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Thwaites

Antarctique : le glacier le plus dangereux du monde est-il sur le point de céder ?

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À l’angle sud-ouest du continent Antarctique, il y a une rivière de glace surnommée « le glacier le plus dangereux du monde ». Lundi, des scientifiques américains et britanniques ont officiellement lancé une entreprise pour étudier le glacier Thwaites. Leur objectif : déterminer s’il se dirige vers un effondrement catastrophique dans un avenir proche.
 
Nous savons déjà que le glacier Thwaites fond à un rythme d’environ 40 centimètres par an, selon la BBC. Cela a suffi pour causer environ 4 % de l’élévation du niveau de la mer dans le monde au cours des 25 dernières années. Comme si cela n’était pas suffisant, les scientifiques craignent que le géant Thwaites soit sur le point de faire encore plus de dégâts : si les eaux océaniques se sont infiltrées assez loin sous ce glacier, sa masse, de la taille de la Floride, pourrait commencer à glisser de la terre vers l’océan. Si cela se produit, les estimations suggèrent que cela pourrait faire monter le niveau des mers de 80 cm à plus de 3 mètres. Si ce cas advenait, de nombreuses villes côtières dans le monde seraient en péril.
 

L’effondrement de ce glacier « pourrait avoir des répercussions importantes sur le niveau de la mer à l’échelle mondiale », souligne le Conseil britannique sur la recherche environnementale (NERC) dans un communiqué. Le secrétaire d’État britannique à la Recherche et à l’innovation, Sam Gyimah, parle même d’ « importance vitale ».
 
La nature considérable de ce risque explique la mobilisation sans précédent d’équipes de scientifiques en ordre de bataille pour ausculter le glacier. Ce projet est la plus grande collaboration scientifique en Antarctique depuis des décennies.  Il implique plus de 100 scientifiques du monde entier, avec un coût final estimé à plus de 55 millions de dollars. Il comprendra des mesures des taux de changement du volume et de la masse de glace, des foreuses à jet d’eau capables de percer à 1.500 mètres à l’intérieur de la glace seront mises en œuvre. Enfin les scientifiques de cette Collaboration internationale pourront s’appuyer sur une armada de submersibles qui vont étudier la quantité d’eau salée qui s’est déplacée sous le glacier. En effet, les scientifiques soupçonnent que le glacier soit rongé par le réchauffement des eaux océaniques qui circulent en dessous. « Nous pensons qu’il est plus affecté par ce qui se passe en dessous, donc la chaleur qui est apportée de l’océan, de l’eau profonde circumpolaire », explique Erin Pettit de l’Université d’Alaska Fairbanks. 
Les chercheurs seront également accompagnés de scientifiques un peu spéciaux : des phoques seront équipés de capteurs qui surveilleront la température de l’eau qu’ils traverseront lors de leurs pérégrinations dans la mer d’Amundsen.
 
 
 
« Les satellites montrent que la région de Thwaites change rapidement, mais pour savoir dans quelle mesure et à quelle vitesse le niveau de la mer va évoluer, il faut des scientifiques sur le terrain avec un équipement sophistiqué », explique dans un communiqué à l’AFP William Easterling, un responsable de la National Science Foundation (NSF).
 
Timelapse d’images satellites montrant la fonte du glacier Thwaites
 
La mission de cette Collaboration internationale ne sera pas une partie de plaisir. En effet, le glacier Thwaites se situe à plus de mille kilomètres de la station de recherche permanente la plus proche et les conditions météorologiques qui y règnent sont des plus rigoureuses. « La logistique rend cette science extrêmement difficile », explique David Holland de l’Université de New York qui a déjà travaillé sur Thwaites. « La fenêtre d’opportunité pour faire de la recherche est petite, essentiellement de décembre à janvier ».
Certains chercheurs s’envoleront des bases de recherche britanniques et américaines. Une fois sur place, sur leur lieu de recherche, ils installeront leur campement pendant des semaines dans des tentes sur la glace. D’autres atteindront la face du glacier sur des navires brise-glace.
 
Selon la Nasa, entre 2002 et 2016, l’Antarctique a perdu 125 gigatonnes de glace par an. Le continent blanc concentrant 62% des réserves d’eau douce de la planète, son dégel devrait notamment contribuer à désaliniser les mers du globe, un mécanisme fatal pour de nombreuses espèces marines, et à perturber les courants océaniques et à faire monter le niveau des eaux.
 

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