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Sécheresse en France : vers des restrictions d’eau précoces ?

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Ressource précieuse, l’eau va manquer. Et, face au risque de sécheresse prévu pour cette année 2019, après celle plutôt sévère de 2018, le ministère de la Transition écologique et solidaire veut mettre en place un certain nombre de mesures préventives et indispensables en France car l’inquiétude se fait sentir. En effet, les premiers seuils de crise sont déjà atteints dans certains départements depuis début avril.
 
En adossant la Charte de l’environnement à la Constitution, la France a consacré le droit d’accès à l’information environnementale pour tous. Elle a entendu ainsi mobiliser l’ensemble des citoyens pour relever les défis écologiques auxquels est confrontée l’Humanité. C’est particulièrement le cas pour l’eau, qui est au cœur des activités humaines.
Selon la note du 12 avril 2019 du BRGM, bureau de recherche géologique national, « Les niveaux des nappes phréatiques sont autour ou en-dessous des moyennes mensuelles. Un nombre marqué de réservoirs affiche déjà des niveaux modérément bas à bas. » 

Le manque d’eau peut apparaître à tout moment dans l’année

La France reçoit chaque année environ 400 milliards de m3 d’eau de pluie, dont les 2/3 s’évaporent : les 175 milliards de m3 restant alimentent les eaux de surface et souterraines. Le débit des rivières de France est resté stable au cours des dernières décennies. La quantité d’eau des eaux souterraines peut varier en fonction du niveau de prélèvement et du taux de renouvellement de ces eaux.
 
La sécheresse peut résulter d’un manque de pluie. Elle survient lorsque la quantité de pluie est nettement inférieure aux normales saisonnières et cela, sur une assez longue période. Lorsque le manque de pluie survient en hiver ou au printemps, il empêche le bon remplissage des nappes phréatiques (« réserves » d’eau) qui s’effectue d’habitude à cette période de l’année.
Au-delà du mois d’avril, l’eau de pluie est essentiellement absorbée par les plantes, en pleine croissance, ou s’évapore à cause de la chaleur. La sécheresse peut être accentuée par des températures élevées, notamment en été, qui provoquent un assèchement des sols et l’évaporation plus importante de l’eau disponible.

Des prélèvements excessifs

Les prélèvements en eau douce en France représentent environ 32 milliards de m3 par an.
L’industrie rejette une grande partie de l’eau qu’elle prélève. Ses prélèvements représentent près de 70 % de l’eau prélevée, soit environ 22 milliards mais elle compte pour 25 % des consommations uniquement.
A l’inverse, l’agriculture consomme presque toute l’eau qu’elle prélève. C’est pourquoi elle représente 50 % des consommations pour seulement un peu plus de 10 % des prélèvements, soit environ 4 milliards. Les impacts sont importants, car ils sont concentrés sur une seule période de l’année – les 3 mois d’été –, où l’agriculture peut représenter jusqu’à 80 % de l’eau consommée et certaines zones géographiques où les ressources sont les moins importantes.
Lorsqu’une sécheresse entraîne une « calamité agricole », les agriculteurs peuvent être indemnisés par un fonds spécial : le Fonds national de garantie des calamités agricoles (FNGCA), alimenté par l’Etat et les agriculteurs (contribution additionnelle aux primes d’assurance de leurs contrats d’assurance). Après reconnaissance d’une « calamité agricole » par le ministre en charge de l’agriculture, le fonds indemnise les exploitations sinistrées, couvrant en moyenne 30% des dommages.
 
Quant à l’eau potable, elle représente 25 % des consommations. Ce qui représente environ 6 milliards de m3 par an. Un chiffre globalement stable, l’augmentation de la population étant compensée par une diminution de la consommation de chacun.

Où en sont nos réserves aujourd’hui ?

L’hiver et le début de printemps ont été marqués par un manque de pluie sur une bonne partie du territoire métropolitain, ce qui a favorisé la sécheresse des sols superficiels ces trois derniers mois (1).
La moitié des points de surveillance des nappes affiche ainsi des niveaux bas, alors qu’elles bénéficient habituellement de la recharge hivernale en cette période. Les niveaux des cours d’eau sont également majoritairement inférieurs aux moyennes saisonnières. D’après les prévisions saisonnières de Météo-France, les températures de mai à juillet sur la France métropolitaine seront par ailleurs probablement supérieures à la normale, et aucune tendance moyenne sur les prévisions de précipitations ne se dégage. « L’hiver 2018-2019 a présenté un déficit pluviométrique de 20 % par rapport à la normale » déclarait la Préfecture des Hauts de France. De plus, les précipitations du mois d’avril sont « encore déficitaires de plus de 30 % des frontières du Nord à la Normandie, au Massif central, au nord des Alpes et au Jura », indique Météo France sur son site internet (Source : AFP). 
La pluviométrie des prochaines semaines sera donc déterminante mais le Gouvernement est déterminé à se préparer dès à présent à la probabilité d’une sécheresse.
 
État des nappes phréatiques au 1er avril 2019 ©BRGM
 

Quelles solutions ?
 
Pour ce faire, le ministre souhaite sensibiliser tous les usagers de l’eau (secteurs agricole et industriel, collectivités et grand public) à la situation actuelle et les inciter à une gestion économe de la ressource en eau, d’autant plus dans le contexte du dérèglement climatique où la fréquence et l’intensité des sécheresses vont augmenter dans les prochaines décennies. Ils réuniront ainsi dans les jours qui viennent la commission de suivi hydrologique du Comité national de l’eau, lieu d’échange et d’information sur la gestion de la ressource en eau, l’anticipation des crises et la gestion des conséquences de la sécheresse sur les différents usages de l’eau et sur les milieux naturels, qui recueille les avis et propositions des différents acteurs concernés et coordonne les actions nationales, notamment d’information.

Quid des Assises de l’eau ?

Les Assises de l’eau lancées par le Gouvernement, par ailleurs en cours, rassemblent les acteurs du monde de l’eau afin de trouver des solutions concrètes qui permettront aux territoires d’assurer une gestion durable de la ressource en eau, dans ses composantes écologique et socio-économique.
Après plusieurs mois de dialogue avec les acteurs locaux et nationaux de l’eau, 17 mesures ont été présentées par Édouard Philippe.
 
Ces 17 mesures ont pour vocation à mobiliser les acteurs publics (agences de l’eau, collectivités locales, Caisse des dépôts et consignation) et les acteurs privés (entreprises du secteur de l’eau, banques) afin de relancer l’investissement dans les territoires pour réduire les fuites d’eau et améliorer la gestion des réseaux, tout en assurant une distribution d’eau de qualité en France. En effet, un litre sur cinq se perd dans les réseaux d’eau, avec de forts contrastes selon les services d’eau et d’assainissement.
Annoncée par le Président de la République le 24 novembre 2017 lors du Congrès des maires, la première séquence des Assises de l’eau consacrée aux services d’eau et d’assainissement a permis d’engager une large concertation avec les élus locaux à travers une consultation en ligne des maires, mais aussi des échanges sur le terrain au sein des comités de bassin.
 
Localement, les préfets réuniront prochainement dans les départements concernés les comités départementaux « sécheresse » afin d’échanger sur cette situation avec les parties prenantes e »t prendre les mesures de limite d’usage de l’eau ou de suspensions provisoires, comme l’arrosage des espaces verts et massifs floraux, espaces sportifs, ainsi que le remplissage des piscines privées ou le lavage des véhicules. L’arrosage des jardins potagers familiaux pourrait également être interdit entre 8h et 20h. Concernant l’irrigation, le prélèvement des eaux superficielles serait interdit, et l’irrigation agricole par forage limitée à certaines heures. 
(Source : Ministère de la Transition écologique et solidaire)
 
 
 
 
(1) Source : Bulletin national de situation hydrologique qui est constitué d’un ensemble de cartes et de leurs commentaires qui présentent l’évolution mensuelle des ressources en eau. Il décrit la situation quantitative des milieux aquatiques (pluies efficaces, débits des cours d’eau, niveau des nappes d’eau souterraine, état de remplissage des barrages-réservoirs) et fournit une information synthétique sur les arrêtés préfectoraux pris pour limiter les usages de l’eau durant la période d’étiage.
 

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