Par où commencer pour rendre hommage à un tel homme ?! Une vie exceptionnelle consacrée à l’affirmation de la dignité de l’homme, à sauver de l’impasse son pays enfermé pendant quarante ans dans l’apartheid,… : un homme devenu un mythe. Un mythe en totale cohérence entre l’homme incarcéré et l’homme engagé redevenu libre. L’incarnation d’une idée : l’égalité se gagne et ne se donne pas. Une « pépite » comme le distingue Nicolas Hulot, parmi ses adorateurs universels.
Etre brève, car des millions d’hommages vont résonner (raisonner ?) à travers le monde entier. Nelson Mandela est né libre ; libre de courir, de nager, de monter sur le dos des boeufs,… tant qu’il obéissait à son père et respectait les coutumes de sa tribu. Puis ses illusions sombrent en découvrant à Johannesburg, plus tard, qu’il ne pouvait pas choisir les libertés fondamentales et honorables de réaliser ses possibilités, de gagner sa vie, de fonder une famille, »la liberté de ne pas être entravé dans une vie injuste ».
Cette liberté réduite ne concernait pas que lui. Alors, il rejoint le Congrès national africain et sa faim de liberté personnelle est devenue faim de liberté pour son peuple.
Madiba préfère la réconciliation à la vendetta. Il apprend l’histoire des Afrikaners, leur langue, entend leurs revendications. En s’affirmant hostile à « la domination aussi bien blanche que noire » et en décrétant que l’Afrikaner est un Africain au même titre qu’un Noir, il se distingue de l’africanisme, en vogue à l’époque. Ses négociations avec Pieter Botha, considéré comme le fer de lance du régime ségrégationniste, sans le consentement et à l’insu de l’ANC en témoignent. Un humanisme doublé d’un pragmatisme politique auquel le microcosme carcéral l’aura exercé pendant ses 27 ans d’emprisonnement.
Condamné à la perpétuité en 1964, il est libéré par Frederik De Klerk en 1990. Tous deux recevront le prix Nobel de la paix en 1993.
Un géant parmi les Grands Hommes, d’une éternelle lucidité dans ce regard empli d’amour, de détermination calme : une incarnation du meilleur de la politique, dans le sens le plus noble du terme : « Je suis prêt à mourir pour mon peuple ». Rappelons qu’à une certaine époque, il était considéré comme terroriste ; aucun Etat ne le recevait…
Ses propres mots :
« C’est ce désir de liberté pour que mon peuple vive sa vie dans la dignité et la fierté qui a transformé un jeune homme effrayé en quelqu’un d’audacieux, qui a conduit cet avocat respectueux des lois à devenir un criminel, qui a transformé un mari aimant sa famille en errant, qui a obligé un homme amoureux de la vie à vivre en moine. Je n’ai pas plus de vertu ni d’abnégation qu’un autre, mais j’ai découvert que je ne pouvais pas profiter des pauvres libertés limitées qu’on m’autorisait, alors que je savais que mon peuple n’était pas libre. La liberté est indivisible ; les chaînes que portait un de mes compatriotes, tous les portaient, les chaînes que tous portaient, je les portais ». (©Long walk to freedom – 1995)
« Aucun de nous, en agissant seul, ne peut atteindre le succès ».