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Abandon de Notre-Dame des Landes : le gouvernement en rade

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Cinq ans après l’abandon du projet de Notre-Dame des Landes, la rénovation promise de l’aéroport de Nantes n’a toujours pas commencé. L’inaction de l’Etat sur ce dossier écorne sérieusement l’image du gouvernement, tant auprès des élus et des entrepreneurs locaux que des investisseurs étrangers.

Cinq ans et demi, déjà ! Le 17 janvier 2018, Édouard Philippe annonçait l’abandon du projet aéroportuaire de Notre-Dame-des-Landes au profit du réaménagement de l’aéroport Nantes-Atlantique – une infrastructure vieillissante, de capacité insuffisante et dont la pollution sonore gêne le voisinage. Dans la foulée, ce projet s’inscrivait comme une priorité dans le Contrat d’avenir de la région Pays de la Loire, signé le 9 février 2019 par le Premier ministre de l’époque et la présidente du Conseil régional, Christelle Morançais. Une concertation préalable, associant toutes les parties prenantes, a ensuite été organisée du 27 mai au 31 juillet 2019. Elle a abouti en octobre 2019 à l’annonce de 31 mesures qui se voulaient concrètes visant à accompagner l’insertion du projet dans son territoire, et concernant à la fois le réaménagement de l’aéroport, la gouvernance du projet, la protection des populations et de l’environnement. Et depuis ? Plus rien ou presque, le contrat d’avenir appartient …à l’avenir. 

Le futur concessionnaire toujours pas désigné 

Le futur concessionnaire, qui sera en charge de concevoir, financer et réaliser le réaménagement de Nantes-Atlantique, puis d’exploiter et de renouveler les infrastructures, n’a toujours pas été désigné. « L’appel d’offres a pris du retard », a annoncé, lors d’une réunion publique début mars 2023, Nils Raynaud, directeur du projet pour la Direction générale de l’aviation civile (DGAC).

L’aéroport de Nantes-Atlantique, d’intérêt national et international, étant propriété de l’État, c’est en effet la DGAC, placée sous l’autorité du ministère des transports, qui porte le projet et conduit l’appel d’offres. La désignation du futur concessionnaire, prévue initialement à l’été 2022, est désormais attendue « courant 2023 » … Alors que dans tous les secteurs le gouvernement dit vouloir accélérer les procédures, après 5 ans il ne peut se décider sur un appel d’offres qu’il pilote seul. 

Selon certaines informations officieuses, un finaliste existerait : le consortium formé entre autres par Vinci et la Caisse des dépôts. Mais rien n’a filtré et aucune décision n’a été officiellement prise. Selon France Inter, Clément Beaune, le ministre des Transports, promet de trancher avant la fin juillet. Le gouvernement dit souhaiter que les travaux aient lieu comme promis, mais avec une modification importante : pour des raisons environnementales, la piste ne serait finalement pas allongée. C’est ce point, explique le ministre, qui bloquerait sur le plan juridique. Une analyse précise et transparente serait souhaitable, afin de comprendre pourquoi ce sujet n’émerge qu’aujourd’hui et s’il vaut la peine de tirer un trait sur des années de procédure. 

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Les élus et le patronat perdent patience 

La présidente de Région Christelle Morançais, qui fustige l’inaction de l’État et le non-respect des engagements pris lors de la signature du Contrat d’avenir en 2019, a interpellé le 1er juin Élisabeth Borne sur ce sujet : « Pourquoi l’État refuse-t-il d’attribuer la nouvelle concession ? Pourquoi n’a-t-il pas exigé la mise en œuvre des premiers travaux de rénovation ? ». La Première ministre « a pris devant moi l’engagement de clarifier la position de l’État et de présenter rapidement un calendrier des travaux de modernisation de l’aéroport », a précisé Christelle Morançais dans un communiqué. 

« Maintenant, il faut que ça bouge !, exhorte la présidente de la Région. L’impression qui domine, c’est que l’Etat ne sait pas où il va. Des années ont été perdues en pures conjectures ! Je demande solennellement au gouvernement de clarifier sa position, et d’engager, d’ici à la fin de l’année 2023, les premiers travaux de rénovation de l’aéroport. Trop de temps a été perdu ». « Le meilleur calendrier à tenir, désormais, c’est de désigner le lauréat du contrat de concession avant la fin du mois de juin », abonde la députée Renaissance de Loire-Atlantique Sophie Errante. « On n’a plus le droit de traîner. Il faut clarifier la situation, acter les choses. Finaliser le dossier, le blinder et avancer ». 

Constatant que depuis plus de cinq ans après la première annonce du gouvernement, c’est toujours l’inaction et le flou qui dominent autour du projet de réaménagement de Nantes-Atlantique, les organisations patronales pressent également l’État de tenir ses engagements et demandent à être reçus rapidement par le Première ministre Elisabeth Borne afin qu’elle clarifie ses intentions pour ce dossier stratégique pour l’ensemble du Grand Ouest. 

Une image désastreuse vis-à-vis des territoires comme des investisseurs étrangers 

Comme en témoignent les multiples déclarations qui se sont succédé ces derniers jours, la patience des élus de la région et des entreprises locales atteint ses limites. Pour eux, l’inaction de l’Etat alimente « le sentiment d’un profond mépris à l’égard d’un territoire qui se bat pour assurer son développement »Sur le plan économique, les pertes liées à cette défaillance sont loin d’être négligeables. Selon la Région, « à défaut d’une desserte aéroportuaire adaptée, le coût pour le développement économique des Pays de la Loire s’évaluerait à une perte de 1 % du PIB national ». 

Enfin, cette indécision, cette lenteur et ce non-respect des engagements de l’Etat véhiculent également une image désastreuse à l’extérieur de notre pays, alors que le gouvernement se targue pourtant de multiplier les atouts pour attirer les investissements étrangers. Mais quelle confiance les investisseurs pourront-ils accorder à l’Etat français si sa signature n’est pas fiable ? Comment seront perçues l’attractivité et la compétitivité réelles de la France si les projets, pour des raisons politiques, prennent systématiquement plusieurs années de retard, alors que dans d’autres pays de nombreuses infrastructures sortent de terre beaucoup plus rapidement ? 

André Garcin, Ancien cadre territorial, spécialiste dans l’accompagnement et le développement des PME

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