Le chef de la politique étrangère de l’Union européenne, Josep Borrell, a déclaré au Parlement européen qu’un milliard de dollars « peut sembler beaucoup », mais c’est « ce que nous payons à Poutine chaque jour ». L’UE a donné 35 milliards d’euros à Poutine pour l’approvisionnement en énergie depuis le début de sa guerre et 1 milliard d’euros pour financer la défense de l’Ukraine, a fait observer le plus haut diplomate de l’Union.
Josep Borrell, responsable de la politique étrangère de l’UE, a fait cette comparaison dans un discours sans détour devant le Parlement européen, alors qu’il exhortait l’Europe à envoyer davantage d’armes en Ukraine pour aider à mettre fin à la guerre. « Nous devons continuer à armer l’Ukraine. Nous avons besoin de moins d’applaudissements et de plus d’assistance », a-t-il déclaré. L’UE s’est engagée à verser 1 milliard d’euros d’aide militaire à l’Ukraine, ce qui « peut sembler beaucoup », mais « 1 milliard d’euros, c’est ce que nous payons chaque jour à Poutine pour l’énergie qu’il nous fournit. Depuis le début de la guerre, nous lui avons donné 35 milliards d’euros. Comparez cela aux 1 milliard d’euros que nous avons donnés à l’Ukraine en armes. »
Il a fait ces commentaires alors que l’UE débattait ce 5 avril d’une cinquième série de sanctions contre la Russie. L’interdiction des importations de charbon en provenance de ce pays, d’une valeur de 4 milliards d’euros, devrait être annoncée prochainement. Les travaux de l’UE sur les sanctions se sont intensifiés à mesure que les responsables réagissaient aux informations en provenance de Boutcha et d’autres villes ukrainiennes où des civils ont été assassinés, torturés, violés et maltraités.
La Pologne et les États baltes font valoir que l’interdiction de l’énergie devrait également viser les exportations de pétrole et de gaz de la Russie, beaucoup plus lucratives, mais ils se sont heurtés à la résistance de l’Allemagne, de l’Autriche et de la Hongrie opposés à une action immédiate. L’UE importe 41 % de son gaz et 27 % de son pétrole de Russie, mais ces chiffres sont beaucoup plus élevés dans certains États membres.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui devrait se rendre à Kiev avec M. Borrell dans les prochains jours, a promis que les dernières sanctions ne seraient pas les dernières. « Maintenant, nous devons nous pencher sur le pétrole et nous devrons examiner les revenus que la Russie tire des combustibles fossiles ». Les fonctionnaires de l’UE, a-t-elle dit aux députés, étudieront une idée estonienne selon laquelle les paiements pour le gaz russe seraient placés sur un compte séquestre, c’est-à-dire entre les mains d’une tierce partie, dans le but de limiter les revenus de l’État russe qui pourraient financer l’effort de guerre.
L’autonomie énergétique de l’Europe passe par les énergies renouvelables, a déclaré M. Borrell, qui a déploré le fait que l’UE soit devenue dépendante des combustibles fossiles fournis par les régimes répressifs à ses frontières.
Avec The Guardian