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Le coût du renoncement
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Le coût du renoncement

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Dans cette tribune libre à UP’ Magazine, le professeur Jean-François Toussaint revient sur la gouvernance de l’épidémie de Covid-19 et la met en perspective à la lumière des risques  actuels qui pèsent sur la démocratie.


« Sur la base d’arguments scientifiques », la Haute Autorité de Santé a rendu le 30 mars son avis sur les obligations et recommandations vaccinales des professionnels de santé. On y découvre que la seule obligation pour ces professions, parmi les plus exposées au risque infectieux, concerne la vaccination contre l’hépatite B.

La vaccination contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite y sont recommandées. De même que la vaccination contre le Covid pour laquelle la HAS « préconise » qu’elle ne soit plus que « fortement recommandée » y compris pour « les professions en contacts réguliers avec des personnes immunodéprimées ou vulnérables ». Même pour ces situations à très haut risque de part et d’autre, l’autorité n’en retient plus le caractère obligatoire.

Que retenir de cet avis ?

Que la vaccination contre le Covid, en vie réelle, ne confirme plus les bénéfices des premières études (publiées à partir du 7 décembre 2020) ;

Que les garanties conférées au quotidien par les vaccins développés contre le Sars-CoV-2 sont inférieures à celles qu’on peut attendre d’une vaccination contre l’hépatite B.

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Hubris

Les résultats des premières études vaccinales avaient emporté les autorités sanitaires (dont les décisions sont pourtant fondées sur les analyses de comités, commissions et conseils « scientifiques » (quand ils ne sont pas cooptés), bardés des méthodologies règlementaires « optimales ») dans une hubris qui alla jusqu’à conférer au passeport sanitaire ou vaccinal un caractère quasi sacré, ouvrant ou fermant l’accès à toute vie sociale, alors que les options fondées sur une décision individuelle de se vacciner, d’en respecter le choix et de protéger les plus à risque étaient non seulement envisageables mais même largement discutées.

Deux semaines avant cet avis, Michael Ryan, chef des programmes d’urgence de l’OMS, affirmait par ailleurs : « Nous arrivons au point où nous pouvons considérer le Covid-19 de la même manière que nous considérons la grippe » permettant à Tedros Ghebreyesus, directeur de l’OMS, de déclarer que le Covid-19 serait, sans doute dès cette année, une maladie qui pourra être « prévenue et traitée » comme peut l’être « la grippe saisonnière« .

Un mois avant, le Lancet montrait enfin que la meilleure protection face à l’infection virale était … une infection virale, surtout avec les premiers variants, et de manière bien plus durable que celle apportée par la vaccination … ce que les publications israéliennes de l’été 2021  et le comité des vaccinations anglais à la fin de l’année dernière  avaient déjà laissé entendre.

La boucle est bouclée. En trois mois nous avons donc réappris ce que nous savions mais que nous n’osions croire [1] : le Covid-19 peut être considéré comme une grippe saisonnière ; l’immunité naturelle est supérieure à l’immunité vaccinale ; le rapport bénéfice/risque de la vaccination reste à établir pour chaque classe d’âge mais les autorités françaises en abandonnent le principe pour les professions les plus à risque… Quel changement !

Même en se hissant du col, n’est pas Churchill qui veut

Que reste-t-il alors de cette maladie que le directeur général de la santé comparait pourtant à la peste noire ? Que retenir de ces éléments qui, l’un après l’autre, dessinent un paysage fort différent de celui qu’on nous dépeignait en 2020 ?

Au fil des témoignages et des bilans, se précise peu à peu la trame des événements. « Ici et ailleurs » de Florence Aubenas [2] éclaire la façon dont s’installe, de 2017 à 2020, la suite logique qui mène de la violence sécuritaire, comme principale réponse aux angoisses existentielles des ronds-points, à la séquence ubuesque de l’enfermement national. La panique saisit un pouvoir exécutif trop jeune, trop étroit et trop vite apeuré, dédaignant un législatif sommé de s’en tenir aux éléments de langage prémâchés, sans capacité d’adaptation, délaissé par les anciens préférant cultiver l’enracinement dans leurs féodalités territoriales plutôt que participer à l’effondrement du pouvoir central [3].

L’ex-ministre de la Santé incarne, jusqu’à la farce, cette continuité autant que le refus de comprendre le monde tel qu’il s’inverse à présent. De confinements survendus en refus de démocratie, cet homme nous solde désormais ses vessies et lanternes, tentant même d’imputer la sécheresse hivernale [4] aux opposants à la réforme des retraites … ? [5] Petit à petit se révèle la vraie nature de ce moulin à parole, sentinelle du mensonge [6] : un arrivisme cynique [7], usuel et classique, qui n’aura fait à son tour que se servir des circonstances pour tenter de faire croire à quelque hauteur de vue.

Même en se hissant du col, n’est pas Churchill qui veut.

« Nous revoilà fragiles »

« Il n’y a peut-être rien dans notre histoire de si éphémère que la confiance dans le pouvoir » dit Hannah Arendt dans sa Condition de l’homme moderne. Au niveau grotesque de violence actuel [8], on n’ose à peine imaginer ce que seront les options coercitives déployées lors des prochaines pandémies ou conflits sévères – les vrais – ni la réponse de la population une fois les erreurs confirmées. Alarmée par les uns, terrorisée par les autres, quelle confiance gardera-t-elle dans ces délégations qui ainsi nous gouvernent et, si peu, nous représentent ?

Les confinements, couvre-feux et « tours de vis » n’étaient-ils que la réponse différée aux foules qui avaient osé produire et soutenir les gilets jaunes ? Cet exécutif, comme bien d’autres, est aux abois. Mais, plus grave, la démocratie est en jachère et l’humanisme à l’abandon 14. Nous revoilà fragiles… (avant que d’être à vendre ? aurait ajouté Brel)

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Quelle leçon tirer, après trois ans d’errance, de mensonges non assumés (les masques : dangereux, inutiles ou obligatoires ?) et de refus d’une évaluation intègre des actes et décisions, alors qu’au-delà des si nombreux incompétents, certains politiques comprenaient les risques et la futilité de tout cela  ? Seule la Suède a pu s’épargner ce gâchis  et préserver un peu son fragile équilibre et son flegme.

Quelle conséquence à l’échelle planétaire ? La Chine mène la danse face à un occident déboussolé par ses errements. Par mimétisme, autant que paresse, nous avons cru pouvoir imposer des niveaux de contrainte que seul le gouvernement chinois avait adoptés avant nous. Dans la panique, nous avons perdu l’occasion d’observer, de comprendre et d’intégrer ces évolutions du monde et d’y tenir notre place, malgré la tempête.

Nous ne sommes décidément plus en capacité d’affronter les vagues.

L’Orient décide et le monde désormais s’aligne [9],[10].

Le renoncement se payera au prix fort.

Jean-François Toussaint, Professeur de Physiologie, Université de Paris


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