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Village d’Ardèche en résistance : halte à la dévastation écologique !

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En Ardèche, sous le ciel tranquille de Saint-Péray, un vent de révolte souffle sur la Plaine, réveillant les consciences face à un projet de déviation routière contesté et obsolète. Imposé par la Communauté de Communes Rhône-Crussol (CCRC) et ses partenaires, ce projet menace des dizaines d’hectares de terres agricoles et un corridor de biodiversité essentiel à la survie de nombreuses espèces protégées.

L’artificialisation des territoires est un phénomène global qui suscite de vives préoccupations. Chaque année, des millions d’hectares de terres agricoles, de forêts et d’habitats naturels sont convertis en zones urbaines ou industrielles. Ce processus irréversible modifie radicalement les écosystèmes, impactant la biodiversité et les services écosystémiques essentiels tels que la régulation du climat, la purification de l’air et de l’eau, et la fertilité des sols.

La situation à Saint-Péray est une illustration microcosmique d’une crise bien plus vaste. En effet, l’extension incessante des infrastructures humaines menace non seulement des écosystèmes locaux mais aussi la stabilité climatique globale. Les scientifiques et les écologistes alertent depuis des décennies sur les dangers de l’expansion urbaine incontrôlée, qui entraîne la fragmentation des habitats, la pollution et une augmentation des émissions de gaz à effet de serre.

Une bataille pour la biodiversité

L’opposition à ce projet n’est pas nouvelle. Elle est le fruit d’une prise de conscience aiguë des enjeux écologiques de notre temps. Alors que la plaine de Saint-Péray devrait être un sanctuaire pour la faune et la flore, elle se trouve au cœur d’un combat entre des visions du monde diamétralement opposées. D’un côté, le progrès technocratique et routier, de l’autre, la préservation de la nature. Surtout qu’au pied du massif de Crussol, classé Natura 2000, les vignes des trois prestigieuses appellations Cornas, Saint-Péray et Saint-Joseph s’étendent le long des méandres du Rhône.

Les associations Alterre et FRAPNA Drôme ont brillamment exposé les impacts désastreux de ce projet, tant sur le plan environnemental que social. En réponse à ces constats alarmants, les citoyens de Saint-Péray et des alentours se sont élevés contre l’abattage des chênes centenaires et l’invasion de leur espace de vie par le béton.

Un projet d’un autre âge

La déviation de Saint-Péray consiste en la création d’un contournement de la RD 86 par l’Est de la commune de St-Péray, avec comme objectif affiché de réduire les bouchons dans le centre de Saint-Péray. A priori anodin, ce projet prépare en fait la finalisation du ring valentinois, périphérique routier de Valence, et la construction d’un nouveau tronçon de route et d’un 3ème pont sur le Rhône permettant de rejoindre l’autoroute A7.  À plus court terme, c’est l’urbanisation de tout l’ouest de la plaine de Saint-Péray qui est programmé, avec la création de zones industrielles et d’activité et d’un nouveau quartier d’habitation. Ainsi, ce tronçon routier est loin de n’être « qu’une route de 2 fois une voie de circulation ». Cette route sera complétée par 3 ronds points, un pont sur le Mialan et un pont rail au niveau de la voie ferrée.

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Dans un monde où chaque hectare de terre préservée compte, la déviation de la RD86 apparaît comme un anachronisme, un projet déphasé qui va à l’encontre des engagements de la France en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de protection de la biodiversité. Plus de 60% des habitants locaux ont exprimé leur opposition dans des enquêtes publiques, et des centaines ont manifesté pour réclamer un arrêt des travaux.

Mobilisation et résistance

Le début de semaine a vu une mobilisation sans précédent sur le site prévu pour la déviation. Des militants, surnommés les « écureuils », ont pris possession des arbres centenaires, établissant un front de résistance vivant contre les machines de destruction. Cette occupation symbolise l’espoir d’une lutte réussie contre l’artificialisation des sols et le mépris des directives environnementales.

Néanmoins, les travaux débutent quand même, malgré que les recours en justice n’aient pas encore été jugés. Il vise pourtant à protéger la biodiversité particulière du lieu, et en particulier la vingtaine d’espèces de chauve-souris qu’abritent les bâtiments et les chênes centenaires présents sur le tracé de la route projetée.
Pour l’instant armés de débroussailleuses, les ouvriers préparent le terrain pour la venue de machines d’abattage dans les jours qui viennent.

L’urgence d’une action

Le temps presse. La CCRC, aveuglée par une volonté de développement dépassée, continue de pousser pour la réalisation de ce projet nocif. Mais la communauté locale est résolue : elle ne cédera pas. Il est impératif de renoncer à cette déviation, de renouer avec les valeurs de conservation et de respect de l’environnement qui devraient guider notre société.

Aujourd’hui, plus que jamais, la plaine de Saint-Péray est devenue un symbole de la résistance écologique. Une victoire ici serait un message fort envoyé à tous les décideurs : le temps des grands projets inutiles et destructeurs est révolu. Les citoyens exigent et méritent des alternatives durables qui respectent à la fois leur cadre de vie et les impératifs écologiques de notre époque.

L’appel à un changement de paradigme

Face à ces défis environnementaux, un changement de paradigme s’impose. Il devient impératif de repenser notre manière de concevoir le développement. Les nouvelles infrastructures, notamment les projets routiers comme celui de la RD86 à Saint-Péray, doivent être évaluées non seulement en termes de bénéfices économiques immédiats mais aussi en fonction de leur impact à long terme sur l’environnement et la société.

Les alternatives à l’artificialisation existent : revitalisation des zones déjà urbanisées, promotion de la densité plutôt que de l’étalement urbain, et investissement dans les transports en commun pour réduire la dépendance à la voiture individuelle. Ces stratégies permettent de concilier croissance et conservation, en assurant le bien-être des générations présentes et futures.

La résistance à Saint-Péray contre la déviation de la RD86 incarne cette lutte pour un développement plus respectueux de la nature et des communautés locales. Elle rappelle que derrière chaque projet se cache le choix de notre modèle de société et de notre rapport au vivant.

Fabienne Marion, Rédactrice en chef UP’

Photo d’en-tête : Les vignes de Saint-Perray avec, au loin, le château de Crussol © Radio France – Franck Daumas

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