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Jusqu’à présent, le marché des semences était entre les mains de géants de l’agrochimie comme Bayer Monsanto. Résultat : 75% des aliments de la planète proviennent de 12 espèces végétales et cinq espèces animales. Or l’Europe vient de voter la libération des semences et notamment les semences dites « paysannes ». La diversité reviendrait-elle enfin dans nos assiettes ?
Avant cette décision historique des députés européens, le marché des semences était verrouillé. Une rente de situation avait été mise en place, depuis la fin de la seconde guerre mondiale et surtout depuis 1981, au profit d’un club de quelques géants de l’agrochimie et de l’agriculture. Sous prétexte d’ « assurer une sécurité pour les utilisateurs », il était interdit de vendre des graines ne figurant pas sur le catalogue officiel des semences autorisées. Or pour inscrire une variété dans ce catalogue, il fallait payer jusqu’à 15 000 euros. Inutile de dire que les petits paysans, les défenseurs des variétés anciennes et tous ceux qui concourent à la variété et à la diversité de notre alimentation étaient exclus. Il leur était même interdit de ressemer des graines qu’ils avaient eux-mêmes produites. Seules les grandes organisations comme Bayer-Monsanto ou Dupont-Dow pouvaient se permettre d’entrer dans ce club réservé. C’est ainsi que l’agriculture intensive a pu prospérer pendant des années et réduire la diversité de l’offre végétale à quelques variétés triées sur le volet.
La décision européenne datée du 19 avril dernier casse cette situation monopolistique réservée à quelques géants. Désormais la « reproduction végétale de matériel hétérogène biologique » est autorisée. Pour José Bové, grand pourfendeur de l’agriculture intensive cité par notre confrère Novethic, cette formule signifie la fin de « la mainmise des grands groupes semenciers. Elle va permettre la commercialisation de semences traditionnelles et encourager les paysans bios à réutiliser leurs propres semences ».
Les agriculteurs bio pourront ainsi utiliser, vendre ou échanger leurs propres graines paysannes sans nécessairement les inscrire au catalogue officiel. Cette nouvelle réglementation devrait faciliter la conversion des producteurs européens vers une agriculture biologique. En outre, elle semble permettre une amélioration sensible de l’offre agroalimentaire et de la diversité des produits que nous trouvons sur les étals de nos marchés. Depuis le début du XXe siècle, l’abandon des variétés locales au profit des semences industrielles, hybrides ou OGM a abouti à la disparition de 75 % des légumes, des fruits et des céréales.
Les petits producteurs ne doivent pourtant pas crier victoire trop vite. En effet, cette décision pourrait aussi représenter une ouverture pour les multinationales de l’agriculture. « Elles pourront déposer des mélanges brevetés moins homogènes comme des nouveaux OGM sans supporter les contraintes de l’inscription au cahier officiel. Et peut-être échapper à la réglementation OGM, comme elles l’espèrent », prévient, sur Novethic, Patrick de Kochko, le président du Réseau semences paysannes.
Image d’en-tête : Van Gogh, Semeur au soleil couchant
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