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Changement climatique et alimentation : Quelles actions prioritaires ?

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Les changements climatiques constituent une menace pour la sécurité alimentaire. Or il y aura 9 milliards d’humains à nourrir en 2050. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), il faudra accroître de 70 % la production alimentaire dans les trente-cinq prochaines années pour nourrir notre planète. Quelles sont les stratégies et les politiques qui pourraient aider à résoudre ce problème ?
 
La demande alimentaire mondiale devrait augmenter d’au moins 60% en 2050 par rapport aux niveaux de 2006. Sans adaptation au changement climatique, il ne sera pas possible d’assurer la sécurité alimentaire pour tous et d’éradiquer la faim, la malnutrition et la pauvreté car les augmentations de la population seront concentrées dans les régions où la malnutrition est la plus élevée et la vulnérabilité aux impacts du changement climatique la plus forte.
 

Impacts et conséquences du changement climatique sur l’agriculture

 
Les impacts des changements climatiques se traduisent par des phénomènes météorologiques plus extrêmes et fréquents, des vagues de chaleur, des sécheresses et une élévation du niveau de la mer. Ces impacts ont déjà un effet alarmant sur l’agriculture et des implications pour la sécurité alimentaire. Dans les régions tropicales en voie de développement, les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire des ménages et des communautés vulnérables sont déjà affectés.
 
Un accroissement de ces impacts rendrait presque impossible une adaptation adéquate par les secteurs agricoles dans de nombreux endroits et entraînerait des baisses drastiques de la productivité. Les changements climatiques exerceront également une pression sur les pêches et l’aquaculture – qui fournissent au moins 50% de protéines animales à des millions de personnes dans les pays à faible revenu. Parmi les plus vulnérables, il y a les régions qui subissent déjà une forte insécurité alimentaire et dont les plus pauvres à la fois urbains et ruraux sont soumis à des prix alimentaires plus élevés et plus volatils, en particulier les petits producteurs. Ce serait particulièrement grave en Afrique subsaharienne, en partie parce que sa population est plus dépendante de l’agriculture.
 

Dans quelle mesure l’agriculture contribue-t-elle aux émissions de gaz à effet de serre ?

 
L’agriculture représente au moins 20% des émissions totales de gaz à effet de serre. Les changements dans l’utilisation des terres, tels que la conversion des forêts en pâturages ou les terres cultivées, et la dégradation des sols, tels que celle causée par le surpâturage, induisent des pertes de matière organique au-dessus et dans le sol, ce qui accroît les émissions de CO2.
 
L’élevage et la production végétale entraînent également des émissions de méthane et d’oxyde nitreux, deux autres puissants gaz à effet de serre.
D’autres émissions du système alimentaire dans son ensemble sont générées par la fabrication de produits agrochimiques (e.a. engrais) et par l’utilisation d’énergie fossile dans les pratiques agricoles, le transport des récolte et produits, leur traitement et la vente au détail.
 

Quels sont les défis et les principales priorités identifiés par la FAO pour une agriculture plus durable dans un contexte de changement climatique ?

 
La FAO a identifié quatre principaux défis à l’égard d’une approche « agriculture intelligente pour le climat » (AIC), qui serait plus durable et résiliente :
– une diversification et une meilleure intégration des systèmes de production alimentaire dans la complexité des processus écologiques ;
– des prix de transaction plus élevés de manière à surmonter la précarité de la production et la réduction des ressources, en particulier pour les femmes en milieu rural, ce qui devrait permettre d’améliorer leur accès à des conseils et recommandations adéquats ;
– développer des programmes de protection sociale ;
– réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES).
 

Quelles sont les actions et les politiques prioritaires à mettre en œuvre ?

 
La priorité est une réorientation des politiques de développement agricole et rural qui actualise les incitants et abaisse les obstacles à la transformation des systèmes alimentaires et agricoles. 
Plus précisément via :
– une combinaison d’adaptations passant par l’intensification durable et la diversification de la production agricole intégrant la création d’opportunités en dehors des fermes, tant sur le plan local qu’avec le renforcement des liens entre communautés urbaines et rurales. Cette diversification améliorerait la résilience des agriculteurs, ce qui réduirait l’impact des chocs climatiques sur leurs revenus ;
– un accès beaucoup plus large aux technologies, au crédit, aux investissements intelligents et à l’information pour les petites exploitations agricoles dans les pays en développement – environ 475 millions. Ceci de manière à ajuster leurs systèmes et pratiques de production aux changements climatiques, rendant les moyens de subsistance des populations rurales plus résilientes.
– la réduction des pertes et des déchets alimentaires, l’augmentation de l’efficacité de l’utilisation des ressources et le rééquilibrage des régimes alimentaires vers des aliments moins carnés apporteront également une contribution importante dans cette direction, avec des bénéfices probables aussi pour la santé humaine ; 
– des instruments de protection sociale bien conçus assurant une prévisibilité et une régularité et en harmonie avec d’autres formes de gestion des risques climatiques, ceci afin de permettre aux ménages de mieux gérer ces risques et de s’engager dans des moyens de subsistance et des activités agricoles plus rentables qui leur garantissent un revenu minimum ou un accès à la nourriture ;
– la réduction des risques de catastrophe qui devrait également être intégrée dans des stratégies plus larges plutôt que de répondre simplement à des événements extrêmes. Une attention particulière doit être accordée au développement de variétés végétales tolérantes à la chaleur et à la sécheresse, non seulement pour les pays tropicaux, mais aussi pour les pays tempérés avec des températures déjà plus élevées pendant leurs saisons de croissance. 
À cette fin, la coopération internationale et les partenariats et les alliances multipartites sont essentiels car les changements climatiques entraîneront de nouvelles nuisances et maladies et augmenteront aussi les risques de leurs migrations transfrontalières.
 

Quel est le rôle spécifique de la FAO en faveur de l’agriculture face aux changements climatiques ?

 
Pour aider ses membres, la FAO contribue à réorienter les systèmes alimentaires et agricoles dans les pays les plus exposés aux risques climatiques, en mettant clairement l’accent sur le soutien des petits agriculteurs. Il fonctionne dans tous ses domaines d’expertise, en poursuivant de nouveaux modèles d’agriculture durable et inclusive.
 

Quels sont les principaux obstacles à l’action et comment les surmonter ?

 
Le manque de coordination et d’alignement des plans de développement agricole et des actions qui traitent des enjeux climatiques et des autres enjeux environnementaux est l’un de ces principaux obstacles. Cela conduit à l’utilisation inefficace des ressources et empêche la gestion intégrée qui est nécessaire pour faire face aux menaces liées aux changements climatiques, en particulier pour les petits exploitants qui font face à un large éventail d’obstacles et barrières sur le chemin d’une agriculture plus durable. Il s’agit notamment d’un accès limité aux marchés, au crédit, aux conseils, aux informations météorologiques, aux outils de gestion des risques et à la protection sociale.
 
Les problèmes liés au genre doivent également être abordés. Les femmes, qui représentent environ 43 % de la main-d’œuvre agricole dans les pays en développement, sont particulièrement défavorisées, avec moins de dotations et de droits que les hommes. Leurs charges de travail agricole sont aussi de plus en plus lourdes en raison de l’émigration des hommes. Le cadre des politiques des actions doit être radicalement modifié, et cela devrait déboucher d’une compréhension des facteurs influençant la productivité et le degré de conservation ou d’épuisement des ressources naturelles et donc leurs répercussions sur les moyens de subsistance des agriculteurs et sur l’environnement en général. 
 
Les contraintes systémiques empêchent actuellement les pays en développement dans leur capacité à accéder et utiliser efficacement les sources de « financement climatique » pour l’agriculture. La résolution de la question de ce « déficit de capacité » dans l’élaboration des politiques et dans le développement institutionnel devrait donc être la priorité des bailleurs de fonds et des pays, de sorte que ce « financement climatique » – si les pays augmentent ce financement comme prévu – puisse jouer son rôle transformateur pour l’alimentation et l’agriculture.
 
Tant que ces investissements nécessaires aux petits agriculteurs resteront inaccessibles, les graves conséquences en termes de perte de moyens de subsistance et d’insécurité alimentaire accrue subsisteront.
Source : Rapport de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) :  » Etat de l’Alimentation et de l’Agriculture 2016″
 
Jacques de Gerlache, (Eco)toxicologue, Directeur de Greenfacts
 

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