Regardez le monde
avec les yeux ouverts

Inscrit ou abonné ?
CONNEXION

UP', média libre
grâce à ses lecteurs
Je rejoins

rejoignez gratuitement le cercle des lecteurs de UP’

made in France

Acheter français, mais comment ?

Commencez
Acheter français ! S’agit-il d’un déni de la réalité, tandis que la situation actuelle exige que nous fassions preuve d’énergie et prenions en compte le sens de l’histoire qui va vers la libre circulation des marchandises ? Ou, comme l’explique la philosophe et psychanalyste Cynthia Fleury, auteure de » La Fin du courage » qui ne voit pas, elle, dans l’incitation à la consommation nationale, un fantasme irréalisable, mais plutôt la fin d’un comportement schizophrénique opposant nos identités de travailleurs – craignant pour leur activité – et de consommateurs – achetant au meilleur prix ?
La mondialisation est-elle un facteur d’enrichissemenent pour tous ? Ou une nouvelle forme déguisée d’esclavagisme ? 

 
Actuellement, en France, il est presque impossible de savoir où les produits ont été conçus et fabriqués…Le marquage est peu clair. On a cru un certain temps que les produits techniques pourraient rester français… Pour les vêtements et les sous-vêtements, les soutiens gorges, notamment, qui sont des produits assez techniques ont résisté aux délocalisations. On a cru qu’une marque française, comme Lejaby qui se positionnait dans le haut de gamme, pourrait continuer à fabriquer en France. L’entreprise vient d’être reprise pour que la fabrication reste en France ; elle est fragile, souhaitons que le nouveau PDG réussisse, mais on ne fabrique dès à présent plus que 4% des soutiens gorges que les françaises portent. De plus, outre le luxe et les produits de santé, tous les biens de consommation courante sont, actuellement, de plus en plus fabriqués à l’étranger, soit sous leur marque d’origine qui reste exploitée mais ne signifie plus rien, soit en contrefaçon. 
On peut citer comme exemple de produits qui ne sont presque plus fabriqués en France : le prêt-à-porter, les outillages, les jouets, l’électroménager (à part SEB), les téléviseurs, les ampoules, les téléphones portables et même certains produits alimentaires. Plus de 7 millions de produits sont interceptés et détruits tous les ans, et ce nombre augmente. Cela tendrait à prouver que la France n’est pas assez dissuasive pour les contrefacteurs.
Arnaud Montebourg (PS) communiquait pour nous faire acheter français. Les allemands dans leur grande majorité, le font naturellement, par patriotisme et ils sont fiers de la qualité allemande, même si le scandale WV va sérieusement écorner la réputation de qualité des produits allemands et prépare une belle crise de l’industrie allemande. Nous serions peut-être prêts à acheter français, mais pour cela, il faudrait renseigner les consommateurs en indiquant en clair la provenance des produits et le pourcentage fabriqué en France. Car la mondialisation a entraîné des délocalisations partielles, avec une partie des produits fabriqués à l’étranger et une partie par exemple le montage et les finitions fabriquées en France…Est ce encore un produit français ?
Les délocalisations des fabrications se sont généralisées au point que si le gouvernement tentait de relancer l’économie par la consommation, il accroîtrait surtout le déficit commercial de la France. A part pour certains produits agro-alimentaires, dans presque tous les domaines de notre consommation, il faut bien chercher pour trouver un produit français. 

Les produits français, souvent, n’existent plus

Si on demandait à un français dans sa cuisine, de jeter tout ce qui n’a pas été fabriqué en France, on retrouverait ce pauvre homme à poil, dans une cuisine presque vide, avec peut-être la moitié du mobilier (Cuisine Schmidt, Mobalpa et Arthur Bonnet sont encore français), avec quelques appareils ménagers (Seb est encore français), quelques légumes sur la table, de la viande de bœuf, de plus en plus de poulets sont chinois, pas de moutarde Amora (les graines de moutarde sont pour la plupart cultivées au Canada et en Roumanie, l’usine des sites historique de Dijon et d’Appoigny, ont été délocalisées par Unilever en Espagne et en République tchèque).
Cet homme n’aurait pas d’assiette, ni de couverts (la porcelaine de Limoges est sinistrée et de plus en plus de couverts inox sont fabriqués en Chine). Peut-être pourra-t-il conserver son Laguiole à la main et encore, seulement s’il n’a pas acheté, sans le savoir, un Laguiole pas vraiment de l’Aubrac.  Laguiole est une appellation de terroir qui ne protège pas vraiment des contrefaçons chinoises et pakistanaises, et certains établissements aveyronnais ne jouent pas le jeu du local en important et en faisant prendre « l’air de laguiole » aux produits. Seule la forge de Laguiole, et quelques rares artisans façonnent encore à la main ces couteaux magnifiques.
 
On touche du doigt, par cet exemple, que tous ces produits délocalisés pour « faire » plus de marge, en les vendant presque aux mêmes prix que s’ils étaient fabriqués en France et en bénéficiant de l’image de qualité des produits français, ont enrichi des importateurs mais ont fait progressivement perdre à la France de nombreux emplois de production…
Pour comprendre les marges que réalisaient les multinationales du textile sur notre dos de consommateurs de pays développés, je me suis habillé de pied en cap dans un supermarché de Hô-Chi-Minh-Ville (Saïgon) il y a deux ans.
J’ai payé 20 euros pour un pantalon très bien coupé en coton léger pour l’été, une chemise à manches courtes de bonne qualité, traitée pour ne pas se repasser, un slip, des chaussettes, un teeshirt…et pourtant le supermarché faisait sans doute une marge normale… Je pense qu’en France j’aurais payé 200 euros pour les mêmes vêtements… La marge des marques françaises est de 10 minimum !
Il ne faut pas oublier que, ce qu’on appelle le prix de marché n’est jamais le prix de revient, mais est toujours le prix que le consommateur est prêt à payer, pour le produit. 
On comprend par rapport au prix de revient à la sortie du Vietnam que les multinationales profitent davantage de la mondialisation que les consommateurs. 
Benjamin Carle, journaliste, a écrit un livre, après une expérience réussie de consommation de produits français pendant un an… Bien sûr, il a eu d’énormes difficultés, il aurait peut-être eu moins de problèmes s’il avait décidé d’aller passer un an chez les Pygmées… Il a réussit tant bien que mal, mais quelle leçon ! 
La plupart des produits achetés par les consommateurs français sont, sans que nous en ayons forcément conscience, importés.
Les vagues de délocalisations que nous avons subies empêchent aujourd’hui nos gouvernements de relancer l’économie par la consommation, la balance commerciale serait en déficit encore davantage ! 

0 Commentaires
Retour d'information sur Inline
Voir tous les commentaires
Economie collaborative et droit
Article précédent

L’économie collaborative peut-elle faire bon ménage avec le droit ?

Culture du coton en Afrique
Prochain article

Ces Africains ne veulent plus qu'on leur parle d'OGM

Derniers articles de ECONOMIE

REJOIGNEZ

LE CERCLE DE CEUX QUI VEULENT COMPRENDRE NOTRE EPOQUE DE TRANSITION, REGARDER LE MONDE AVEC LES YEUX OUVERTS. ET AGIR.
logo-UP-menu150

Déjà inscrit ? Je me connecte

Inscrivez-vous et lisez trois articles gratuitement. Recevez aussi notre newsletter pour être informé des dernières infos publiées.

→ Inscrivez-vous gratuitement pour poursuivre votre lecture.

REJOIGNEZ

LE CERCLE DE CEUX QUI VEULENT COMPRENDRE NOTRE EPOQUE DE TRANSITION, REGARDER LE MONDE AVEC LES YEUX OUVERTS ET AGIR

Vous avez bénéficié de 3 articles gratuits pour découvrir UP’.

Profitez d'un accès illimité à nos contenus !

A partir de 1.70 € par semaine seulement.
Partagez
Tweetez
Partagez
WhatsApp
Email