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« Zéro résidus de pesticides », à mi-chemin entre le pur bio et le conventionnel

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Entre une tomate poussée sous serre, sans beaucoup de goût mais très bon marché, et une coûteuse tomate bio, rougie au soleil en pleine terre, de plus en plus de producteurs de fruits et légumes testent une troisième voie : le « zéro résidu de pesticides » garanti. Avec un petit label rond de couleur verte, un collectif de 52 producteurs a engagé en un peu plus d’un an une mini-révolution dans le monde du végétal frais.
 
Fin 2017, sept entreprises fondatrices ont forgé le concept, qui retient aujourd’hui l’attention des pouvoirs publics et celle de la distribution : huit enseignes l’ont adopté en un an.
La promesse au consommateur porte sur l’absence de tout résidu de substances actives, garantie par un laboratoire indépendant certifié, Cofrac, et un organisme de contrôle extérieur, Kiwa: aucune substance interdite, aucun insecticide neonicotinoïde, aucun glyphosate, dans la limite de 0,00001 g par kilo, soit bien en dessous des limites maximales de résidus autorisées, qui sont les seuils légaux fixés par l’Union européenne.
 

Obligation de résultat

Le collectif « Nouveaux Champs » produit aujourd’hui 46 espèces de fruits et légumes frais sous ce label.
Comment font-ils ? Alors que la culture biologique est une obligation de moyens, une culture en pleine terre, avec zéro produit de synthèse utilisé pendant la culture, les producteurs ZRP ont une obligation de résultat : pas de résidus de pesticides à la fin.
 
Pendant la culture, les intrants sont fortement limités. On recourt à la lutte biologique, des serres en culture hors sol utilisant des substrats régulièrement changés pour éviter la propagation des épidémies dans le sol, des insectes auxiliaires prédateurs d’autres espèces qui attaquent les plantes…
 
Ces producteurs revendiquent déjà une réduction rapide des produits chimiques : en un an, sur près de 500 parcelles engagées dans le projet, « nous avons réduit notre indicateur de fréquence de traitements phytosanitaire (IFT) de 51% », affirme Gilles Bertrandias, président du collectif « Nouveaux Champs » et patron de la coopérative du sud de la France, Les Paysans de Rougeline. Soit l’objectif que s’est fixé l’ensemble de la filière pour… 2025.
 

Les grands de l’alimentaire s’y mettent

Chaque parcelle est testée au moins deux fois. Le laboratoire analyse les fruits avant récolte pour déterminer leur conformité, puis à l’expédition.
Pour les fruits en récolte continue comme les fraises, le premier test a lieu avant maturité, puis une fois tous les quinze jours dans chaque parcelle.
 
Si un insecte ravageur ou un champignon attaque les cultures et qu’un traitement est nécessaire pour sauver la récolte, la production sera vendue en « conventionnel ». Environ un tiers a été déclassé l’an dernier.
Alors que si un producteur bio subit la même mésaventure, il doit perdre sa récolte ou son label (et il doit alors refaire le parcours de conversion de trois ans, durant lequel il valorise plus difficilement ses produits).
 
Le groupe breton Saveol, pionnier des serres à insectes, s’est allié en février 2018 avec d’autres bretons, Solarenn et Prince de Bretagne, pour des produits sans résidus de pesticides.
Et le géant mondial du légume en conserve, Bonduelle, a annoncé sa conversion au zéro résidu pendant le salon de l’agriculture : il prévoit de lancer trois variétés de salades en sachet et une de maïs sans résidu en 2019.
« C’est une transformation holistique de l’ensemble du groupe », a indiqué son directeur général Guillaume Debrosse. Selon lui, à côté du bio « générique », le sans résidu permet un axe de « diversification », centré sur la « santé » du consommateur.
 

Pour lutter contre la défiance des consommateurs

Dans son contrat de filière rendu pour les États-Généraux de l’alimentation, l’interprofession des fruits et légumes s’inquiétait de la « défiance des consommateurs français vis-à-vis des conditions de production ».
Le secteur a été échaudé par une étude de Générations Futures l’an passé selon laquelle 2,7% des échantillons de fruits analysés par la DGCCRF présentaient des taux de pesticides supérieurs aux limites autorisées.
Depuis, le label garantit aux consommateurs l’absence de résidu de pesticides dans les fruits et légumes dans la limite de la quantification. Alors qu’il existe deux catégories de pesticides, les pesticides de synthèse et ceux dit « naturels », les agriculteurs engagés dans la démarche soumettent leurs production à l’analyse de 413 substances actives utilisées dans les pesticides et homologuées en France, sans compter les substances actives de la famille des néonicotinoïdes, celles qui sont décriées comme le glyphosate  et celles susceptibles  de générer des résidus en raison de l’existence d’autres cultures. « Nous mesurons tout ce qui peut être mesuré. Notre méthode est extrêmement exigeante et ne laisse rien passer sur le sujet », assure Gilles Bertrandias.
 
Côté tarif, les prix des fruits et légumes zéro résidu se situent à mi-chemin entre le conventionnel et le bio.
Pour Thierry Cotillard, PDG d’Intermarché, « le zéro résidu de pesticide est une démarche intelligente qui cartonne en rayons ». « Ce que nous craignons, c’est qu’ils manquent de volume, car la demande est très forte. »
« Basculer sa production en ZRP représente un gros risque pour les agriculteurs, d’une part parce qu’il faut investir dans de nouveaux moyens de production et d’autre part parce que les rendements sont moins importants qu’en agriculture conventionnelle. L’augmentation des volumes est un enjeu important. Pour cela, il faut que notre démarche soit connue et bien comprise des consommateurs », estime dans LSA Patrick Larrère, producteur de carottes et dirigeants des Fermes Larrère dans les Landes.
 
Source : AFP

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