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Covid-19 : Pourquoi certains pays s’en sortent mieux

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Neuf mois après le début de la pandémie, les États-Unis et certaines parties de l’Europe voient leurs épidémies de coronavirus s’aggraver et devenir encore plus incontrôlables, avec un nombre record d’infections quotidiennes.
Et puis il y a des pays comme Taïwan, qui vient de passer 200 jours consécutifs sans un seul nouveau cas de COVID-19. Ou encore l’État de Victoria, en Australie, où l’épicentre de la pandémie n’a enregistré aucun cas pour la première fois en quatre mois, les 26 et 27 octobre derniers. Le nombre de cas quotidiens en Corée du Sud continue lui aussi de tourner autour de 120 – environ 1/1000 des près de 100 000 nouveaux cas signalés aux États-Unis vendredi. Quels sont leurs clés de réussite pour lutter contre la pandémie ?

Selon les experts de santé publique, ces succès sont le résultat d’une recette simple : mettre en œuvre un plan d’action gouvernemental cohérent avec des messages cohérents, faire porter des masques à tout le monde et développer des tests et une recherche de cas contacts à grande échelle. Les pays qui n’ont pas réussi à endiguer leurs épidémies ne disposent pas d’au moins un de ces éléments. C’est le cas des États-Unis : « Je pense qu’une réponse fédérale organisée et qu’une population confiante envers ses dirigeants et responsables de santé publique sont les atouts les plus importants, et nous avons échoué lamentablement dans les deux cas » a déclaré Monica Gandhi, professeur de médecine à l’université de Californie, San Francisco, au média Business Insider.

Avoir un plan, et le communiquer efficacement

Emma Hodcroft, une scientifique de Bâle, en Suisse, qui étudie le code génétique du coronavirus, a déclaré qu’elle voyait une tendance commune parmi les gouvernements qui ont maîtrisé le virus : ils ont mis en place un plan précis au cas où le nombre de cas augmenterait, l’ont communiqué clairement au public, et l’ont mis en application rapidement dès que les chiffres ont commencé à augmenter : « De nombreux pays ont essayé de trouver une solution à l’automne, plutôt que de fixer des limites et de faire des recommandations sur les mesures à prendre, quand et par qui, et à quel niveau », a-t-elle déclaré. » Le problème avec une approche réactive, ajoute-t-elle, est que cela peut encourager le maintien du statu quo. Surtout si les cas augmentent doucement au début, ce qui a été le cas dans de nombreux pays, il est incroyablement tentant de minimiser cela et d’espérer que cela va disparaître, ou plafonner, et de ne pas agir. »

Les calendriers en Europe occidentale sont de bons exemples de cette inertie : les cas augmentent régulièrement depuis près de six semaines dans de nombreux pays, mais le Royaume-Uni, la Belgique, le Portugal, l’Allemagne et la France viennent seulement de mettre en place de nouveaux confinements.
Même la Suède, qui avait initialement institué relativement peu d’ordres de fermeture, a récemment adopté des directives plus strictes concernant les rassemblements et les loisirs non essentiels après que les cas y aient augmenté de 70 % en une semaine.

En revanche, l’Australie, la Chine et la Nouvelle-Zélande ont eu recours à des mesures de confinement ciblées au cours des derniers mois, n’imposant des fermetures que dans les villes et les régions touchées par des épidémies.

Le gouvernement japonais, quant à lui, a diffusé très tôt des messages clairs demandant aux citoyens d’éviter les trois « C » : closed spaces, crowded places, and close-contact settings (espaces clos, endroits bondés et lieux où les contacts sont étroits). Le pays a ensuite mis en place un système complet d’établissements de santé par régions, partiellement financés par le gouvernement fédéral, pour développer les tests et la communication en matière de santé publique. Grâce à ces actions combinées, le Japon n’a pas du tout eu besoin de fermer ses portes.

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La Corée du Sud, pour sa part, a exploité la technologie des smartphones pour communiquer ses solutions et donner au public des informations claires. Son gouvernement a fourni des applications gratuites permettant d’envoyer des alertes textuelles d’urgence sur les pics d’infection dans les régions concernées, d’accéder à la télémédecine et d’informer les utilisateurs sur le nombre et le type de masques faciaux disponibles dans les magasins.

Selon Monica Gandhi, il est maintenant trop tard pour les pays qui n’ont pas poursuivi ce type d’approche dès le début : « Je ne crois pas que nous puissions arriver à une transmission zéro aux États-Unis étant donné notre échec initial », a-t-elle déclaré. « Par conséquent, je pense que nous devons nous concentrer sur la réduction de la transmission et de la gravité de la maladie ». Pour ce faire, Monica Gandhi suggère que les nouvelles politiques et les messages publics encouragent mieux les gens à éviter les foules, à porter des masques, à pratiquer une bonne hygiène des mains et à ventiler correctement les espaces intérieurs.

Masquer, masquer, masquer …

Malgré les preuves accablantes que les masques préviennent la transmission du coronavirus, les États-Unis n’exigent toujours pas le port du masque qui est pourtant « incroyablement simple, et  semble de plus en plus efficace pour aider à contrôler la transmission », constate Emma Hodcroft.

Selon une estimation de l’Institute for Health Metrics and Evaluation de l’Université de Washington, si 95 % des Américains portaient un masque, au moins 63.000 vies pourraient être sauvées d’ici le mois de mars. Mais aux États-Unis, le port du masque en est venu à être considéré par certains, dont le président Trump lui-même, comme une posture politique. Des manifestants se sont soulevés contre les obligations de port de masques, affirmant qu’ils violent la liberté individuelle. De plus, l’absence de directives fédérales sur les masques de la part de la Maison Blanche a entraîné des politiques fragmentaires : une majorité d’États américains ont instauré des règles sur le port des masques à l’échelle de leur Etat. 17 d’entre eux n’imposent des masques que dans certaines régions, et le Dakota du Sud n’a aucune règle du tout.

Les règles en matière de masques sont également laxistes dans de nombreuses régions d’Europe. Le port du masque est obligatoire dans les lieux publics intérieurs et dans les transports publics au Royaume-Uni, sur les lieux de travail en France et pour tous les Parisiens. Mais ces mandats ne sont entrés en vigueur qu’après l’été. La Suède, quant à elle, n’exige ni ne recommande l’utilisation de masques universels.

En revanche, dans des pays comme la Chine, Taïwan et Singapour, le port du masque est obligatoire. En Corée du Sud et à Melbourne, en Australie, les résidents qui ne portent pas de masque en public et les entreprises qui n’imposent pas le port du masque peuvent se voir infliger une amende.

Même la Russie, où le président Poutine a par le passé minimisé l’importance de la pandémie, un mandat national sur le port des masques a été annoncé la semaine dernière .

Des tests et un traçage efficaces

L’autre outil crucial que les réponses réussies aux coronavirus ont en commun est une combinaison de tests et de recherche de contacts. Monica Gandhi et Emma Hodcroft ont toutes deux déclaré que la clé pour minimiser la transmission est de proposer des tests robustes, accessibles et gratuits pour identifier et isoler les patients atteints de coronavirus, puis de rechercher leurs contacts et de les mettre en quarantaine. « Le test et la traçabilité sont l’un des outils les plus efficaces pour contenir la propagation car, si cela fonctionne idéalement, vous trouvez les lieux de propagation et toutes les personnes qui y sont liées et vous pouvez les isoler rapidement », a déclaré Emma Hodcroft.

La Chine, par exemple, a ainsi testé 2,8 millions de personnes en un jour après qu’un seul cas ait été signalé à Kashgar. Cela a permis aux autorités de capturer et de contenir 137 cas supplémentaires.

Mais pour que cet outil soit efficace, toute personne exposée – les cas suspects – doit être isolée. Il en va de même pour les personnes arrivant dans le pays depuis l’étranger. Mais aux États-Unis, ce processus repose généralement sur un système de déclaration sur l’honneur qui table sur le respect volontaire des recommandations par les individus. En Corée du Sud, en revanche, de nombreux voyageurs internationaux sont transportés directement de l’aéroport vers une installation de quarantaine du gouvernement. Ils séjournent dans une chambre d’hôtel, se font apporter leurs repas, puis repartent au bout de deux semaines. Si un résident sud-coréen est testé positif ou est soupçonné d’avoir été en contact avec un patient atteint du coronavirus, les autorités sanitaires l’obligent à télécharger une application d’autosurveillance qui surveille son état et déclenche une alarme lui rappelant de ne pas s’aventurer hors d’une zone de quarantaine désignée.

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Si les programmes de dépistage et de traçage des États-Unis et d’Europe se sont considérablement améliorés depuis le mois de mars, les experts estiment que le nombre de nouveaux cas signalés chaque jour est désormais trop élevé pour que cette stratégie puisse fonctionner toute seule. « Lorsque vous commencez à avoir des centaines, voire des milliers de cas, il est presque impossible pour les traceurs de contacts d’être efficaces », affirme Adrian Esterman, épidémiologiste à l’université d’Australie du Sud.

Source : Business Insider

Photo d’en-tête : Test Covid à Pékin en juin 2020 © Reuters

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gilliane l
3 années

« Neuf mois après le début de la pandémie » ?
sur quels critères dater ce début à 9 mois… les premiers cas datant au moins d’octobre (jeux militaires à Wuhan)

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