A l’heure où la déréglementation des tarifs de l’énergie s’accélère, Yann Leblond, Président de E-nergy, signe ici une tribune libre sur un élément souvent méconnu qui devrait trouver sa place au centre des débats : la part de nos factures consacrée aux abonnements et derrière elle, la possibilité de réaliser des économies substantielles.
Aujourd’hui, une grande partie de l’énergie que nous consommons pour éclairer, chauffer et climatiser les bâtiments, est produite de manière centralisée et distribuée grâce à des réseaux. Raccorder un bâtiment à ces réseaux présente au moins deux avantages : d’une part un gain considérable en matière de sécurité (l’énergie n’est plus produite au pied de nos immeubles), d’autre part la possibilité de créer un mix énergétique composé d’énergies renouvelables. Bien sûr, ces raccordements impliquent des investissements tant au niveau des systèmes de production centralisés que des infrastructures de distribution. Installation, maintenance, grands renouvellements, le réseau de transport de l’énergie s’étend sur des milliers de kilomètres principalement financé par nos abonnements (et les taxes qu’ils contiennent). Mais nos factures sont peu transparentes à ce sujet et la part de l’abonnement évolue entre 20 et 80% de la facture totale selon l’énergie concernée !
En effet, le prix de l’abonnement n’est pas seulement calculé sur la base des investissements réalisés. Il est surtout calculé en fonction des besoins annuels spécifiques d’un bâtiment en matière d’électricité, de chaleur et/ou de froid. Dans le cas d’un bâtiment en construction, cette puissance est estimée par des bureaux d’étude. Quand il s’agit d’un bâtiment existant, les propriétaires font en général appel à leur chauffagiste ou à leur fournisseur d’énergie. Or on constate un réel problème de surdimensionnement des besoins, avec une conséquence lourde : l’abonnement est immanquablement et durablement surfacturé (certains contrats durent parfois jusqu’à 30 ans !).
S’il est bien évidemment nécessaire – et d’usage – de prévoir une légère surpuissance pour anticiper des variations d’usage ou encore des épisodes climatiques exceptionnels, il faut également dénoncer les excès pratiqués. Car sur le terrain, le constat est impressionnant avec des surdimensionnements des besoins de 50% en moyenne et pouvant atteindre 180% ! Ne comptez pas sur les fournisseurs d’énergie pour vous signaler que votre contrat ne correspond pas à vos besoins réels.
A l’heure de l’efficacité énergétique, construire des immeubles éco-performants mais mal calibrer son contrat de raccordement pour in fine payer les mêmes factures que dans l’ancien est un paradoxe aberrant.
Soyons transparents, les économies d’énergie ne se trouvent pas uniquement dans notre manière de consommer, mais aussi dans l’évaluation des besoins. Avec des contrats qui peuvent courir jusqu’à 30 ans, ces abonnements représentent un gisement d’économie loin d’être négligeable. Par exemple, pour un immeuble de 3 000 m2 de bureaux et commerces restructuré dans Paris, la renégociation du contrat de climatisation en réseau a permis de générer des économies de 10 € / m2.
Copropriétés, promoteurs immobiliers, bailleurs sociaux, foncières, collectivités publiques… à tous les acteurs du bâtiment, ne vous focalisez pas que sur vos volumes de consommation, intéressez-vous aussi à vos abonnements.
Yann Leblond, Président d’E-nergy
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