Henri Matisse, les entretiens égarés – Souvenirs, réflexions et révélations d’un grand maître du XXème siècle – Propos recueillis par Pierre Courthion – Sous la direction de Serge Guilbaut
Edition Skira, septembre 2017 – 272 Pages
En cette année 1941 Matisse a miraculeusement survécu aux suites d’une intervention chirurgicale majeure. C’est dans l’ennui d’une trop longue convalescence, loin de son environnement habituel, alors qu’il vient de quitter les douleurs de la chair pour retrouver sa trop familière angoisse du lendemain, que naît l’idée d’un tel ouvrage.
Les initiateurs de ce projet sont sincères et passionnés d’art à une époque particulièrement troublée où les questions qui se posent tant à la peinture qu’aux artistes ne sont pas et de loin de première importance ! C’est là leur indiscutable mérite. Il y a Skira éditeur bravache, et Courthion le Candide.
(…)
Partenaires dont les démêlés ont les accents d’une pièce de Marivaux. Leur dernier souci est le personnage principal qui refuse d’apprendre son dialogue, Matisse, lui-même fils de marchand, clerc de notaire, père de famille, solitaire et forte tête devenu peintre sur le tard.
(…)
Loin d’être taciturne Henri Matisse appartient toutefois à cette génération, la dernière, où le silence était d’or, mais la parole d’argent. Les mots avaient un sens, une portée que viendrait trancher soudainement le déchaînement imprévisible de la communication, annihilant à tout jamais le conformisme de la rhétorique au profit du talk-show.
(…)
Que demandait-on de lui dans ces années quand l’esprit, l’imagination, avaient disparu des galeries d’art et des librairies.
Peut-être loin de la confusion apparente du monde recherchait-on auprès de lui, non seulement une leçon de volonté face à l’adversité, mais aussi, plus précieux encore, l’espoir des matins qui chantent à l’exemple de son triomphe du temps par son incomparable jeunesse, comme disait son ami et éditeur Tériade.
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En cette année 1941 Matisse a miraculeusement survécu aux suites d’une intervention chirurgicale majeure. C’est dans l’ennui d’une trop longue convalescence, loin de son environnement habituel, alors qu’il vient de quitter les douleurs de la chair pour retrouver sa trop familière angoisse du lendemain, que naît l’idée d’un tel ouvrage.
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Les initiateurs de ce projet sont sincères et passionnés d’art à une époque particulièrement troublée où les questions qui se posent tant à la peinture qu’aux artistes ne sont pas et de loin de première importance ! C’est là leur indiscutable mérite. Il y a Skira éditeur bravache, et Courthion le Candide.
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Partenaires dont les démêlés ont les accents d’une pièce de Marivaux. Leur dernier souci est le personnage principal qui refuse d’apprendre son dialogue, Matisse, lui-même fils de marchand, clerc de notaire, père de famille, solitaire et forte tête devenu peintre sur le tard.
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Loin d’être taciturne Henri Matisse appartient toutefois à cette génération, la dernière, où le silence était d’or, mais la parole d’argent. Les mots avaient un sens, une portée que viendrait trancher soudainement le déchaînement imprévisible de la communication, annihilant à tout jamais le conformisme de la rhétorique au profit du talk-show.
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Que demandait-on de lui dans ces années quand l’esprit, l’imagination, avaient disparu des galeries d’art et des librairies.
Peut-être loin de la confusion apparente du monde recherchait-on auprès de lui, non seulement une leçon de volonté face à l’adversité, mais aussi, plus précieux encore, l’espoir des matins qui chantent à l’exemple de son triomphe du temps par son incomparable jeunesse, comme disait son ami et éditeur Tériade.
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Ce sont ces instants saisis au vol, intemporels, qui donnent à Bavardages sa véritable raison d’être. Il nous place dans l’action dépouillée de tout artifice à la manière du fabuliste La Fontaine: « J’étais là, telle chose m’advint ».
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De l’anecdote plaisante surgit et brille cette chose précieuse et si rare qu’est l’exactitude des faits.
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Petit à petit le flot anodin de sa propre conversation cessa d’être pour Matisse une détente, mais devint sujet de tout ce qu’il désirait éviter : être distrait d’un travail trop longtemps abandonné et cette obsédante crainte de la toile blanche.
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Voilà qu’aujourd’hui la source oubliée, presque tarie, apporte au cours de la lecture une eau fraîche. Ces Bavardages deviendront toujours plus précieux. Par ses rencontres, par les événements, par L’épanouissement de son œuvre, Matisse à lui seul étalonne trois siècles !
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