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alimentation et climat

Le climat est sensible à nos coups de fourchettes

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Cette année la thématique choisie par le salon de l’agriculture, qui s’est ouvert samedi à Paris, est « Agriculture et alimentation citoyenne ». À cette occasion, le Réseau Action Climat rappelle comment, à travers nos choix et nos pratiques alimentaires, nous pouvons avoir un fort impact dans la lutte contre les changements climatiques.
 
L’Accord de Paris qui a été adopté en décembre 2015 lors de la COP 21 a fixé l’objectif ambitieux de maintenir en deçà de 2°C, voire 1,5°C, l’élévation de la température moyenne mondiale à l’horizon 2100. Les secteurs de l’agriculture et de l’alimentation, accompagnés par les pouvoirs publics, peuvent et doivent participer à ces objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Mais pour cela, nous, citoyens, devons être parties prenantes de ces efforts de lutte contre les changements climatiques et soutenir la conversion écologique de notre agriculture à travers nos choix alimentaires.
 
A cette occasion, le Réseau Action Climat propose quelques conseils accessibles à tous pour passer à l’action. Que tout le monde puisse apporter son coup de fourchette dans la lutte contre les changements climatiques !

L’essentiel sur les liens entre alimentation et climat

Nous savons l’importance que revêt la thématique de l’alimentation pour la population française, que ce soit pour ses aspects culturels, de santé et nutrition ou encore ses impacts environnementaux. Il semble donc primordial d’apporter des éclairages étayés sur les émissions de gaz à effet de serre liées à notre alimentation et surtout les moyens de les réduire.
Quelques mois après la tenue de la COP 21 à Paris, il est maintenant nécessaire de passer de la parole aux actes. Le salon de l’agriculture est le moyen de rappeler toute l’importance que revêtent les secteurs agricoles et alimentaires dans la lutte contre les changements climatiques.
Notre alimentation est responsable de 36 % de nos émissions de gaz à effet de serre, du champ à l’assiette et jusqu’à l’élimination des déchets. Il est possible de réduire fortement cet impact en modifiant notre façon de manger, de consommer, de cuisiner … et de nous déplacer. Certaines formes d’agriculture émettent plus de gaz à effet de serre que d’autres. Les formes d’agriculture réellement écologique (notamment l’agriculture biologique), peu intensive en produits chimiques et en importation, sont le moins nocives pour le climat. Et par nos choix alimentaires, nous pouvons soutenir l’une, ou bien l’autre.
 
Le Réseau Action Climat rappelle que les choix agricoles les plus écologiques sont aussi ceux qui permettent aux agriculteurs d’être plus forts face à la crise. Les agricultures les plus écologiques sont également celles qui sont les plus pourvoyeuses d’emplois. En Europe, la surface des zones cultivées en agriculture biologique a augmenté de 500.000 hectares en un an. 

LIRE AUSSI DANS UP’ : L’agriculture est-elle en crise alors que le bio pourrait nourrir 9 milliards d’humains en 2050 ? 

L’alimentation représente les trois quarts des émissions de gaz à effet de serre liées au panier de consommation des Français, soit 2,09 tonnes de gaz à effet de serre (en équivalent CO2) par an et par personne. Cela correspond à 1,18 tonne liée aux aliments produits en France, 0,91 tonne importée et 0,1 tonne liée à la cuisson.
Rapportées à l’ensemble des émissions individuelles, y compris celles liées au transport et au logement, les émissions de gaz à effet de serre liées à notre alimentation représentent, proportionnellement, 23%.
 
Ces émissions varient beaucoup en fonction de notre régime alimentaire et du type d’agriculture dont proviennent les produits que nous achetons. Les systèmes agricoles très industriels sont plus émissifs en gaz à effet de serre car ils entraînent des importations d’alimentation pour les animaux, la fabrication de produits chimiques, et notamment d’engrais azotés qui sont les plus nocifs pour le climat, ou encore une importante utilisation d’énergie.
Nos choix alimentaires peuvent donc faire la différence. Alors, concrètement, comment mettre son alimentation au service du climat ?

Comment manger climato-compatible…tout en faisant des économies et en préservant ma santé, à la maison, au restaurant et même à la cantine ?

En fin de brochure du Réseau Action Climat, deux pistes de réflexion sont ouvertes. La première porte sur la question de la restauration (cantine, restaurant d’entreprise, restaurant), essentielle car elle offre une possibilité d’action collective aux Français qui prennent, en moyenne, un repas sur six hors de leur domicile. La seconde propose un tableau permettant de calculer les émissions de gaz à effet de serre de nos repas, à partir de trois menus types.
 
 
Des gestes concrets sont accessibles à tous
 
– Réduire le gaspillage alimentaire : veiller aux dates de péremption, cuisiner les restes, se servir à sa faim, etc. ;
– Réduire la quantité de calories et de protéines par personnes ;
– Préférer des aliments de saison, peu transformés et peu emballés (préférer le vrac, l’eau du robinet, éviter les portions individuelles, etc.) ;
– Préférer des produits frais ou en bocaux (les produits surgelés nécessitent beaucoup d’énergie et notamment du gaz frigorigène, un puissant gaz à effet de serre) ;
– Préférer les aliments issus de l’agriculture biologique, AOP, Label Rouge, acheter directement chez un paysan dont on connaît les pratiques, n’utilisant pas de produits chimiques et consommant peu d’énergie ;
– Remplacer tout ou partie des protéines animales (viande bovine surtout, mais aussi autres viandes, œufs, produits laitiers, etc.) par des protéines végétales : céréales complètes (pain, pâtes, etc.) et légumineuses (lentilles, pois chiches, fèves, haricots, petits pois, pois cassés, soja, etc.), fruits secs (noix, noisettes, amandes, etc.), graines germées, etc.
 
Pour exemple, l’association Solagro a réalisé un scénario de transition agricole et alimentaire permettant d’atteindre une division par deux des émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole d’ici à 2050, le scénario « Afterres2050 ». Ce scénario propose un régime alimentaire soutenable, avec moins de viande et de produits laitiers et plus de légumes secs (lentilles, pois chiches, haricots, etc.), de fruits secs (noix, noisettes, amandes, etc.), de fruits et légumes frais, de céréales complètes, mais aussi davantage de produits bio.
Une bonne direction pour commencer à réellement s’attaquer à nos émissions de gaz à effet de serre liées à notre alimentation. Quand en plus on sait que, pour des raisons de santé, cette baisse de notre consommation de viande est devenue nécessaire, il n’y a plus de raison d’hésiter. Même le porte-monnaie s’y retrouve. C’est grâce à l’économie réalisée par la baisse de la consommation de viande (mais aussi des produits très transformés et emballés notamment) que nos achats pourront être redirigés vers des produits de qualité, meilleurs pour la santé et pour le goût.
 
 
Le Réseau Action Climat pointe par ailleurs le paradoxe suivant : la production agricole mondiale suffirait à nourrir plus de 10 milliards d’habitants ; or quelque 800 millions de personnes souffrent quotidiennement de la faim, notamment en raison d’une « concurrence déloyale » sur les marchés alimentaires, et du « fait que près de la moitié des céréales cultivées dans le monde sert à nourrir les animaux d’élevage ». On revient là sur une bizarrerie contemporaine : on trouve de tout et en toute saison sur les étals destinées aux consommateurs riches. Cette disponibilité a un coût climatique exorbitant : une tomate produite hors saison sous serre chauffée, par exemple, « émet jusqu’à dix fois plus de gaz à effet de serre qu’une tomate produite sous serre non chauffée en saison ! » 
 

Il existe un concept appelé « souveraineté alimentaire des peuples« (1) ou le droit des peuples à décider de leurs politiques agricoles : un développement en faveur d’une alimentation de qualité qui soit saine et accessible, et assise sur des productions relocalisées, sur l’origine des produits agricoles (ou de la mer), transformés ou non (étiquetages), le droit à la protection des marchés domestiques, le principe de précaution, de vrais mécanismes internationaux de participation démocratique, la priorité à la production alimentaire domestique, entre autres. 
La nourriture et l’agriculture sont essentielles partout, tant pour une production et un approvisionnement en nourriture saine suffisants, qu’en tant que fondement des communautés, des cultures et de milieux sains. 
 
 
Pour preuves, ces nombreuses initiatives partout dans le monde qui voient vu le jour comme ces associations et activistes luttant contre le gaspillage alimentaire un peu partout dans le monde et même en France, à l’image de Disco Soupe.
Des associations et groupements se mettent en place pour lutter contre le gaspillage alimentaire dans les supermarchés : c’est le cas de Pig Idea à Londres, Food Recovery Network aux Etats-Unis, mais également de restaurants, d’universités et de supermarchés eux-mêmes. La Belgique a déjà interdit le gaspillage alimentaire dans les supermarchés et en France ce n’est pas encore le cas même si petit à petit une sensibilisation est effectuée.
L’alimentation durable c’est aussi empêcher le gâchis et partager les ressources, d’où le développement d’initiatives comme Incredible Edible : des légumes en libre-service dans les villes, en France ou au Royaume-Uni par exemple.
Sans oublier la permaculture, l’hydroponie (la culture sans terre), l’agroécologie, la pêche durable ou les projets de protection des semences, comme le 
Svalbard Global Seed Vault en Norvège, ou ou le Kew Royal Botanic Gardens au Royaume-Uni …
 
(1) La souveraineté alimentaire, principe alternatif au mouvement néolibéral, développé en 1996 par le mouvement paysan international, la Via Campesina, désigne « le droit des populations, de leur pays ou Unions à définir leur politique agricole et alimentaire, sans dumping vis-à-vis des pays tiers ». La souveraineté alimentaire se distingue de la notion de sécurité alimentaire définit par l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) comme l’accomplissement de « l’accès à une alimentation suffisante, sûre et nutritive pour toutes les personnes ». Et dénonce les limites des politiques néolibérales pour assurer un accès à une alimentation saine et nutritive ainsi que les pratiques de l’agriculture industrielle et des multinationales.
 
 
 
 

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