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La NASH, une maladie qui inquiète l’OMS

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L’épidémie mondiale de surpoids et d’obésité est à l’origine du développement de maladies non transmissibles (MNT) très sérieuses, souvent encore mal connues. C’est le cas de la NASH (Non Alcoholic Steato Hepatitis – stéatohépatite non alcoolique) qui inquiète de plus en plus l’OMS. Cette maladie du « foie gras », ou « maladie du soda » touche 25 % de la population adulte mondiale, selon les dernières estimations, et en très forte progression en France. Presque inconnue du grand public, mais bien identifiée par certains professionnels de santé, la NASH est un véritable fléau qui gagne du terrain, et dont les pouvoirs publics doivent s’emparer.

Si l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) s’est fortement préoccupée des dangers et risques sanitaires que causent le surpoids et l’obésité, c’est surtout parce qu’une mauvaise alimentation engendre de nombreuses autres maladies non transmissibles. Maladies cardiovasculaires, diabète de type 2, et toute une myriade d’autres pathologies chroniques sont notamment imputables à la « malbouffe ».

Une maladie peu connue, mais dangereuse

Les récentes études menées par l’OMS ont fait part de chiffres alarmants relatifs à la prévalence de MNT associées à une surcharge pondérale.

Les nouvelles inquiétudes de l’OMS concernent la NASH, maladie dite du « foie gras ». Due à une stéatose hépatique, c’est-à-dire à l’accumulation de graisse dans le foie, cette pathologie répond d’antécédents comportementaux (tabagisme, sédentarité, surpoids/obésité, abus d’alcool) ou métaboliques (hypertension artérielle, surpoids, hyperglycémie, hyperlipidémie). Dans ses formes les plus sérieuses, la NASH peut évoluer en cirrhose ou cancer du foie, et peut aussi participer à la survenue des MNT précitées. En effet, la NASH, elle-même considérée comme une maladie métabolique à part entière, est à la fois un facteur de risque et une conséquence des maladies cardiovasculaires et métaboliques.

En France, le nombre de personnes atteintes de NASH s’élèverait à plus de 8 millions, touchant principalement les patients en surcharge pondérale ou atteints de diabète de type 2, sans insulinodépendance. Alors que les maladies hépatiques étaient auparavant l’apanage des personnes alcooliques ou atteintes d’hépatite d’origine virale ou médicamenteuse, l’épidémie de NASH concerne aujourd’hui majoritairement des personnes abusant d’une alimentation trop riche en sucres et, dans une moindre mesure, en graisses saturées. Les sucres en excès sont ensuite transformés en triglycérides (forme de stockage du sucre en graisse), lesquels se déposent par la suite au niveau du foie. Ce mécanisme, appelé stéatose hépatique, évolue progressivement, favorisant avec le temps l’apparition d’une maladie inflammatoire et fibrosante : la NASH.

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Outre les dangers qu’elle représente pour la santé, la NASH est sans douleur ni symptômes dans sa forme bénigne, rendant d’autant plus grave et menaçante une détection trop tardive. Avec sur le banc des accusés la sédentarité et la « malbouffe », le procès de la NASH est encore trop peu pris en considération par les professionnels de santé, au risque de ne déceler la maladie qu’à des stades avancés, donc graves.

Une étude publiée dans l’hebdomadaire médical allemand Deutsches Ärzteblatt affirme qu’entre 5 et 20 % des patients dont le foie est gras vont développer une NASH, qui conduira par la suite à une fibrose élevée dans 10 à 20 % des cas, dont 5 % évolueront vers une cirrhose.

Il n’existe à ce jour aucun traitement médicamenteux pour guérir la NASH. En revanche, l’OMS comme la Haute Autorité de Santé s’accordent à dire qu’il est possible d’éviter la maladie, en adoptant notamment une alimentation plus saine et équilibrée, et, pour les personnes atteintes de surcharge pondérale, en perdant 5 à 10 % de leur poids initial. Une prise en charge pluridisciplinaire, basée sur des mesures hygiéno-diététiques est fortement recommandée, et a déjà fait preuve de son efficacité sur l’évolution et les lésions histologiques de la NASH.

Guérir de la NASH : quelle solution ?

Une modification des habitudes alimentaires et comportementales est nécessaire pour guérir de la NASH, ou du moins pour ralentir son évolution. Sur les recommandations de l’OMS, une étude a été menée à Cuba, afin d’examiner les effets d’une perte de poids par une modification du régime alimentaire et du mode de vie sur les caractéristiques histologiques de la NASH. Au terme de 52 semaines de surveillance, les chercheurs ont constaté que seuls 10 % des patients avaient perdu au moins 10 % de leur poids initial et leur foie présentait des changements conséquents : 90 % de résolution de la NASH, 81 % de réduction de la fibrose, 100 % d’amélioration de la stéatose.

Si cette étude n’a pas été efficace sur la totalité des patients inclus dans l’étude, c’est parce que la majorité d’entre eux ne sont pas parvenus à perdre les 10 % de leur poids initial, préconisés par l’OMS. Il est toutefois important de noter que toute perte de poids et bonne à prendre, les patients ayant perdu ne serait-ce que 5 % de leur poids initial ayant tout de même constaté quelques améliorations significatives de l’état de leur foie.

La difficulté à perdre du poids et à ne pas le reprendre est au cœur de l’approche proposée par les centres de Rééducation Nutritionnelle et Psycho-Comportementale (RNPC). Le Programme RNPC, méthode développée par Rémy Legrand, permet aux patients d’être suivis régulièrement par un diététicien en relation avec le médecin traitant. Un tandem et une démarche aux résultats positifs puisque, selon l’étude RNPC 1 conduite sur plus de 12 000 personnes ayant suivi le programme, 89 % ont achevé la phase d’amaigrissement du programme, justifiant d’une perte moyenne de 11 % de leur poids initial en seulement 3 à 4 mois. Dans ce groupe de patients, 78 % de ceux qui présentaient un risque élevé de NASH ont vu ce dernier considérablement écarté grâce à cette perte de poids. Des résultats très encourageants, et atteignables « seulement » par une réduction pondérale conséquente, et une prise en charge à la fois efficace et sécure.  

La NASH n’est donc pas une fatalité, mais pour la combattre efficacement, il est indispensable de connaître ses mécanismes physiopathologiques afin de proposer une prise en charge adaptée. Cette connaissance doit encore se diffuser chez les professionnels de santé et faire écho auprès du grand public. Le 3ème congrès multidisciplinaire RNPC, qui a eu lieu le 1er juillet dernier et dont la thématique était « Les foyers ectopiques de graisse, fléau invisible :  Nouvelle cible thérapeutique », contribue sans doute à transmettre les clés de la compréhension de cette maladie.

Les professionnels de santé et les pouvoirs publics ont aujourd’hui les cartes en main. Ce sont eux qui doivent tirer la sonnette d’alarme et ne pas se contenter de rapports – certes très utiles – mais qui demeurent confidentiels. En 2021, un comité exécutif de l’OMS a publié une feuille de route sur les risques sanitaires que représentent les MNT, et les moyens déployables pour y faire face. Ce rapport a la singularité d’être axé principalement sur la nécessité de mise en place d’actions concrètes des politiques publiques dans la lutte contre les MNT. « L’attention portée aux MNT au niveau mondial au cours des deux dernières décennies n’a pas été suffisante pour réduire les mortalités dues aux maladies infectieuses […] à l’exception de la lutte contre le tabagisme », s’affole Bente Mikkelsen, directrice des MNT au siège de l’OMS de Genève.

Aligner les politiques relatives aux MNT sur les autres politiques nationales de santé, et accélérer la mise en œuvre de stratégies de lutte contre ces maladies sont les défis premiers fixés par l’OMS. Des défis à relever rapidement, car les professionnels de santé affirment que le risque et la vitesse à laquelle une stéatose hépatite évolue en cirrhose ou en cancer sont très préoccupants. Le Conseil Européen de la Recherche (ERC Starting Grant) a par ailleurs alloué des fonds à l’INSERM pour mener des recherches sur la progression de la stéatose vers la NASH. Une prise de conscience indispensable appelée à être bien plus forte au cours des prochaines années.

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Alice Moreau, Chroniqueuse invitée

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