L’été 2022, qui a vu se multiplier les catastrophes liées au réchauffement climatique, a été le plus chaud jamais enregistré en Europe, a indiqué ce 8 septembre le service européen sur le changement climatique Copernicus. Des records qui ne sont pas près de s’arrêter : selon les experts de l’ONU, le monde est en train de suivre la trajectoire d’un réchauffement « catastrophique » de 2,7°C, loin des 1.5°C prévus par l’Accord de Paris.
Forêts en feu, rivières asséchées, cultures en berne, records de chaleur explosés. Le ressenti des Européens d’un été de braise est confirmé par les relevés des satellites, le réchauffement climatique est là et bien là. Sur les trois mois de l’été météorologique (juin-août), les températures ont dépassé de 1,34°C la moyenne de 1991-2020, et de 0,4°C le précédent record, qui datait de 2021, selon les relevés de Copernicus, qui se base sur des données satellitaires à partir de 1979, mais souligne que basé sur les autres types de relevés le record remonte à 1880. Les étés 2010 et 2018 ont été dépassés de 0,5°C et celui de 2003, resté dans les mémoires pour une canicule jusqu’ici considérée comme exceptionnelle, de 0,6°C.
Pour le seul mois d’août 2022, les températures ont été « de loin les plus hautes » enregistrées, « à 1,72°C au-dessus de la moyenne 1991-2020 », a précisé Copernicus dans un communiqué. Les cinq années les plus chaudes au niveau mondial ont toutes été enregistrées depuis 2016, et ce nouveau record s’inscrit alors que les impacts du changement climatique se font de plus en plus sentir à travers le monde. « Le précédent record ne datait que d’un an », a ainsi souligné dans le communiqué Freja Vamborg, responsable scientifique de l’institut européen.
Sécheresse et incendies
Et de rappeler les conséquences catastrophiques de ce réchauffement : « La sécheresse et les incendies dans de nombreuses régions d’Europe ont affecté la société et la nature de diverses façons ». En matière d’incendies, les 27 pays de l’Union européenne avaient établi à la mi-août un record à ce stade de l’année depuis le début des données satellitaires en 2006, avec plus de 660.000 hectares brûlés. Des régions habituellement épargnées ont été touchées, comme dans l’ouest de la France la mythique forêt bretonne de Brocéliande.
La sécheresse affecte de son côté nombre de pays européens, avec des cours d’eau à sec et des restrictions dans certaines localités. Les conséquences en sont déjà ressenties sur le secteur agricole, faisant craindre pour les récoltes et des effets possibles sur une inflation déjà forte.
Les scientifiques alertent depuis de nombreuses années sur le fait que les conséquences du réchauffement climatique vont se multiplier à mesure que les températures moyennes montent. L’accord de Paris de 2015, principal traité en matière de lutte contre le changement climatique, fixe pour objectif de maintenir le réchauffement moyen mondial de l’atmosphère « nettement sous » 2°C et si possible à 1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle, quand ont commencé les émissions à grande échelle de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement.
Mais ce réchauffement a déjà atteint 1,2°C, et les engagements actuels des États en matière de réduction des émissions placent selon les experts de l’ONU le monde sur la trajectoire d’un réchauffement « catastrophique » de 2,7°C.
Les conséquences du réchauffement n’ont pas frappé que l’Europe, et l’été 2022 a matérialisé comme jamais la réalité du réchauffement climatique pour des milliards de personnes, avec des inondations dystopiques au Pakistan, ou des pluies diluviennes aux Etats-Unis. La Chine a elle aussi été frappée par les canicules et la sécheresse.
Mais si le thème du réchauffement s’est imposé dans le débat public et politique, la crise énergétique qui secoue le monde fait aussi craindre une nouvelle course vers les énergies fossiles, principale source du réchauffement. Pour preuve, la nouvelle Première ministre britannique Liz Truss a ainsi annoncé ce 8 septembre une politique de forage tous azimuts avec une relance de la fracturation hydraulique et un réexamen de la trajectoire vers la neutralité carbone.
AFP