Edition Citadelles & Mazenod, septembre 2018 – 192 Pages
Cette histoire visuelle donne à voir la construction et le développement d’un motif qui s’érige en sujet à part entière de la peinture occidentale. Qu’il soit solitaire ou entouré de congénères, garni, à nu, bourgeonnant ou fleuri …, sa représentation rassemble nombre de difficultés techniques, un véritable défi formel pour l’artiste.
Une étude transversale de la représentation de l’arbre et ses implications théopriques et esthétiques dans l’art pictural de l’Occident moderne semble pourtant un exercice périlleux. Un défi à l’historien de l’art ! Et pourtant, pari réussi : des sources variées permettent ici de retracer de manière vivante les différentes pratiques des créateurs à travers l’élaboration de recettes d’atelier, la diffusion de grands modèles, la pratique au coeur même de la nature.
Le parti pris du thème a été de l’aborder à travers le prisme du regard de l’artiste. A partir de ses réflexions, de la connaissance et de la culture visuelle quil convoque, de son savoir-faire et de sa transmission, il s’agira de reconstituer et de raconter « la fabrique de l’arbre » à l’époque moderne.
Raconter comment l’arbre s’est « fabriqué » sous les crayons des artistes, questionne et informe notre propre expérience de la nature. Répétitif, incontournable, inévitable, familier, sacré, sauvage, cultivé, quotidien, l’arbre constitue d’emblée un motif essentiel de notre environnement visuel. Immédiatement identifiable, il annonce par sa seule présence celle de la nature même. Cette nature inspiratrice que les peintres et poètes, dès le XVIe siècle, appréhendent et reconstruisent à travers le paysage.
Depuis les représentations des forêts sauvages évoquant les déserts érémitiques au XVIe siècle jusqu’à la précoce prise de conscience écologique au XIXe siècle, le spectre étendu des interprétations de la figure de l’arbre nous amène à nous interroger sur la construction et l’intensité de nos liens avec le paysage et la nature.
Nous sommes les héritiers de cette histoire visuelle. La production considérable d’images n’a eu de cesse d’informer notre propre conception du monde. Au travers de ce voyage sous les arbres des peintres s’élabore un regard commun, esthétique, écologique, qui, en nous reliant au passé, interpelle notre présence au monde. La prise de conscience de l’importance du patrimoine arboré qui se poursuit aujourd’hui trouve ses racines chez ces artistes pionniers qui, portefeuille sous le bras, ont les premiers interrogé le mystère de l’arbre.
Il s’agit là plus d’une invitation à une promenade arborée en compagnie de 100 artistes, de Giotto à Mondrian, mais aussi la première synthèse abondamment illustrée sur le sujet avec une approche culturelle d’un sujet au cœur de nos préoccupations contemporaines.
Zenon Mezinski est docteur en histoire de l’art, chercheur et enseignant. Investi dans le champ associatif, il mène des actions de médiation culturelle auprès de publics spécifiques (jeunesse et handicap). Conjuguant histoire de l’art et écologie, il s’engage pour la sauvegarde et la valorisation du patrimoine arboré. Il a notamment co-signé l’ouvrage Arbres et patrimoine de France avec Georges Feterman (Museo éditions, 2015 et 2016).