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La cyberguerre est déclarée !

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Sur Internet, Anonymous déclare la guerre aux islamistes, sous le nom de code #OpCharlieHebdo. Le groupe déclare qu’il « ne laissera jamais le droit bafoué par l’obscurantisme et le mysticisme ». Dans un communiqué publié sur Pastebin (1), il menace : « La liberté d’expression et d’opinion est une chose non négociable, s’attaquer à elle, c’est s’attaquer à la démocratie. Attendez vous à une réaction massive et frontale de notre part car le combat pour la défense de ces libertés est la base même de notre mouvement ».

En deux jours, plus de 22 000 abonnés sur leur compte twitter.

Concomitamment aux assassinats à Charlie Hebdo et à la prise d’otages à Saint-Mandé, les hackers islamistes ont lancé une opération de piratage de sites sur l’hexagone. Des centaines de sites ont ainsi été vidés de leurs contenus et remplacés par un même message de propagande « The Islamic State Stay Inchallah, Free Palestine, Death to France, Death to Charlie Hebdo », un message islamiste pro-Daesh, pour la Palestine libre et se réjouissant de la mort de la France et de Charlie Hebdo.
Dès jeudi, Anonymous dévoilait son action Op Charlie Hebdo sur Twitter ciblant les pages web tenues par les organisations terroristes et diffusait deux vidéos adressées à « Al-Qaida, l’Etat Islamique et autres terroristes » diffusées sur Youtube à partir d’un compte situé en Belgique : « Nous, les Anonymous de toute la planète avons décidé de déclarer la guerre à vous les terroristes… Nous allons surveiller toutes vos activités sur le Net, nous fermerons vos comptes sur tous les réseaux sociaux. Vous n’imposerez pas votre charia dans nos démocraties… »
Une autre vidéo exigeant du président François Hollande une obligation de résultat pour la sécurité de son pays. Anonymous a dévoilé hier une première liste de comptes Twitter de djihadistes sur le site pastebin.

https://www.youtube.com/watch?v=k1sCVOG9BF8

https://www.youtube.com/watch?v=5FuQfqtfwBY

Une mobilisation internationale extraordinaire

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D’après le journal Le Monde du 10 janvier, « Des centaines de sympathisants d’Anonymous viennent y discuter d’actions plus radicales à mener contre les « terroristes ». Chacun a sa préférence : blocages de sites, détournements de pages, pénétration de serveurs et de bases de données, attaques de comptes de réseaux sociaux…
Dans la pagaille, des groupes de travail éphémères se forment, les adresses des premiers sites visés commencent à circuler. Des graphistes proposent de créer des pages humoristiques ou provocatrices à afficher sur les sites islamistes quand ils auront été piratés. Un site à usage interne appartenant au Parti pirate allemand affiche des listes provisoires de centaines de comptes Facebook et Twitter soupçonnés d’appartenir à des islamistes radicaux, qui n’ont pas encore été publiés sur Pastebin ».

Une initiative qui divise

« La cyberguerre arrive ! » annoncaient John Arquilla et David Ronfeldt, analystes à la Rand Corporation, dans un article fondateur de 1993. Selon eux, cet Internet alors encore balbutiant allait modifier en profondeur la pratique de la guerre. En février 2011, Leon Panetta, alors directeur de la CIA, indique au Congrès que « le prochain Pearl Harbor pourrait très bien être une cyberattaque. »

D’après Thomas Rid (2), lecteur au département d’Études sur la guerre du King’s College de Londres, la violence numérique a des implications sur le plan de l’éthique et des stratégies nationales de sécurité. Un code malveillant ou, plus généralement, des attaques informatiques, peuvent atteindre des objectifs qui nécessitaient autrefois l’intervention de la force. Les attaques les plus complexes sont extrêmement précises et l’arme informatique entraîne généralement moins de dégâts collatéraux que les armes classiques. Ainsi, dans de nombreux cas, le recours aux ordinateurs serait préférable sur le plan éthique : une cyberattaque est moins violente, moins traumatisante et plus restreinte.

Néanmoins, certaines voix s’élèvent contre ce genre de méthodes. Selon le magazine 01Net : « Pour Olivier Laurelli, alias Bluetouff, c’est une très mauvaise idée qui pourrait avoir des conséquences désastreuses sur le travail des enquêteurs. Ce spécialiste de la sécurité informatique a déclaré à l’AFP qu’à « partir du moment où on attaque ces réseaux où ils communiquent entre eux, on interfère dans le travail des enquêteurs ». Il ajoute que « ce n’est pas en lançant des attaques par déni de service que l’on va régler quoi que ce soit ».
De son côté, la police leur demande de ne pas « perturber [leur] travail en diffusant fausses informations ou rumeurs ». D’autant que le gouvernement se prépare à agir en bloquant les sites terroristes.

Selon le journaliste Olivier Chicheportiche de ZDNet.fr, quand on défend la liberté d’expression, en théorie, on la défend pour tous : « Sous des airs louables, les Anonymous n’ont pas peur de la contradiction puisqu’il s’agit d’empêcher certains de s’exprimer pour défendre la liberté d’expression. Curieuse approche car quand on défend la liberté d’expression, en théorie, on la défend pour tous. Ce genre de vengeance à chaud risque de jeter de l’huile sur le feu, de creuser les lignes de fracture.. Et de ne servir à rien puisque les personnes à l’origine de ces sites sont parfaitement capables de remonter des infrastructures, encore plus discrètes et donc encore plus difficiles à localiser. »

Cyberguerre, la quatrième armée ?

Internet nous a rendu la vie plus facile. Mais il a aussi ses mauvais aspects. Et la cyberguerre avec comme armes ordinateurs et claviers fait désormais partie intégrante de la guerre avec deux objectifs : paralyser des sites et y laisser une signature pour étaler une vulnérabilité et nuire à des infrastructures. De bons cyber-soldats pourront faire bien plus de dégâts que n’importe quelle armée. Meir Sheetrit, ancien ministre israélien de la Sécurité intérieure, déclarait en avril 2014 au journal Libération qu’en 2011, des hackers saoudiens ont téléchargé les données des cartes de crédit de 400 000 Israéliens. En représailles, des hackers israéliens se sont infiltrés dans les registres de cartes de crédit des Saoudiens. En 2011, des hackers se sont introduits dans des systèmes de gestion d’eau en Illinois et au Texas. Ces hackers voulaient montrer aux Etats-Unis qu’ils n’étaient pas protégés. David Dittrich, chercheur à l’université de Washington, a dit qu’il fallait dix ans d’expérience de programmation réseau à très haut niveau pour avoir les capacités de défense et d’attaque en cas de cyberguerre. Il faut donc investir énormément d’argent et de temps pour former des cyber-soldats. Ce n’est pas un travail d’amateurs, mais de professionnels. 

Comme l’indiquait Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, en octobre dernier sur RTL, la quatrième armée est arrivée : la cyberdéfense. Forte de 1.250 hommes et femmes, elle est chargée de contrer les attaques informatiques en tous genres. 
« Aujourd’hui, si on ne maîtrise pas les systèmes informatiques, on ne peut rien faire. » déclarait également l’amiral Arnaud Coustillière, officier général à la cyberdéfense. 

La révolution numérique a bouleversé les relations internationales. Et ce ne sont plus seulement les Etats qui s’affrontent dans un univers virtuel en développant des programmes et des armes d’un type nouveau, ce sont les acteurs sociaux qui sont impliqués dans nos sociétés démocratiques, mais aussi les dictateurs, les mafias, les talibans, les djihadistes – toutes sortes d’organisations qui nourrissent, informent ou déforment la toile au gré de leurs intérêts.

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La cyberguerre doit-elle être déclarée au nom du bien commun ? Ouvre-t-elle l’ère de nouvelles formes de conflits ? « La guerre est une chose trop grave pour être confiée à des militaires » disait Clémenceau. Doit-on la laisser aujourd’hui aux mains d’initiatives de type Anonymous ? Beaucoup veulent voir dans la cyberguerre un nouveau farwest échappant à toutes règles ; c’est-à-dire que le cyberespace serait une véritable zone de non-droit où les Etats pourraient s’attaquer les uns les autres sans restrictions et sans que les règles existantes pour les conflits armés conventionnels ne leur soient applicables. Est-ce vraiment le cas ? La cyberguerre échappe-t-elle vraiment au droit international ? Des mesures votées par la loi contre le terrorisme et celle sur la société numérique ont été notifiées en express par Bruxelles, comme la législation européenne l’impose, et seront publiées au Journal Officiel dans les jours qui viennent. 

(1) Cf Communiqué d’Anonymous du 7 janvier sur Pastebin
(2) Auteur de « Cyber War Will Not Take Place » (Oxford University Press 2013) 

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