche. J’ai aussi eu la chance de rencontrer une avocate d’un grand cabinet américain, spécialisée sur les nouvelles formes de société, qui a participé à l’élaboration d’une loi récemment adoptée par l’assemblée générale de Californie. »
Titulaire d’une « Tenure Track », Kevin Levillain souhaite aujourd’hui poursuivre la recherche telle qu’elle se mène au Centre de Gestion Scientifique, associant des questions théoriques de pointe à des questions plus empiriques au plus près d’entreprises variées, comme Nutriset, AXA ou La Camif.
Et demain ? « Je viens de recevoir une réponse positive de l’Agence Nationale de la Recherche pour structurer un tissu académique autour de ces questions, avec des chercheurs de Grande Bretagne, des Etats-Unis, du Canada et d’ailleurs… »
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