Comment mieux appréhender toute la confusion du monde qui nous entoure ? Pour répondre à cette question, les services de renseignement américains ont organisé entre 2011 et 2014 un « tournoi de la prévision » (The Good Judgment Project) qui a réuni plus de 20 000 participants issus d’horizons divers. Les résultats de cette immense compétition révèlent les bonnes pratiques et les aptitudes que chacun peut mobiliser pour naviguer plus intelligemment dans l’incertitude.
La prise de décisions implique inévitablement une phase de prévisions. Que vous travailliez au service RH, au développement commercial ou pour la fonction IT, l’aptitude à formuler des prévisions exactes est l’une des clés de décisions avisées. Et pourtant, l’exercice est incroyablement difficile, et même de plus en plus délicat dans un contexte de complexité et d’incertitude toujours plus marquées. Comment améliorer vos capacités de prévision ? Les auteurs de Superforcasting, Philip Tetlock et Dan Gardner, exposent les conclusions de l’étude qu’ils ont menée sur les vainqueurs d’une vaste compétition organisée entre 2011 et 2014 : un groupe qu’ils ont baptisé les « superforecasters » (super-prévisionnistes) en raison de l’incroyable exactitude de leurs projections. Pourquoi ces super-prévisionnistes se démarquent-ils des autres ? « La réponse n’est pas à chercher du côté de leur niveau d’études ou de leur accès à des informations sensibles. Ni du côté de leurs opinions – qu’ils soient plutôt de sensibilité libérale ou conservatrice, optimistes ou pessimistes, expliquent les auteurs. Le facteur déterminant réside dans leur manière de penser ».
ADOPTER UNE RÉFLEXION GUIDÉE PAR LES DONNÉES
L’étude révèle que le jugement des super-prévisionnistes est moins sensible aux biais cognitifs communs, en raison de leur aptitude à synthétiser un large éventail d’informations et de perspectives.
Inutile d’avoir la bosse des maths…
Le QI et le niveau d’éducation sont-ils déterminants pour faire de vous un bon prévisionniste ? « Si les super-prévisionnistes se situent bien au-dessus de la moyenne, ils n’affichent pas des capacités inouïes pour autant, et la plupart sont même bien loin d’entrer dans la catégorie de ceux que l’on appelle des génies, concept pour le moins délicat et souvent défini arbitrairement comme correspondant aux top 1 %, ou à un QI de 135 et plus, observent Philip Tetlock et Dan Gardner. Si l’intelligence et le bagage de connaissances aident, ils ne font que peu de différence au-delà d’un certain seuil ». L’aptitude à comprendre et à travailler avec les chiffres est davantage utile. « Les super-prévisionnistes sont des gens qui savent compter », concèdent les auteurs. Néanmoins, être mauvais en maths ne vous exclut pas forcément du clan : il est rare que les prévisions vous obligent à ingurgiter des chiffres. Par exemple, Philip Tetlock et Dan Gardner décrivent les super-prévisionnistes comme des raisonneurs bayésiens (du nom du théorème de Bayes qui permet d’actualiser les estimations d’une probabilité), mais notent toutefois que cela n’implique pas nécessairement d’être capable de résoudre une équation mathématique. Ce qui compte avant tout pour les super-prévisionnistes, ce n’est pas tant le théorème de Bayes que sa démarche de base : se rapprocher progressivement de la vérité en actualisant en permanence son raisonnement au regard des éléments probants.
… pour puiser dans une réflexion axée sur les données
Face à un problème, les super-prévisionnistes commencent par analyser la question pour en extraire les différentes composantes. Ensuite, ils cherchent à replacer la problématique dans un schéma plus large de phénomènes…
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