Ah, les mystères du cerveau ! Dans les profondeurs enchevêtrées du cortex cérébral, un groupe de neurones audacieux dans l’Insula – une sorte de mini centre de commandement pour les émotions et le self-control – joue les héros discrets en facilitant les interactions sociales chez nos amis les souris, après une solitude pesante. C’est ce que révèle une étude parue dans Nature Communications, avec une pointe de suspense neuroscientifique.
L’Insula, cet illustre inconnu dans le cortex insulaire, est impliqué dans tout un tas de fonctions aussi essentielles qu’éclectiques. En plus de nous aider à ressentir des émotions et à surveiller notre rythme cardiaque sans montre connectée, il nous fait prendre conscience de notre propre existence (la conscience de soi) – rien que ça ! Cette région est aussi diversifiée que la carte d’un restaurant gastronomique, chaque type de neurone apportant sa propre saveur au fonctionnement cérébral. Les rôles variés de l’Insula s’expliquent notamment par la diversité des neurones qui la composent. Ainsi étudier les différentes populations de neurones de l’Insula permettra de mieux comprendre le fonctionnement complexe de ce cortex.
Dans un article publié dans Nature Communications, des scientifiques montrent, chez la souris, le rôle essentiel d’un sous-groupe de neurones localisé dans l’Insula, une partie du cortex cérébral qui favorise les interactions sociales après une période d’isolement chez les souris. Les chercheurs se sont donc penchés sur un type particulier de neurones, surnommés les InsulaIns, induisant une connexion neuronale encore méconnue, qui assurent la liaison entre les Insulas des deux hémisphères du cerveau. Ces neurones sont connectés à l’amygdale et au noyau du lit de la strie terminale, deux régions cérébrales qui n’aiment pas vraiment quand on est anxieux.
Grâce à des techniques à faire pâlir les plus grands espions, les scientifiques ont pu dévoiler comment ces neurones InsulaIns s’agitent pour moduler nos interactions sociales. Grâce à des techniques avancées comme la neuroanatomie par traçage viral (visualisation des neurones et de leurs connections), l’électrophysiologie (enregistrement de la communication électrique entre les neurones), la photométrie de fibres (enregistrement de l’activité calcique des neurones) et des manipulations ciblées de circuits neuronaux, les scientifiques ont étudié comment les Insulas communiquent entre elles et influencent la perception des interactions sociales en fonction du niveau d’anxiété chez les souris.
Ils ont d’abord identifié le profil anatomique et moléculaire des neurones InsulaIns. Puis démontré que la stimulation de ces neurones déclenche une excitation dans le circuit reliant les Insulas des deux hémisphères. Enfin, ils ont découvert que ces neurones sont essentiels pour promouvoir les interactions sociales après un isolement de 24 heures chez des souris mâles.
C’est comme si stimuler ces neurones provoquait une sorte de soirée disco dans le circuit reliant les deux Insulas, favorisant les interactions après un épisode de solitude chez des souris mâles. C’est un peu comme si ces neurones étaient les maîtres de cérémonie d’une fête de retrouvailles.
En somme, cette équipe de neurones InsulaIns pourrait bien être la clé pour comprendre des mystères bien humains, comme les troubles du spectre autistique ou l’anxiété, où l’Insula semble jouer les trouble-fête. Ces découvertes pourraient éventuellement nous aider à mieux intégrer nos perceptions sociales et émotionnelles.
Communication entre les deux Insula chez la souris :
a. Image prise avec un microscope à épifluorescence d’une coupe coronale de cerveau de souris montrant des neurones de l’Insula projetant à l’Insula contralatéral (InsulaIns), identifiés par l’expression d’une protéine fluorescente (marquage magenta, échelle 500 µm). b. Photo à plus fort grossissement de ces neurones InsulaIns (échelle 25 µm). c. Image représentative obtenue avec de la microscopie électronique montrant une zone de communication, une synapse entre les deux Insula (en magenta, une terminaison nerveuse provenant d’un neurone d’une Insula appelée « présynapse » pouvant libérer un neurotransmetteur excitateur le glutamate au niveau d’un neurone en bleu, «postsynapse»,localisé dans l’Insula de l’autre hémisphère). d. Exemple d’un enregistrement de la communication électrique entre les deux Insula. La stimulation d’une Insula évoque la libération du glutamate au niveau de l’autre Insula et provoque l’apparition d’un signal électrique appelé potentiel d’action. La communication électrique entre les deux Insula chez la souris se fait en moyenne en 10 millisecondes.
Pour en savoir plus :
- « A population of Insula neurons encodes for social preference only after acute social isolation in mice »
C. Glangetas, A. Guillaumin, E. Ladevèze, A. Braine, M. Gauthier, L. Bonamy, E. Doudnikoff, T. Dhellemmes, M. Landry, E. Bézard, S. Caille, A. Taupignon, J. Baufreton, F. Georges
Nature Communications, 21 août 2024. DOI : https://doi.org/10.1038/s41467-024-51389-4