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Les troubles civils ont doublé en 10 ans dans le monde. La crise post-covid-19 ne va pas arranger les choses

Les troubles civils ont doublé en 10 ans dans le monde. La crise post-covid-19 ne va pas arranger les choses

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La quatorzième édition du rapport annuel sur l’Indice mondial de la paix, la principale mesure de la paix à l’échelle de la planète, révèle qu’en 2020, le niveau moyen de la paix mondiale s’est détérioré pour la neuvième fois en douze ans. Au total, 81 pays ont amélioré leur situation de paix dans le rapport 2020, tandis qu’elle s’est détériorée pour 80 pays. La montée des troubles civils apparaît comme le principal facteur de risque pour l’avenir, avec les émeutes, les grèves générales et les manifestations anti-gouvernementales qui ont déjà doublé depuis 2011. Cette année, la pandémie de Covid-19 pourrait souffler sur les braises en raison du ralentissement économique, qui devrait être le plus grave depuis la Seconde Guerre mondiale. 

Difficultés économiques, brutalité policière, instabilité politique : l’indice mondial de la paix reflète une forte progression des manifestations.  La pandémie de COVID-19 pourrait souffler sur les braises. « La crise économique provoquée par la pandémie actuelle va encore aggraver la situation et nous nous attendons à une augmentation des manifestations, en particulier en Europe », indique Steve Killelea, le fondateur de l’Institut pour l’économie et la paix (IEP), qui publie chaque année l’indice mondial de la paix.

Produit par l’Institut pour l’économie et la paix (IEP), un groupe de réflexion international, le rapport de l’IMP présente, en s’appuyant sur des données, l’analyse la plus complète à ce jour effectuée sur la paix, sa valeur économique, les tendances et la manière de développer des sociétés pacifiques. Le rapport couvre 99,7 % de la population mondiale et utilise 23 indicateurs qualitatifs et quantitatifs provenant de sources très respectées pour établir l’indice.

Une tendance clé identifiée dans le rapport de cette année porte sur le niveau croissant des troubles civils à travers le monde. Au moins 58 % des pays de l’IMP ont connu des manifestations violentes en 2019, notamment au Chili et à Hong Kong, alors que les citoyens protestaient contre toute une série de questions telles que l’inégalité économique, les violences policières, les dirigeants politiques et la hausse des prix des principales ressources. Cela reflète une tendance à plus long terme, avec des émeutes dans le monde entier qui ont augmenté de 282 % au cours de la dernière décennie, tandis que les grèves générales ont augmenté de 821 %. L’Europe a connu le plus grand nombre de manifestations, d’émeutes et de grèves, mais seulement 35 % du total approximatif de 1 600 ont été enregistrés comme violents ; le pourcentage le plus bas au monde. 

L’impact du COVID-19

Une étude spéciale menée par l’IEP montre que la pandémie de COVID-19 a un impact négatif sur la paix dans le monde entier, car il est attendu que les nations se focalisent de plus en plus sur leur capacité à maintenir la paix et la sécurité. Cela reflète le potentiel du virus à anéantir des années de développement socioéconomique, à exacerber les crises humanitaires et à aggraver et encourager les troubles et les conflits.  

L’IEP identifie l’impact économique des confinements comme une menace importante pour la paix. On s’attend à des réductions de l’aide internationale au fur et à mesure que les pays de l’OCDE verront leur économie se contracter, déstabilisant ainsi davantage les pays fragiles et touchés par les conflits, notamment le Liberia, l’Afghanistan et le Sud-Soudan. Les pays où les taux de solvabilité sont faibles, comme le Brésil, le Pakistan et l’Argentine, peuvent également avoir du mal à emprunter, rembourser leur dette et maintenir leur économie, ce qui augmente le risque d’instabilité politique, d’émeutes et de violence.

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« L’instabilité politique devrait croître en Europe, les émeutes et les grèves générales sont appelées à augmenter », relèvent les chercheurs. Selon eux, l’impact économique du confinement constitue une menace importante pour la paix.

Même les pays économiquement stables connaissent des perturbations majeures, car leurs dirigeants subissent une pression croissante sur leur réponse apportée à la pandémie, avec les États-Unis, l’Allemagne et la France faisant déjà l’objet de manifestations. On s’attend à une aggravation de l’instabilité politique en Europe, avec une augmentation des émeutes et des grèves générales.

« Il est probable que l’impact économique du COVID-19 amplifie les tensions en faisant grimper le chômage, en creusant les inégalités et en détériorant les conditions de travail. Cela se traduira par une aliénation des système politiques et une augmentation de l’agitation sociale. Nous nous trouvons donc à un moment critique », souligne Steve Killelea.

Le rapport indique que l’Italie, la Grèce, la Lettonie et la Pologne figurent parmi les pays les moins bien armés pour surmonter l’épreuve du COVID-19, en raison des défis économiques qu’ils doivent relever et de leurs faibles performances en matière de « résilience sociale ». À l’inverse, la Norvège, l’Australie et la Nouvelle-Zélande sont les mieux placées pour faire face à l’avenir.

Néanmoins, l’impact économique du virus pourrait être plus positif sur les guerres par factions interposées, car elles deviennent plus difficiles à financer dans un contexte de déclin économique et de chute des cours du pétrole. L’activité de l’Arabie saoudite au Yémen, l’intervention russe et turque en Syrie et l’appui de l’Iran aux milices, comme le Hezbollah, seront tous des exemples importants à ne pas perdre de vue au cours de l’année à venir. Au milieu de cette tourmente naissante, les tensions et les frictions entre les États-Unis et la Chine au sein d’organisations multilatérales telles que l’OMS, l’OMC et le Conseil de sécurité des Nations unies augmentent également.

Paix, militarisation et terrorisme

L’Islande demeure le pays le plus pacifique du monde, une position qu’il occupe depuis 2008, aux côtés de la Nouvelle-Zélande, de l’Autriche, du Portugal et du Danemark. L’Afghanistan reste quant à lui le pays le moins pacifique, suivi par la Syrie, l’Irak et le Sud-Soudan.

Malgré un recul général de la paix, plus de 100 pays ont réduit leurs dépenses militaires depuis 2008. Cependant, une poignée de grandes puissances ont réorganisé leurs dépenses, ce qui s’est traduit, en 2019, par la plus forte hausse de dépenses militaires mondiales en dix ans, selon la dernière enquête de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI).

Le rapport relève une augmentation significative du financement des opérations de maintien de la paix des Nations unies, mais cette amélioration des contributions risque d’être de courte durée car les gouvernements s’apprêtent à consacrer des fonds à la lutte contre la crise économique provoquée par la pandémie de COVID-19. Une diminution du soutien aux opérations de maintien de la paix des Nations unies rendra la consolidation de la paix plus difficile et pourrait se traduire par un retour aux guerres par procuration, stipule le rapport.

« En outre, les tensions entre les États-Unis et la Chine vont s’accroître en raison du ralentissement économique. Cela va altérer le bon fonctionnement du Conseil de sécurité de l’ONU [même] sur des sujets qui avaient fait l’objet d’un accord par le passé », note Steve Killelea.

Le climat joue aussi

Alors que le nombre de catastrophes naturelles a triplé au cours des quatre dernières décennies, le registre des menaces écologiques de l’IEP indique que 27 % des pays seront confrontés à un stress hydrique catastrophique et 22 % à l’insécurité alimentaire d’ici à 2050.

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« En raison de l’impact économique de la pandémie, nous nous attendons à ce que les problèmes de sécurité alimentaire dans les pays les plus fragiles ébranlent le système. Cela se traduira, dans certains endroits, par une augmentation de l’agitation sociale qui ira de pair avec des conflits », précise Steve Killelea.

Le rapport indique également qu’en 2019, on estimait à 2,26 milliards le nombre de personnes vivant dans des zones fortement ou très exposées aux risques climatiques, dont 1,24 milliard dans des pays à faible niveau de paix. D’ici 2050, le changement climatique devrait créer jusqu’à 143 millions de migrants dans le monde, en particulier en Afrique subsaharienne (86 millions), en Asie du Sud (40 millions) et en Amérique latine (17 millions).

Sources : IEP, Euractiv

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Membre
almahieu.es@gmail.com
3 années

Facebook a largement contribué à cette « pandémie » de manifestations, par la possibilité de publier tout et n’importe quoi, commenter surtout dans le négatif, etc ! Fausses informations, informations tronquées par tout un chacun, journalistes qui font de la politique sans en avoir l’air, mais, surtout, sans rien y connaître, multiplication de médias très à droite et très à gauche, et qui ont donc une vue et un point de vue très tronqué par leur sens politique au lieu d’être totalement neutre…! Etc.

Membre
sonia.auger19***
3 années

Superbe analyse bien sourcée, sérieuse , dans un esprit de synthèse. Mer i pour votre vrai travail de journalisme , d’ analyse et de neutralité

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