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Alimentation : vers un nouveau label « bio, local et équitable» ?

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Le label bio français « AB » permet aujourd’hui de distinguer les produits issus de l’agriculture biologique mais sans prendre en compte les aspects de commerces équitables et de provenance. Pour répondre à la demande des consommateurs, le Conseil Economique Social et Environnemental (CESE) recommande de lancer une expérimentation et formule 18 propositions pour améliorer les signes officiels garantissant l’origine géographique et/ou le mode de production d’un produit. Pour une meilleure qualité de l’alimentation, un renforcement de la qualité sanitaire et une meilleure traçabilité des produits, comme le demandent les consommateurs.
 
AB, AOP, Bio, STG, Label Rouge, … Comment s’y retrouver ? Initiés par la France, les cinq signes officiels de qualité et d’origine (SIQO) sont les seuls, parmi les nombreuses mentions figurant sur les étiquettes des produits alimentaires, à être garantis par l’État et reconnus au niveau européen. Les « promesses » qu’ils offrent portent sur l’origine (AOP/AOC, IGP), le respect de l’environnement et du bien-être animal (Bio), une qualité supérieure (Label Rouge) ou encore une recette traditionnelle (STG) ; elles font l’objet de contrôles réguliers.
Au total, la France compte quelque 1 100 produits sous signe de qualité (SIQQ) qui permettent aux agriculteurs de différencier leurs productions et donc de mieux les valoriser, représentant un chiffre d’affaires total de 30 milliards d’euros, soit plus d’un tiers de la valeur de la production agricole, selon le rapport. Parallèlement, ils contribuent à dynamiser les territoires grâce aux patrimoines gastronomiques, paysagers et culturels qu’ils entretiennent. En Europe, début 2018, environ 1 400 produits alimentaires, hors vins et spiritueux, étaient enregistrés en AOP, IGP ou STG par 26 pays de l’UE, 21 % d’entre eux italiens et 18 % français.
 
Pour autant, les SIQO doivent aujourd’hui relever des défis. Dans cet objectif, le CESE formule des préconisations pour améliorer leur connaissance par les consommateurs, renforcer et élargir leurs promesses face aux attentes de la société, ou encore favoriser et soutenir leur développement.
Dans un rapport adopté le mardi 19 juin à l’unanimité, le CESE formule donc 18 propositions pour améliorer les cinq signes officiels garantissant l’origine géographique et/ou les modes de production des produits alimentaires.
 
Le rapport préconise ainsi d’harmoniser tous les cahiers des charges des labels de qualité et de les tirer « vers le haut », pour améliorer leur lisibilité et cohérence. Celui du beurre d’Isigny AOP, qui date de 2017, impose ainsi des contraintes sur les races de vaches laitières, les conditions d’alimentation et d’élevage, quand celui du beurre de Charentes-Poitou AOP, remis à jour en 2016, « ne comporte aucun engagement sur ces aspects pourtant importants », souligne le rapport. Idem pour les huîtres : les cahiers des charges valorisent essentiellement les conditions d’affinage en « « claires » mais ne parlent ni de la provenance, ni de son origine (naturelle, triploïde, diploïde issue d’écloserie).
 
Le label européen du bio, représenté par une feuille verte, resterait présent, mais le label historique français AB serait recentré sur l’agriculture biologique de proximité, tout en prenant en compte des conditions de commercialisation équitables pour les producteurs.
 
Quant au label bio européen, il ne serait pas modifié mais les produits bio non européens devraient répondre à des critères de conformité et non plus à des équivalences entre pays tel que c’est le cas actuellement. En théorie, le logo européen offre les mêmes garanties (absence de pesticide, attention au bien être animal…) que le label AB français. Dans le détail, les viandes et légumes bios venus de pays hors UE peuvent bénéficier d’une équivalence. « La Commission estime alors que les contrôles des pays d’origine suffisent. Ce qui est loin d’être satisfaisant. On a notamment vu que la spiruline (complément alimentaire) bio venue de Chine posait des problèmes sanitaires », pointe le co-rapporteur du CESE, Dominique Marmier.
« Ceci est d’autant plus important que les français consomment 8,7 milliards de produits bio par an, et ne produisent que pour 4 milliards d’euros, il y a donc beaucoup de produits importés », complète-t-il.
 
L’avis du CESE est uniquement consultatif, mais il pourrait être repris par la loi alimentation, examinée en ce moment au Sénat.

 
 

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