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Changement climatique : la paix du monde en question

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2,1 milliards d’habitants, soit près de 25 % de la population mondiale seront impactés par des menaces écologiques d’ici 2050 : changement climatique, risques de catastrophes naturelles, insécurité alimentaire ou pénurie d’eau. Un chiffre dévoilé aujourd’hui par un rapport, l’Ecological Threat Register (ETR) qui mesure les menaces écologiques auxquelles les pays sont actuellement confrontés, avec des projections allant jusqu’en 2050. Un rapport unique en ce sens qu’il combine des mesures de résilience avec les données écologiques les plus complètes disponibles pour faire la lumière sur les pays les moins susceptibles de faire face à des chocs écologiques extrêmes, aujourd’hui et à l’avenir (1).

L’Ecological Threat Register analyse les risques liés à la croissance démographique, au stress hydrique, à l’insécurité alimentaire, aux sécheresses, aux inondations, aux cyclones, à la hausse des températures et au niveau de la mer dans 157 États et territoires indépendants. Dans ses prévisions pour les 30 prochaines années, le rapport prédit que 141 pays seront exposés à au moins une menace écologique d’ici 2050. Les 19 pays les plus menacés comptent une population combinée de 2,1 milliards d’habitants, ou près de 25 % de la population mondiale.

L’ETR analyse aussi les niveaux de résilience sociétale des pays afin de déterminer s’ils possèdent les capacités d’adaptation nécessaires pour surmonter les chocs écologiques futurs. Et le rapport révèle que plus d’un milliard de personnes vivent dans des pays qui n’ont probablement pas la capacité d’atténuer les nouvelles menaces écologiques et de s’y adapter, créant ainsi des conditions propices à des déplacements massifs de populations d’ici 2050.

Le constat

Les 19 pays qui présentent le plus grand nombre de menaces écologiques figurent également parmi les 40 pays les moins pacifiques au monde, dont l’Afghanistan, la Syrie, l’Irak, le Tchad, l’Inde et le Pakistan. Ainsi, plus d’un milliard de personnes vivent dans 31 pays dont la résilience est probablement trop faible pour contrer l’impact des événements écologiques qui frapperont d’ici 2050, ce qui contribuera au déplacement massif de la population.

L’Afrique subsaharienne, l’Asie du Sud, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord sont les régions qui font face au plus grand nombre de menaces écologiques.

D’ici 2040, 5,4 milliards de personnes, soit plus de la moitié de la population mondiale prévue, vivront dans les 59 pays qui connaissent un stress hydrique élevé ou extrême, tels que l’Inde et la Chine.

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3,5 milliards de personnes pourraient souffrir d’insécurité alimentaire d’ici 2050, soit 1,5 milliard de personnes de plus qu’aujourd’hui.

Le manque de résilience des pays dont traite l’ETR exacerbera l’insécurité alimentaire et la compétition pour les ressources, entraînant une augmentation des troubles civils et des déplacements massifs, ainsi qu’une croissance des flux de réfugiés dans les pays développés.

Le Pakistan est le pays qui abrite le plus grand nombre de personnes exposées au risque de déplacements massifs, suivi de l’Éthiopie et de l’Iran. En Amérique centrale, Haïti est celui qui présente le plus haut risque de déplacements massifs. Dans ces pays, même les menaces écologiques et catastrophes naturelles de petite ampleur pourront engendrer des déplacements massifs de population, perturbant la sécurité régionale et mondiale.

Les régions qui possèdent une forte résilience, comme l’Europe et l’Amérique du Nord, ne seront pas à l’abri des impacts globaux des menaces écologiques tels que les flux importants de réfugiés. Deux millions de personnes avaient fui vers l’Europe lors de la crise des réfugiés qui suivit les guerres syriennes et irakiennes. Ce déplacement massif a mis en évidence le lien entre les changements démographiques rapides et les troubles politiques et sociaux.

Toutefois, certaines régions comme l’Europe, les États-Unis et d’autres pays développés sont moins exposées aux menaces écologiques, tout en possédant un niveau de résilience supérieur pour y résister. De plus, il existe 16 pays qui ne sont confrontés à aucune menace, y compris certains pays développés comme la Suède, la Norvège, l’Irlande et l’Islande.

Pour Steve Killelea, fondateur et président exécutif de l’Institute for Economics & Peac, « Les menaces écologiques et le changement climatique posent de sérieux défis à la paix mondiale. Au cours des 30 prochaines années, l’accès insuffisant à la nourriture et à l’eau ne fera qu’augmenter si la communauté internationale ne commence pas de coopérer de toute urgence. En l’absence de mesures, il est fort probable que les troubles civils, les émeutes et les conflits augmentent. Le COVID-19 a déjà révélé des lacunes dans la chaîne alimentaire mondiale. »

Parmi les pays les plus exposés aux menaces écologiques, nombre d’entre eux verront probablement leur population croître de manière considérable, alors qu’ils ont déjà une difficulté à résoudre les problèmes écologiques existants. C’est le cas, par exemple, du Nigeria, de l’Angola, du Burkina Faso et de l’Ouganda. Ces pays souffrent déjà de pénuries de ressources, de faibles niveaux de paix et de taux de pauvreté élevés.

Steve Killelea ajoute : « Cela aura d’énormes répercussions sociales et politiques, non seulement dans les pays en voie de développement, mais aussi dans les pays développés. En effet, les déplacements massifs de population pousseront un plus grand nombre de réfugiés vers les pays les plus développés. Le changement écologique est la prochaine grande menace mondiale qui plane sur notre planète et la vie des gens. Nous devons débloquer le pouvoir d’agir des entreprises et des gouvernements pour renforcer la résilience des lieux les plus vulnérables. »

Insécurité alimentaire

La demande alimentaire mondiale devrait croître de 50 % d’ici 2050. Cela signifie que beaucoup plus de personnes seront exposées à la faim si l’approvisionnement en nourriture n’augmente pas de façon considérable. Aujourd’hui, plus de deux milliards de personnes dans le monde n’ont pas la certitude d’avoir accès à suffisamment de nourriture. Ce chiffre devrait atteindre 3,5 milliards de personnes d’ici 2050, une augmentation qui risque de détériorer la résilience mondiale.

Les cinq pays où l’insécurité alimentaire est la plus élevée sont la Sierra Leone, le Libéria, le Niger, le Malawi et le Lesotho. Dans ces pays, plus de la moitié de la population vit dans l’incertitude d’avoir suffisamment de nourriture pour rester en bonne santé. Le COVID-19 a aggravé les niveaux d’insécurité alimentaire et donné lieu à des hausses de prix substantielles, révélant la volatilité qui pourra résulter des changements écologiques futurs.

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Dans les pays à haut revenu, la sous-alimentation demeure élevée, atteignant un taux de 2,7 %. Autrement dit, une personne sur 37 n’a pas assez de nourriture pour fonctionner normalement. La sous-alimentation présente dans les pays développés découle de la pauvreté. La Colombie, la Slovaquie et le Mexique enregistrent les taux de sous-alimentation les plus élevés parmi les pays de l’OCDE.

Stress hydrique

Au cours de la dernière décennie, le nombre de conflits et d’incidents violents liés à l’eau a augmenté de 270 % dans le monde. Depuis 2000, la plupart des incidents ont eu lieu au Yémen et en Irak, soulignant le lien entre le stress hydrique extrême, la résilience et la paix. En effet, ces pays figurent parmi les pays les moins pacifiques selon l’indice mondial de paix 2020.

Aujourd’hui, 2,6 milliards de personnes subissent un stress hydrique élevé ou extrême, un chiffre qui atteindra 5,4 milliards de personnes d’ici 2040. La majorité de ces pays se situent en Asie du Sud, au Moyen-Orient, en Afrique du Nord (MENA), en Europe du Sud-Ouest et en Asie-Pacifique.
D’ici 2040, le Liban, Singapour, Israël et l’Irak rejoindront la liste des pays les plus touchés, tandis que la Chine et l’Inde auront elles aussi de fortes chances de subir du stress hydrique. Le nombre de conflits liés à l’eau ayant augmenté à plusieurs reprises par le passé, il est probable que le stress hydrique exacerbe les tensions tout en détériorant la résilience mondiale.

Catastrophes naturelles

Les changements climatiques, en particulier le réchauffement des températures mondiales, augmentent la probabilité de catastrophes naturelles liées aux conditions météorologiques telles que les sécheresses, en plus de rendre les tempêtes plus intenses et les moussons plus humides. Si les catastrophes naturelles continuent de se produire au rythme que lors des dernières décennies, elles risquent de déplacer 1,2 milliard de personnes dans le monde d’ici 2050. L’Asie-Pacifique a enregistré le plus grand nombre de décès liés aux catastrophes naturelles, soit plus de 581 000 depuis 1990. Les catastrophes les plus meurtrières dans la région sont les tremblements de terre, qui ont fait plus de 319 000 victimes, suivis de tempêtes, dont le bilan s’élève à 191 000 victimes.

Les catastrophes naturelles qui sévissent le plus fréquemment depuis 1990 sont les inondations, qui représentent 42 % des catastrophes recensées. En Chine, l’événement le plus grave fut les inondations et les glissements de terrain de 2010, qui avaient entraîné le déplacement de 15,2 millions de personnes. En Europe également, les inondations sont les catastrophes naturelles les plus fréquentes, représentant 35 % des catastrophes enregistrées dans la région, un chiffre qui devrait augmenter. 

19 des pays cités dans l’ETR risquent de voir leur niveau de la mer s’élever et un tel phénomène peut toucher au moins 10 % de leur population. Au cours des trois prochaines décennies, cela aura des conséquences importantes dans les zones côtières à basse altitude de la Chine, du Bangladesh, de l’Inde, du Vietnam, de l’Indonésie et de la Thaïlande, et dans les villes qui comptent un grand nombre d’habitants comme Alexandrie en Égypte, La Haye aux Pays-Bas et Osaka au Japon.

L’aide au développement peut agir comme mécanisme pour renforcer la résilience des pays en voie de développement face aux chocs écologiques tels que les sécheresses, le stress hydrique et l’insécurité alimentaire. Le montant de l’aide climatique a été multiplié par 34 entre 2000 et 2018, passant d’un milliard à 34 milliards de dollars américains et est principalement dépensé en Afrique subsaharienne, en Asie du Sud et en Asie-Pacifique. En 2018, l’aide climatique versée à l’Inde a atteint 6,5 milliards de dollars, la plus haute somme jamais reçue. Mais, malgré l’augmentation considérable de l’aide, celle-ci reste bien inférieure aux montants nécessaires pour régler les problèmes à venir à long terme.

(1) Ce rapport est publié par l’Institute for Economics & Peace (IEP, Institut d’économie et de la paix), qui établit des indices tels que l’indice mondial de la paix et l’indice mondial du terrorisme.

 

1 Commentaire
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fvallaeys01@gmail.com
2 années

les liens ne fonctionnent pas 🙁

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