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Le sang deviendrait-il le révélateur implacable non seulement de notre état de santé, mais aussi de notre futur ? Les progrès s’accélèrent dans le dépistage sanguin. Après l’annonce il y a quelques jours d’un test permettant de détecter plusieurs types de cancers dans une seule goutte de sang, c’est au tour de la maladie d’Alzheimer de livrer précocement ses intentions. Des chercheurs sont en effet parvenus à déceler dans le sang les signes précurseurs de la maladie.
Selon les chiffres de l’association France-Alzheimer, aujourd’hui, c’est trois millions de Français qui sont directement ou indirectement touchés par la maladie d’Alzheimer, dont plus de 850 000 personnes malades. Avec près de 225 000 nouveaux cas diagnostiqués chaque année, la maladie progresse ; si rien ne change, notre pays comptera 1 275 000 personnes malades dans seulement huit ans.
Pathologie neurodégénératrice entrainant la perte progressive et irréversible de neurones, donc des fonctions mentales et notamment de la mémoire, la maladie débute chez les personnes âgées de plus de 65 ans ; seuls 4 % à 5 % des cas d’Alzheimer précoce commencent avant cet âge. A ce jour, aucun traitement ne permet de la guérir, mais une prise en charge précoce permettrait de retarder la progression de la maladie.
Face à cette pathologie de plus en plus prévalente, les chercheurs s’activent pour trouver un moyen d’anticiper les symptômes. Une équipe de médecins japonais et australiens semble y être parvenue. Ils ont réalisé un exploit extraordinaire : détecter, par un simple test sanguin, si vous êtes susceptible de développer la maladie d’Alzheimer, et ce sur un horizon de temps de trente ans !
Prédire si une personne développera la maladie d’Alzheimer 30 ans avant l’apparition des premiers symptômes permettrait aux patients d’avoir accès plus rapidement au soutien et aux services. Ce test pourrait améliorer considérablement la qualité de vie d’un patient pendant que les chercheurs travaillent à mettre au point de meilleurs traitements.
Selon les études actuelles, des taux élevés de bêta-amyloïde sont considérés comme un indicateur clé du diagnostic de la maladie d’Alzheimer. Il a toutefois été difficile de détecter jusqu’à présent la présence de ces plaques. En fait, on croyait qu’ils étaient impossibles à détecter par une seule analyse de sang. Les protéines bêta-amyloïdes peuvent être aujourd’hui détectées par des scanners cérébraux ou l’extraction de liquide rachidien, mais ces procédures sont coûteuses et invasives. Si un patient ne montre aucun des signes potentiels de la maladie d’Alzheimer, son médecin pourrait légitimement ne pas recommander de tels tests. Avec le dépistage par un simple test sanguin, tout peut changer.
« À partir d’un minuscule échantillon de sang, notre méthode permet de mesurer le taux de protéines liés à la bêta-amyloïde, et ce, même si leur concentration est très faible », a expliqué Koichi Tanaka, un membre de l’équipe de recherche de la Shimadzu Corporation au Japon, dans le communiqué de presse de l’étude.
Dans l’étude, publiée le 31 janvier 2018 dans la revue Nature, les chercheurs ont prélevé des échantillons de sang de 373 participants australiens et japonais. Les échantillons ont ensuite été analysés par spectrométrie de masse pour rechercher des peptides et des acides aminés dont on sait qu’ils sont liés aux concentrations de bêta-amyloïdes. Le test a prédit avec précision l’accumulation de plaques dans 90 % des cas.
Bien que les chercheurs ne comprennent pas encore tout à fait comment la maladie d’Alzheimer commence et progresse, le fait d’avoir une quantité anormale de ces plaques – ainsi qu’une autre protéine appelée « tau » – semble être un indicateur fiable qu’une personne développera la maladie au cours de sa vie. Les recherches indiquent que les protéines commencent à se concentrer dans le sang jusqu’ à 30 ans avant que le patient ne manifeste les premiers symptômes, comme une perte de mémoire. C’est pourquoi les chercheurs affirment que la détection de ces protéines est si importante pour un diagnostic précoce. Bien que les patients puissent être à des décennies de l’apparition des symptômes, si la présence des protéines suggère qu’ils sont susceptibles de développer la maladie d’Alzheimer, ils peuvent, eux et leur famille, commencer à se préparer aux besoins de soins, aux coûts des soins de santé et au soutien social beaucoup plus tôt.
Les résultats de cette dernière étude sont prometteurs, mais il convient de noter que le test n’est pas un traitement ou un remède contre la maladie d’Alzheimer. Bien qu’il y ait encore de l’espoir pour de meilleurs traitements ou même un remède à l’avenir, un test prédictif aussi puissant pourrait se révéler des plus utiles.
Sources : Nature, Science Alert
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