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Ni science ni conscience sans métalangage

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Ce 11 septembre 2012, Axel Kahn a donné à l’école supérieure de commerce de Nantes, AUDENCIA, une conférence sur la relation entre sciences et éthique aux étudiants nantais.

Les étudiants invitants avaient si bien préparé cette conférence que dans leur introduction, comme dans les questions, ils se sont trouvé au-delà de ce que le professeur généticien engagé attendait d’eux, pour le plus grand bonheur de celui-ci.

Extrait de la fresque de Raphaël « Conciliation Platon et Aristote, le Timée et l’Ethique ».

kahnPour le médecin généticien humaniste, « la vie n’est pas un objet ». Axel Kahn a commencé par évoquer le 11septembre 2001, rappelant que les dix-neuf jeunes qui avaient « réussi » l’attentat l’avaient préparé, étaient issus des grandes universités européennes. Si le savoir les avait conduits à prendre leur destin en main et celui de l’humanité, leur utopie n’était pas plus éthique ou plus humaniste. Depuis le meilleur des mondes d‘Aldous Huxley, la bissociation du progrès et de l’humanisme mène à la question : comment éviter la réalisation des utopies, ou peut- on revenir à une société non utopique ?

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De la première guerre mondiale jusqu’à 2001, le vingtième siècle sur le plan du progrès technique avance presque sans limite et l’humanisme semble reculer pendant cette avancée.

« Ce qui a manqué au vingtième siècle, c’est la finalité »

Axel Kahn situe la naissance de la science en Mésopotamie il y a 5000 ans, les tablettes d’argile d’UR témoignant de l’enseignement d’équations du second degré à deux inconnues. Puis il situe la naissance de la conscience sous l’antiquité grecque par l’invention du logos grec, premier métalangage scientifique.

Socrate pensait, comme plus tard Victor Hugo, que seule l’ignorance peut conduire au mal, mais Protagoras pense la fin de l’humanité possible par la science sans la sagesse et la prudence, première émergence de la notion de conscience. La civilisation grecque prend fin lorsqu’elle commence à penser qu’il n’y a pas de progrès, parce qu’elle a atteint la perfection. La science connaît de nouvelles avancées chaque fois qu’une communauté humaine pense un progrès possible.

A partir du dix septième siècle, la science conduit à la puissance. Cette pensée trouvera sa fin dans les horreurs du vingtième siècle. Puis Axel Kahn évoque la relation entre la science et l’innovation en citant Schumpeter : surmonter les crises par la destruction créatrice. Pour le médecin humaniste, la finalité de l’innovation est l’augmentation de la prospérité et de la puissance.

L’élément qui manque dans le progrès au vingtième siècle est selon Axel Kahn la finalité. En ce sens, il se définit comme un progressiste volontariste, c’est-à-dire celui qui pense « l’expertise » et l’ordonne à une finalité.

La pensée écologique relève t-elle de l’éthique ?

L’intervention sur le végétal par exemple relève de la sécurité, et pour qu’il y ait éthique il faut que la finalité de l’homme soit pensée en interaction avec l’environnement :

« L’intégrité de la nature, l’écologie profonde, la nature non violée est terrible pour l’ homme.»

La création d un homme transformé est-elle éthique ?

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Axel Kahn énonce alors le Bien comme la valeur irréductible de l’autre et le Mal comme la mise en cause de l’autre. Le transhumanisme qui pour palier des inégalités de nature crée de nouveaux lignages, crée de nouvelles inégalités, donc est immoral . La science est insuffisante car les mœurs ont devancé la science dans l’inégalité …

Ainsi, le pouvoir sur l’enfant à naître est immoral, les contrats de mères porteuses sont immoraux.

L’homoparentalité rétablit une égalité en droit à la parentalité mais la question de la préséance du droit de l’enfant sur le droit de l’adulte se pose.

L’instant émotionnel de la communication d’Axel Kahn, se situe dans la description de l’homme voyant l’évolution de son corps ; il parle alors de désenchantement et en appelle à une morale du meilleur confort ou pensée du moindre mal.

Paul Valéry s’écriait dans le Cimetière Marin : « Beau ciel, vrai ciel, regarde moi qui change ».

La réception de la conférence d’Axel Kahn par deux frères étudiants

L’un est en triple cursus ingénieur Centrale, Navale et histoire, et l’autre en triple cursus philosophie musicologie et direction de chœur.

Voici leur réception :

L’élève ingénieur centralien a été interpellé par le récit du savant allemand, Fritz Haber , inventeur de la guerre chimique et de sa tragédie familiale, le suicide de son épouse et de son fils , premiers « Anders Denkenden » d’une dérive de la science européenne qui mènera jusqu’aux sciences nazies . Le centralien pense qu’en tant qu’ingénieur, il pourra et il sera confronté à des choix éthiques.

Le philosophe musicien est déçu dans son attente, il connaissait déjà le contenu de l’introduction générale d’Axel Kahn, même s’il partage la pensée du professeur, ce qu’il attendait, c’était des études de cas d’humanismes dans le progrès contemporain aujourd’hui. Car c’est trop facile d’analyser le passé, l’histoire a rendu son évidence, ce qui est difficile, c’est le choix éthique dans le présent. Pour sa génération, l’IVG et l’homoparentalité c’est déjà le passé.

Puis le débat entre les deux frères se conclut sur Kant, comment la nation de Kant a t elle pu générer des Fritz Haber et sciences nazies ? L’idéalisme conduit-il nécessairement au pire sur le plan éthique ?

Quelles sont les innovations éthiques dans la pensée d’Axel Kahn ?

Les labels AK sont :

– le critère de réciprocité,

– l’autonomie, préférable à la dépendance,

– le tracé de l’asymptote éthique, somme des expertises,

– la réintroduction d’une finalité dans le débat scientifique.

Axel Kahn pense le choix éthique comme alternative entre « la finalité des autres » ou « la finalité de soi », Casanova ou Sade.

Dans la pensée d’Axel Kahn, la morale n’est ni universelle ni intemporelle, elle est évolutive. Il y a un progrès de la morale comme des sciences. Exemple l’IVG, l’homoparentalité, etcetera.

Ni science ni conscience sans métalangage

Après la tyrannie du Bien selon KANT, la relativité du Mal selon KAHN, lequel rassure le plus ?

Personnellement,  je pense que la civilisation d’UR avait développé un métalangage scientifique équivalent à une notion de conscience, car il n’y a pas d’abstraction sans métalangage, peut-être ce métalangage s’est développé en pensée synthétique ou parabolique, et l’apparition du logos grec serait l’émergence d’une conscience logico – déductive que l’on voit se déprendre de la pensée symbolique en direct du mythe de Prométhée cité par Axel Kahn. En sémiologie de l’image, l’on constate que la civilisation d’UR pratiquait une communication par l’image, utilisant la mise en abyme. Or, la mise en abyme est une figure méta systémique.

En sémanalyse du discours d’Axel Kahn, il ne peut y avoir de science sans progrès, la science est condamnée à croître ou à décroître.

L’erreur de la civilisation grecque selon Axel Kahn serait la vision idéale d’une vérité immobile selon Parménide, mais Héraclite justement a pensé le mobilisme. Les philosophes grecs ont pensé également le risque d’une science sans conscience, et s’ils s’étaient arrêtés précisément pour prévenir ce risque-là ? Le logos grec était capable de penser la fin de la science comme juste, même si c’est très foucaldien de le dire. « L’acte de parrhêsia » est l’éthique en acte.

Axel Khan constate que la science sans conscience mène à une fermeture du progrès par le chaos ou l’impasse ou le trou noir, jusqu’à ce que l’espérance d’une trouée vive revienne. Peut-être le métalangage se développe t-il précisément dans ce temps de latence ?

J’ai démontré en poétique du vingtième siècle que le métalangage, ou langage second, pouvait assumer un rôle d’embrayeur du langage premier poétique. L’éthique comme métalangage peut assumer ce rôle d’embrayeur d’un nouveau discours scientifique et c’est le rôle le plus gratifiant de l’éthique pour celui qui l’assume devant la Cité.

Donc la pérennité de la science, ou progrès de la science, nécessite la conscience ou métalangage de la science, comme le temps de l’étal entre le flux et le reflux.

Le progrès lui aussi nécessite son métalangage, et Axel Kahn propose la finalité comme métalangage du progrès.

Si la finalité a manqué à la science au vingtième siècle, Axel Kahn constate déjà que ce qui manquera au vingt-et-unième siècle sera un nouveau métalangage du progrès. Un philosophe y remédie déjà pour la technique, c’est Bernard Stiegler, le philosophe du réenchantement.

Comme le mouvement perpétuel marin et son pendant symétrique lunaire, la conscience réincrude la science, pendant que le réenchantement réincrude le progrès.

Et l’innovation de rupture serait pour l’éthique la grande asymptote ou métalangage des métalangages experts comparés, système janusien à deux faces : l’une épistémologique, l’autre ontologique.

Avec Axel Kahn, l’éthique, en rupture avec les morales conservatrices, devient une science de l’innovation morale. Pendant cette conférence, son discours s’est situé toujours en épistémologie, jamais en ontologie.

Alors, entre conscience du désenchantement, exercice épistémologique, et réenchantement de l’avenir, exercice ontologique, Ô Science, mon cœur balance !

Béatrice de Damas – Sémiotique de l’innovation.

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