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Production d’électricité dans l’UE : l’éolien et le solaire dépassent les énergies fossiles. Une première !

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Selon un rapport du centre d’études britannique Ember, la production électrique éolienne et solaire a dépassé les énergies fossiles dans l’UE, une première. Le premier semestre de l’année montre que les énergies renouvelables enregistrent des gains qui vont au-delà des variations temporaires des conditions. Nous assistons à un changement historique qui se produit rapidement. Si les États membres parviennent à maintenir l’élan du déploiement de l’énergie éolienne et solaire, l’affranchissement de la dépendance à l’égard de l’énergie fossile commencera vraiment à se faire sentir.

Dans ce rapport publié ce mardi 6 août, le centre d’analyse et de réflexion sur le climat et l’énergie révèle que la production solaire a augmenté de 20 % (+ 23 TWh) et celle de l’éolien de 9,5 % (+ 21 TWh) par rapport aux six premiers mois de 2023. Le système électrique de l’UE a ainsi poursuivi sa transition rapide vers les énergies renouvelables, en particulier l’énergie éolienne et solaire. La dépendance à l’égard des combustibles fossiles a atteint un niveau historiquement bas au premier semestre de cette année, alors même que la demande d’électricité a augmenté et que les prix de l’électricité sont revenus à leurs niveaux d’avant la crise. La dynamique de la transition vers les énergies propres se propage : près de la moitié des États membres ont produit plus d’électricité à partir de l’énergie éolienne et solaire qu’à partir de combustibles fossiles au cours des six premiers mois de l’année 2024.

Près de la moitié de la croissance de la production éolienne provient de deux pays seulement : Allemagne (+5,5 TWh, +8,4 %) et Pays-Bas (+4,6 TWh, +35 %). La croissance de l’énergie solaire est plus généralisée, avec de fortes augmentations de capacité entraînant d’importantes augmentations de la production dans toute l’UE, notamment en Allemagne (+4,5 TWh, +14 %), en Espagne (+2,7 TWh, +13 %), en Italie (+2,6 TWh, +17 %) et en Pologne (+2,4 TWh, +37 %). La croissance relative a été encore plus rapide dans d’autres pays, la production solaire de la Hongrie ayant augmenté de 49 % (+1,5 TWh) au premier semestre 2024 par rapport à la même période en 2023.

Le solaire et l’éolien produisent désormais 13 % de l’électricité mondiale

Le solaire et l’éolien produisent désormais 13 % de l’électricité mondiale, soit plus du double depuis 2015, date de la signature de l’accord de Paris. Ensemble, les sources propres ont généré près de 40 % de l’électricité mondiale. En conséquence, l’intensité en CO2 de la production mondiale d’électricité a atteint un nouveau record à la baisse en 2023, soit 12 % de moins que le pic atteint en 2007.

Les combustibles fossiles fournissent encore 61 % de l’électricité mondiale – et le charbon reste la plus grande source d’électricité et le plus grand émetteur de l’économie mondiale – mais la croissance extraordinaire de l’énergie solaire et éolienne a contribué à ralentir la croissance des combustibles fossiles de près de deux tiers au cours des dix dernières années.

En conséquence, la moitié des économies mondiales ont déjà dépassé d’au moins cinq ans le pic de production d’électricité à partir de combustibles fossiles. Les pays de l’OCDE sont à l’avant-garde de cette évolution, les émissions du secteur de l’électricité ayant atteint collectivement leur maximum en 2007 et chuté de 28 % depuis lors. Plus important encore, la Chine devrait connaître un déclin des combustibles fossiles en 2024.

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Pour les économies émergentes qui connaissent une croissance rapide de la demande, le pic est encore loin. Néanmoins, la Global Electricity Review d’Ember prévoit que le monde dans son ensemble devrait connaître une baisse de la production d’énergie fossile – et donc des émissions du secteur de l’électricité – en 2024.

L’avenir du solaire en France

Le nucléaire français
La principale source d’électricité à faible teneur en carbone de la France est le nucléaire (65 %). La part de l’éolien et du solaire (14 %) est supérieure à la moyenne mondiale (13 %), mais nettement inférieure à celle de son voisin et membre du G7, l’Allemagne (39 %), ainsi qu’à la moyenne de l’Union européenne (27 %).

Les Français sont naturellement fiers de leur parc nucléaire. En 1974, après le premier choc pétrolier, le gouvernement français a décidé d’accroître rapidement la capacité nucléaire du pays. En seulement 14 ans, la France a construit 58 réacteurs pour un coût d’environ 140 milliards d’euros en monnaie actuelle.
Leurs 56 réacteurs fournissent depuis des décennies une énergie à faible émission de carbone et à un coût relativement faible. Aucun autre pays ne tire autant d’énergie du nucléaire que la France, et la plupart des Français ne souhaitent pas que cela change.

Mais 2022 a marqué un tournant pour l’énergie française. Pour la première fois, la France est devenue un importateur net d’électricité. Cela s’explique par le faible niveau des eaux des rivières, la limitation de la capacité de refroidissement des réacteurs et des opérations de maintenance imprévues dues à des problèmes de corrosion. Le président Macron a réagi en nationalisant EDF et en subventionnant les prix de l’énergie à hauteur de 70 milliards d’euros (selon le Financial Times).

Aujourd’hui, EDF est accablée d’une dette de 54 milliards d’euros, qui ne fait qu’aggraver la situation déjà grave de la France (110 % de dette par rapport au PIB), ce qui augmente le coût de l’emprunt. Dans le même temps, EDF a revu à la hausse son estimation du coût de la construction de six nouveaux réacteurs nucléaires à 67,4 milliards d’euros. Un cadre supérieur d’EDF explique que l’entreprise était devenue très efficace dans la gestion des centrales nucléaires, mais qu’elle ne l’était plus dans leur construction. Il a fallu 16 ans pour construire Flamanville, pour un coût de 13 milliards d’euros, contre 3 milliards initialement estimés. Malheureusement, les centrales nucléaires sont en tête de liste de la loi d’airain des grands projets du professeur Bent Flyvberg : « dépassement du budget, dépassement du délai, sous-performance, encore et encore ».

Comparez cela avec la façon dont le stockage solaire et par batterie a bénéficié de la loi de Wright.

En 1936, Theodore Wright, un ingénieur aéronautique, a fait une observation convaincante. Il étudiait le coût de fabrication des avions. Plus ils construisaient d’avions, plus ils découvraient d’améliorations de processus, et ces améliorations de processus se traduisaient par des avions moins chers et une demande accrue, dans un cercle vertueux. Chaque fois que le taux de production des avions doublait, le coût diminuait de 20 %.

En 1976, l’année où les Français construisaient leur nouveau parc de centrales nucléaires, le prix d’un système solaire, corrigé de l’inflation, était de 106 dollars par watt. Au cours des 50 dernières années, le prix du solaire a chuté à 0,38 dollar par watt, soit une baisse de 99,6 %. En revanche, les coûts de l’énergie nucléaire ont augmenté de 30 à 40 % en raison de ce que le MIT (ce document) appelle les « coûts indirects ».

La France, leader de la nation solaire
La France a le potentiel pour devenir le premier pays européen en matière d’énergie solaire : elle dispose des terres, du soleil et d’une demande massive de la part d’une population nombreuse. Mais la transition ne sera pas simple. Actuellement, la France dispose de moins de panneaux solaires installés que les Pays-Bas, un pays dont la population représente seulement un quart de sa population.

En France, les préoccupations esthétiques freinent le déploiement rapide de l’énergie solaire. Heureusement, il est possible d’accélérer le déploiement de l’énergie solaire sans abîmer les terres vierges. Une nouvelle loi rend obligatoire la couverture des abris pour voitures ; les terrains situés le long des voies ferrées et des autoroutes sont une option, tout comme les terres agricoles, qui représentent 52 % du territoire français.

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Des études montrent que certaines cultures prospèrent sous les panneaux solaires… et pas seulement les cultures. Pour exemple, un agriculteur sud-africain qui loue des terres à une ferme solaire : le producteur d’électricité indépendant (IPP) lui verse un loyer mensuel fixe et les panneaux surélevés permettent aux moutons de paître à l’ombre. De plus, la condensation des panneaux arrose l’herbe en été. Il ne pourrait pas être plus heureux.

À mesure que nous passerons des combustibles fossiles à l’électricité, les panneaux solaires deviendront monnaie courante et nous les accepterons de plus en plus. Ce qui est le plus enthousiasmant, c’est la manière dont le stockage solaire et sur batterie sera de plus en plus intégré dans les flottes commerciales et industrielles de camionnettes, de camions et de bus, qui doivent être à zéro émission d’ici 2030 dans la plupart des villes européennes.

La France vise 34 % d’électricité renouvelable d’ici à 2030, tandis que le scénario « Net Zero Emissions » de l’AIE fixe un objectif mondial de 60 % d’électricité renouvelable d’ici à 2030.

La vitesse à laquelle les émissions diminueront au cours de la décennie à venir n’est pas encore déterminée. Tout dépend des mesures prises aujourd’hui par les gouvernements, les entreprises et les citoyens pour mettre le monde sur la voie de l’énergie propre – d’ici à 2035 dans les économies matures et d’ici à 2045 dans le reste du monde.

Le plan Solaire 2024

C’est officiel, suite à la flambée des prix de l’énergie et notamment celui de l’électricité, l’État français lance un nouveau dispositif simplifié à destination des propriétaires de maison : le Plan Solaire 2024. Le gouvernement a débloqué ce mercredi 7 août un total de 9,1 milliards d’euros supplémentaires pour équiper les foyers français en panneaux solaires. Ce plan prévoit diverses aides financières destinées à faciliter l’autoconsommation d’énergie dans chaque foyer de France. Particuliers et entreprises peuvent bénéficier de ces subventions pour l’installation de panneaux solaires, à condition de respecter les critères d’éligibilité et les nouvelles réglementations.
Objectif : en facilitant l’accès aux énergies vertes à des millions de foyers en France, l’État prévoit de multiplier par cinq les installations solaires, en fixant à 6 GW annuels d’ici à 2025, pour atteindre 100 GW d’ici à 2050.

Le Plan Solaire 2024 inclut également la TVA à 10 % lorsque l’installation photovoltaïque ne dépasse pas 3 kWc de puissance, ce qui permet de réduire le coût des panneaux solaires. Enfin, un signal positif aux auto-producteurs de demain.
Dans le cas où le dispositif présenterait une puissance supérieure à 3 kWc, la TVA à 20 % reste malheureusement inchangée.

Ce qui change en 2024 c’est la vente et le rachat de l’électricité produite par l’installation photovoltaïque. En investissant dans des modules, on a le choix entre utiliser la production énergétique à des fins personnelles ou revendre le surplus ou la totalité sur le réseau public, en accord avec la réglementation des panneaux solaires.
On peut également stocker une partie de cette électricité dans une station électrique portable, ce qui permet de bénéficier d’une réserve de courant en cas de besoin.

___________________

L’objectif mondial de tripler la capacité des énergies renouvelables d’ici à 2030, convenu lors de la COP28, fixe le niveau d’ambition requis. Cet objectif permettrait au monde d’atteindre 60 % d’électricité renouvelable d’ici à 2030, ce qui réduirait de près de moitié les émissions du secteur de l’électricité et placerait le monde sur une trajectoire alignée sur l’objectif climatique de 1,5C. Les gouvernements prévoient déjà de doubler cet objectif, et les dernières tendances en matière d’énergies renouvelables devraient nous inciter à revoir nos ambitions à la hausse.

Avec le retour des prix de l’électricité aux niveaux d’avant la crise, l’Europe ne peut pas compter sur le seul marché pour accélérer le déploiement des énergies renouvelables. Des systèmes d’incitation bien conçus et mis en œuvre resteront importants pour maintenir l’élan, comme le montre l’impressionnante expansion de l’énergie solaire qui se poursuivra notamment en Allemagne en 2024. Les obstacles non liés au marché, tels que les contraintes de capacité du réseau, doivent également être surmontées. Cela est évident aux Pays-Bas, où le réseau a eu du mal à suivre le rythme de l’essor de l’énergie solaire dans le pays.

Des progrès ont déjà été accomplis dans l’élaboration de politiques visant à relever ces défis, mais une action rapide est nécessaire pour accélérer la croissance des renouvelables. La reconduction d’Ursula von der Leyen à la présidence de la Commission européenne confirme la poursuite du mandat visant à accélérer la croissance des énergies renouvelables et de la mise en œuvre des objectifs ambitieux du « Green Deal », car elle reste fermement attachée au rôle de chef de file de l’UE en matière de lutte contre le changement climatique.
Une intervention réfléchie et rapide pour atteindre ces objectifs est le seul moyen de réduire encore les émissions de gaz à effet de serre en Europe, de réduire davantage la dépendance coûteuse de l’Europe à l’égard de la production d’énergie fossile et d’aligner les objectifs énergétiques de l’UE avec ses obligations en matière de climat.

Sources :
IRENA 2020 pour toutes les données sur les sources renouvelables
Autonomy.paris
Think Tank ember

Pour aller plus loin

  • Evénement Global Decarbonization en mars 2025 à la Porte de Versailles – Paris, visant à réunir les acheteurs et les vendeurs de technologies renouvelables.

Photo d’en-tête : Centrale solaire en France – Photo de Mny-Jhee/iStock

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