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Paris va-t-il devenir le plus grand potager de France ?

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Un potager sur le toit d’une institution parisienne : l’Opéra Bastille ! Sur 2500m² de toitures s’implante un potager en agro-écologie, avec plus de 1 000 m2 de planches de légumes et une houblonnière pour produire de la bière. Objectif ? Produire une centaine de paniers pour le personnel de l’Opéra et les habitants du quartier, ainsi qu’approvisionner les restaurants à proximité. Un nouveau projet développé par Les Pariculteurs de la Mairie de Paris qui veut végétaliser 100 hectares de bâti d’ici 2020 dans la capitale. Le défi semble bien parti !
 
Paris va-t-il devenir le plus grand potager urbain de France ? Grâce à diverses techniques innovantes comme l’aquaponie, l’hydroponie, la permaculture, il est prévu d’y récolter chaque année 500 tonnes de fruits, légumes et champignons, plus de 8 000 litres de bière, 4 200 litres d’engrais végétal et 95 kilos de miel.
D’ici 2020, la Ville de Paris, avec son projet Parisculteurs, s’est donné pour objectif de végétaliser 100 hectares de bâti, dont un tiers consacré à l’agriculture urbaine et souhaite créer ainsi 75 sites dans la capitale. Avec cette année deux nouveautés : deux copropriétés vont participer — une rue d’Alésia (14e) et une rue de Paradis (10e) — ainsi que deux villes de proche banlieue, Pantin et Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) et de nouveaux partenaires comme l’AP-HP qui va mettre à disposition les 4 400m² de terrasses de l’hôpital Robert-Debré, ou encore l’université de la rue de Tolbiac (13e).
 
Pour les Urban-farmers, il y a les Galeries Lafayette et le BHV où la startup Sous les fraises gère deux fermes maraîchères, l’une sur le toit des Galeries Lafayette (9e arrondissement), l’autre en haut du BHV Marais (4e arrondissement) – où poussent 1 500 m² de permaculture verticale. L’entreprise commercialise des produits transformés sous la marque Farm House : bonbons au miel, nougats aux fraises, bière artisanale…
Autre adresse : Le Bon Marché (7e arrondissement). Sur les hauteurs du grand magasin du groupe LVMH, l’entreprise Topager fait pousser fraises, concombres, fenouils, fleurs comestibles bio… qui font le bonheur des employés du Bon Marché.
Sans oublier l’hôtel Yooma (15e arrondissement) qui vient d’ouvrir depuis le 1er mai ses 250 parcelles individuelles aux parisiens, aménagés par Peas&Love, la nouvelle génération de fermes urbaines. 

LIRE DANS UP’ : De la fourche à la fourchette : de nouveaux potagers urbains s’installent à Paris

D’ailleurs, Peas&Love installe une ferme potagère éphémère de 100m2, visitable gratuitement, en transformant un parking aérien en gigantesque jardin de 3500 m2, le plus grand rooftop de Paris, le Jardin Suspendu, face au 40 rue d’Oradour sur Glane Paris 15ème, du 14 juin au 2 septembre. Une respiration estivale supplémentaire bienvenue ! Pour en savoir plus : https://www.peasandlove.com/jardinsuspendu
 
On trouve aussi un potager sur le toit-terrasse du centre médical de la RATP, « La Ferme Lachambeaudie » (12e arrondissement), inaugurée le 11 juillet 2017, où courgettes, tomates, poivrons, fraises, fleurs comestibles et aromates poussent grâce à la startup Aéromate qui a installé 450 m2 de cultures en hydroponie réservés aux salariés de la RATP.
 
 
La Ferme Lachambeaudie 
 
La RATP vise à l’horizon 2020 la végétalisation de 4 hectares de toitures dont un tiers dédié à l’agriculture urbaine. Plusieurs sites ont d’ores et déjà été identifiés comme le site de Jourdan dans le 14e arrondissement, avec un projet de 700 mètres carrés à l’étude ainsi que le site de Vaugirard dans le 15e avec de plus 2000 mètres carrés répartis sur plusieurs lots.
 
Une une ferme urbaine géante de 7 000 m2, projet baptisé « Mushroof », verra bientôt le jour sur le toit-terrasse de l’hôtel logistique de Chapelle International, ancien site ferroviaire qui deviendra un nouveau quartier (18e arrondissement), gérée par la startup Cultivate qui fera pousser des légumes et des aromates en hydroponie, qui seront ensuite distribués dans les magasins Franprix, partenaire du projet.
 
Projet « Mushroof »
Dans le même arrondissement le centre de tri de La Poste boulevard de la Chapelle avec 900 m2 de toit, métamorphosés en ferme urbaine par l’entreprise Facteur Graine.
 
En avril, une ferme urbaine a également investi les sous-sols de la capitale. Il s’agit de La Caverne, première ferme souterraine bio de la capitale, située dans un parking, sous une barre d’immeubles de 300 logements sociaux dans un lieu laissé à l’abandon. 3 500 m² produiront chaque année 150 tonnes d’endives et 40 tonnes de champignons en agriculture biologique, qui seront ensuite commercialisés dans le quartier par la jeune entreprise Cycloponics, notamment au marché de la « Bonne tambouille », place Pierre Mac Orlan. Il est même possible d’y faire des visites-dégustations !
 
D’autres lieux attendent d’être cultivés : en plein cœur du quartier latin, l’université Panthéon-Sorbonne offre près de 1000 m2 de toiture aux jardiniers urbains … avec une vue imprenable sur la cathédrale de Notre-Dame et sur le Paris rive gauche. La Cité des sciences et de l’industrie met 1 hectare de son site à la disposition des Parisculteurs. Sous les pelouses du parc Monceau dans le 8e arrondissement un ancien centre de formation du métro est également disponible. 
Autre lieu, cette fois réservé à l’aquaponie : le site du Réservoir de Grenelle situé dans le 15e arrondissement recevra un projet appelé Green’Elle : Il permettra de produire des légumes et poissons d’eau douce. Les structures aquaponiques seront ainsi installées dans les bassins. Chaque année, 30 tonnes de fruits et légumes seront cultivées sur 1 500 m² de maraîchage hors-sol et 3 tonnes de poissons (perches et carpes) sur 400 m² d’aquaculture. La vente pourra se faire au marché de la rue de la Convention, via des paniers sur abonnement pour les membres de l’association de riverains, via un web marchant et aux restaurants du quartier.

 

« La Brize de la Bastille »

C’est au tour de l’opéra Bastille d’accueillir bientôt sur son toit un potager et une houblonnière, projet baptisé « La Brize de la Bastille ». L’Opéra accueillera 2 500 m² de plantations sur quatre terrasses. Topager, une entreprise spécialisée dans la réalisation de paysage comestible, s’est associée à un étancheur, Axe Étanchéité, une structure d’insertion (Espaces) et un brasseur, L’amour fou, pour créer une ferme maraîchère de fruits, de légumes et de fleurs comestibles, mais aussi une houblonnière. Une microbrasserie sera installée dans un local technique sous les toits pour fabriquer la bière sur le site. L’exploitation compte produire 5 580 kilos par an de plantes aromatiques, petits fruits, jeunes pousses et légumes, ainsi que 500 kilos de houblon
 
Travaux en cours sur les toits de l’Opéra Bastille
 
Comme l’explique Frédéric Madre, co-fondateur de l’entreprise Topager, sur le site de parisculteurs, « Notre projet se compose de deux parties, d’abord du maraichage en agro-écologie, avec plus de 1 000 m2 de planches de légumes, ensuite des plantations de houblon, pour produire de la bière. Celles-ci ont déjà débuté, sur 75 mètres de long, rue de Lyon : nous avons tendu des cordes qui descendent jusqu’au trottoir 7 mètres plus bas, et s’arriment à des bacs. Le houblon y grimpe déjà, mais pour les premiers semis de laitues ou de tomates en haut du toit, il va encore falloir attendre septembre. »
 
L’objectif est « de produire une centaine de paniers pour le personnel de l’Opéra et les habitants du quartier, ainsi que d’approvisionner les restaurants à proximité. Quant à la partie micro-brasserie, elle sera installée sous ses toits, afin de brasser une bière locale qui sera distribuée à la fois dans les paniers destinés aux employés ainsi qu’à la buvette. »
 
Projet « La Brize de la Bastille » sur les toits de l’Opéra Bastille

L’initiative Pariculteurs

Sandrine Morey, Directrice générale de la SEMAPA (Société d’étude, de maitrise d’ouvrage et d’aménagement de la ville de Paris) et Pénélope Komites, Adjointe à la Maire de Paris chargée des espaces verts, de la nature en ville, de la biodiversité, de l’agriculture urbaine et des affaires funéraires, ont signé en mars la charte « Objectif 100 hectares ». Cette dernière fait suite à l’appel à projets « Parisculteurs », lancé par la Ville de Paris, et engage l’ensemble des partenaires de la ville à végétaliser les façades, murs et toitures des bâtiments, pour atteindre, d’ici à 2020, une superficie de 100 hectares de plantations dans la capitale, dont un tiers sera consacré à l’agriculture urbaine.
“Ainsi, avec “Parisculteurs” nous souhaitons promouvoir une agriculture tournée vers les consommateurs locaux et la transformation à courte distance des produits franciliens. Vitrine de la gastronomie et de la qualité des produits français, Paris dispose de nombreux atouts pour construire cette politique innovante et pour inventer de nouvelles réciprocités entre les urbains et les ruraux, de nouveaux liens avec les agriculteurs franciliens.” Explique Pénélope Komites.
 
Avec cette charte, la Ville de Paris souhaite mettre en place un nouveau modèle urbain où la place de la nature sera renforcée. Elle veut notamment promouvoir une végétalisation du bâti respectueuse de l’environnement, contribuant à la biodiversité parisienne et à la gestion des eaux, ainsi qu’une agriculture urbaine multifonctionnelle pleinement intégrée dans les circuits courts de proximité au côté des agriculteurs franciliens. En effet, pour la Ville de Paris, « végétaliser et cultiver la ville sont des atouts et enjeux importants » qui procurent des « avantages environnementaux, économiques et sociaux ». Pour atteindre cet objectif de 100 hectares de façades et de toitures végétalisées, la commune va s’appuyer sur les constructions neuves, ainsi que sur la rénovation de logements et équipements municipaux existants.
 
Sachant qu’un aliment parcourt 660 km avant d’arriver dans les assiettes des Parisiens, la municipalité souhaite réduire la distance en approvisionnant, notamment, au maximum les restaurants collectifs de la ville avec des produits locaux. Elle veut porter à 50% la part d’alimentation durable dans les quelque 1300 établissements de restauration collective d’ici 2020.
Par ailleurs, elle souhaite développer les circuits courts malgré la présence de producteurs locaux à hauteur de 10% sur les marchés parisiens. 
Une politique de la ville ambitieuse qui devient une nécessité car, d’ici 2050, il faudra alimenter plus de 9 millions d’humains, dont 70% en ville.

 
Photo des Jardins potagers, quai d’Auteuil (actuel quai Louis Blériot), en face du pont de Grenelle et de la statue de la Liberté, début 1900 © Musée Albert-Kahn
 

Rappelons qu’au XIXe siècle, une centaine de maraîchers parisiens nourrissait tout Paris ! 6 % de la surface de la capitale intra-muros, soit 600 hectares environ, était consacré au maraîchage, avec des parcelles de 4000 m² en moyenne et un travailleur pour 1000 m².
C’est ce que raconte un livre de 1844 récemment numérisé, intitulé : « la culture maraîchère de Paris »,  qui prédit le passage de témoin en cours entre les agriculteurs d’hier et les pionniers d’aujourd’hui.
 

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