Les individus portant la mutation rouge ou la cassette gene drive sont encadrés en rouge.
Un puissant propulseur de mutations
Un pouvoir génétique fascinant sans précédent dans l’histoire de l’évolution
Domestiquer tout le vivant
Asservir les espèces vivantes pour en tirer avantage
Les espèces pourront-elles encore vivre pour elles-mêmes ?
Et si cet outil puissant se retournait contre nous ? Quels sont les risques associés au forçage génétique ?
Trois risques majeurs non quantifiés du forçage génétique
(1) la séquence de forçage génétique peut se répandre dans de nouvelles populations qui n’étaient pas ciblées, suite à un phénomène d’hybridation ou de transfert horizontal d’ADN.
(2) si un ADN étranger s’insère par mégarde dans la séquence de forçage génétique alors que la séquence n’est pas encore présente dans tous les individus de la population, alors cet ADN étranger va pouvoir se répandre comme une traînée de poudre, à la vitesse du « forçage génétique ». Si cet ADN apporte, par malchance, une résistance aux insecticides ou une meilleure attirance envers les odeurs humaines, alors le « forçage génétique » des moustiques peut se retourner contre nous.
(3) Si les conséquences du forçage génétique sur les individus qui portent la séquence de forçage génétique sont relativement bien comprises, celles à l’échelle des écosystèmes sont extrêmement difficiles à estimer
Des conséquences irréversibles
Des effets nets et précis à l’échelle moléculaire, mais flous à l’échelle des écosystèmes
Éclairer les décisions des mécènes et des gouvernements
Éléments d’un débat :
Pour ou contre le forçage génétique pour obtenir des moustiques résistants au parasite Plasmodium et tenter d’éradiquer le paludisme ?
POUR
– moins cher que les techniques actuelles (élimination des points d’eau qui constituent les gîtes larvaires, moustiquaires, insecticides, vaccins, mâles stériles)
– potentiellement plus rapide que les techniques actuelles
– potentiellement plus efficace que les techniques actuelles
CONTRE
– la séquence de forçage génétique peut échapper à notre contrôle (risques 1 et 2)
– impacts sur l’écosystème non chiffrés (risque 3)
– potentiellement moins efficace que prévu (apparition de gènes de résistances au « forçage génétique » dans les populations (ce risque a été relativement bien évalué par rapport aux autres risques et les chercheurs ont mis au point plusieurs moyens de s’affranchir de ce risque), réservoirs d’espèces cryptiques ou de populations qui ne s’hybrident pas
Pourquoi le débat est urgent ? Car tout va très vite !
-2003 : premiers modèles théoriques de forçage génétique, mais les moyens génétiques de le faire n’existent pas encore6.
-2012-2013 : développement de la technologie CRISPR : possibilité de couper l’ADN à n’importe quel site choisi grâce à seulement deux éléments : une protéine Cas-9 et un ARN guide (alors que les bactéries utilisent une protéine Cas-9 et deux ARN différents)4,5.
-avril 2015 : 1ère publication sur le forçage génétique sur des mouches drosophiles de laboratoire6.
-novembre 2015 : mise au point des premiers moustiques de laboratoire résistants au parasite vecteur du paludisme par forçage génétique7.
-décembre 2015 : mise au point par forçage génétique des premiers moustiques de laboratoire qui sont femelle-stériles et qui pourraient permettre l’extinction des populations de moustiques8.
-mars 2015 : l’OMS a accepté le lâcher de moustiques OGM Oxitec dans la nature9. Ces moustiques ont été produits par les techniques traditionnelles de manipulation génétique (sans CRISPR et sans forçage génétique).