Alors même que les cours des crypto monnaies s’effondrent, la technologie Blockchain continue d’attirer les regards, en particulier ceux de l’industrie financière. Dans les prochaines années, les stratégies d’investissements dans cette technologie ne vont cesser de prendre de l’ampleur, notamment sous la forme de prises de participation dans les jeunes pousses prometteuses du secteur.
Tribune libre
Dérives des cryptomonnaies, faiblesse de l’expérience utilisateur, manque d’application concrètes : dans un climat ambiant de « Blockchain bashing » où cette technologie pourtant prometteuse se trouve parfois décriée, les établissements traditionnels comme les nouveaux acteurs continuent de porter des projets toujours plus innovants. Les chiffres le prouvent : d’après les prévisions du cabinet IDC, les investissements dans les solutions Blockchain devraient enregistrer une croissance renversante de plus de 70% par an d’ici 2022, et passer ainsi de 1,5 milliard de dollars à près de 12 milliards de dollars en seulement cinq ans [1].
L’industrie financière est tout particulièrement concernée par cette envolée. Premier marché de la Blockchain aujourd’hui, le secteur assistera sans nul doute à l’explosion du nombre de projets et de solutions Blockchain durant la prochaine décennie. Une étude récente de IHS Markit estime ainsi que les revenus générés par cette technologie appliquée à la finance dépassera 100 milliards de dollars en 2024 et atteindra 462 milliards en 2030 [2].
La raison ? Les gains attendus de la suppression de certains intermédiaires sur des marchés aux montants colossaux, comme celui des dérivés de gré à gré (plus de 500 000 milliards de dollars par an) ou des marchés boursiers mondiaux (plus de 70 000 milliards de capitalisation boursière). Il n’est donc pas étonnant que le secteur financier représente actuellement plus d’un tiers des dépenses dans cette technologie de registre distribué, soit 552 millions de dollars sur les six premiers mois de 2018 [3].
Cet investissement se traduit très nettement par la montée des prises de participation et des acquisitions dans les startups Blockchain. D’après une enquête de la banque d’investissement JMP Securities, ce type d’opérations a très largement augmenté en 2018, témoignant d’une progression de 209%. Et ce, même si les montants des transactions restent encore faibles.
Dans cette course à l’investissement, les grands groupes bancaires sont loin d’être les derniers. Au-delà de leur implication dans des consortiums comme R3 ou Digital Asset, à l’instar de Société Générale, BNP Paribas, Goldman Sachs ou encore JP Morgan, ces acteurs déploient clairement une stratégie d’investissement dans les jeunes pousses de la Blockchain.
L’un des derniers exemples en date est celui d’ING et BNP Paribas qui ont tous deux fait le choix d’investir en juin dernier dans TradeIX, une Fintech britannique qui a développé avec R3 une plateforme ouverte dédiée au financement du commerce international. Début 2018, c’était un autre Britannique, Setl, qui a su convaincre Crédit Agricole et Citigroup avec le développement d’une infrastructure de paiements et règlements permettant d’échanger des actifs ou des liquidités. Citigroup fait d’ailleurs partie des pionniers de cette tendance, et avait déjà investi dans Chain à l’été 2015. Pour ce géant bancaire, la technologique Blockchain répond clairement à son besoin d’apporter des améliorations et des réponses aux nouvelles problématiques de ses clients. Nul doute donc que dans la prochaine décennie, davantage d’acteurs, américains mais aussi européens et asiatiques, lui emboîteront le pas.
Clément Francomme, CEO d’Utocat
[1] Source : « Worldwide Semiannual Blockchain Spending Guide », International Data Corporation (IDC), Juillet 2018
[2] Source : «Blockchain in Finance Report – 2019 », IHS Markit, Février 2019
[3] Source : « Worldwide Semiannual Blockchain Spending Guide », International Data Corporation (IDC), Juillet 2018
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