Déjà inscrit ou abonné ?
Je me connecte

rejoignez gratuitement le cercle des lecteurs de UP’

Il vous reste 2 articles gratuits

abonnez-vous pour profiter de UP’ sans limite

“Stop sabotage climat” : partout en France, des citoyens enflamment les panneaux de leurs communes pour dénoncer l’inaction climatique

Alors que les dirigeants du monde entier se réunissent à Belém, au Brésil, pour la COP30, des citoyens français, accompagnés par le collectif Action Non-Violente COP21 (ANV-COP21), font entendre leur colère. Dans plus de 100 communes, ils collent des flammes sur les panneaux d’entrée de ville avec un message clair : “STOP SABOTAGE CLIMAT”. Geste symbolique ou véritable levier pour faire bouger les lignes ? Ces actions, à la fois simples et percutantes, interrogent notre rapport à l’engagement local et rappellent que la bataille climatique se joue aussi, et peut-être surtout, sur nos territoires.

À Belém, au Brésil, les chefs d’État discutent de l’avenir de la planète. En France, ce sont les citoyens qui s’en emparent. De La Tronche à Saint-Nazaire, en passant par Rouen, Blacé ou Pornichet, les automobilistes découvrent à l’entrée de leur commune des panneaux municipaux recouverts d’un sticker représentant des flammes, accompagné d’un cri d’alerte : “STOP SABOTAGE CLIMAT”. Une action pour dénoncer les dirigeants des pays riches et l’industrie fossile qui ont torpillé les COP successives et sont directement responsables des catastrophes que nous subissons, les plus précaires en première ligne : méga-feux, inondations, intempéries, vagues de chaleur… 

Ces gestes symboliques, coordonnés par le mouvement Action Non-Violente COP21 (ANV-COP21), ne sont pas isolés. Pendant toute la durée de la COP30, au moins 50 collectifs citoyens de différentes associations se mobilisent pour recouvrir 754 panneaux dans plus de 100 communes françaises. Leur message est limpide : les catastrophes climatiques — méga-feux, inondations, sécheresses, canicules — ne sont plus des menaces lointaines, mais des réalités quotidiennes.

“Ça fait des années que l’on devrait agir massivement pour freiner le dérèglement climatique et qu’on ne le fait pas, déplore Zoé Pélegry, porte-parole d’ANV-COP21. Ce n’est pas faute de connaissances scientifiques, ni de volonté citoyenne. Le problème, c’est le sabotage de la bataille climatique par les lobbies fossiles, avec la complicité de nos dirigeants politiques.”

Les militants entendent ainsi peser sur les négociations internationales. Alors que les pays riches tergiversent depuis plus d’une décennie, les activistes exigent un calendrier contraignant de sortie des énergies fossiles et une véritable justice climatique mondiale.

Cette campagne, visuelle et pacifique, traduit aussi l’exaspération d’une population consciente des enjeux. Selon un sondage IPSOS publiée par le Réseau Action Climat le 14 octobre dernier, les Françaises et Français jugent l’action d’Emmanuel Macron et de ses gouvernements insuffisante en matière d’écologie et de lutte contre le changement climatique, dans le contexte actuel d’instabilité politique. Très majoritairement, ils apportent leur soutien aux mesures écologiques testées dans cette enquête.

Pourquoi ne pas profiter d’une lecture illimitée de UP’ ? Abonnez-vous à partir de 1.90 € par semaine.

Pour ANV-COP21, l’action doit se poursuivre au-delà de la COP30 : “Nous appelons chacun à recouvrir les panneaux de sa commune. L’inaction politique brûle notre avenir — alors faisons flamber les consciences.
Ces flammes collées sur les panneaux de nos villes ne visent pas à détruire, mais à alerter. Elles rappellent que, face à la crise climatique, le vrai sabotage serait de continuer à ne rien faire.

Les territoires, premiers acteurs du changement

Le changement climatique n’est pas uniquement un phénomène climatique ou environnemental : c’est un processus profondément inscrit dans les trajectoires humaines, les rapports de pouvoir et les modalités de gouvernance. » (Le changement climatique, d’Augustin Fragnière, Jacopo Grasioli, Samuel Jaccard, …)

Si ce type d’action peut sembler “dérisoire” face à la puissance des multinationales et à la lenteur des négociations internationales, il ne faut pas sous-estimer le rôle déterminant des territoires dans la lutte contre le dérèglement climatique. Les communes sont les premières lignes de front face aux effets du réchauffement : elles gèrent les canicules, les inondations, les feux de forêt, la sobriété énergétique et l’adaptation des infrastructures. Ce sont elles qui traduisent les grands accords internationaux en politiques concrètes : isolation des bâtiments, développement des transports en commun, alimentation locale, verdissement des espaces publics, gestion de l’eau ou rénovation thermique.

Ainsi, quand des citoyens interpellent leurs élus locaux, ils ne mènent pas seulement une action symbolique : ils réaffirment la responsabilité et la capacité d’agir de leur territoire. Les maires, intercommunalités et collectivités doivent devenir des moteurs de la transition écologique — à condition d’en avoir la volonté politique et les moyens financiers.

Comme le soulignent Fragnière et Grazioli (1), “comprendre pour mieux agir” est plus qu’une formule : c’est une condition pour que les territoires ne soient pas de simples récepteurs d’une politique nationale, mais des acteurs de la transformation réelle. Ils rappellent également que les territoires sont à la fois réceptacles des impacts (vagues de chaleur, inondations, feux) et laboratoires d’expérimentations (adaptation locale, innovation sociale, gouvernance participative). »
En ce sens, l’action des citoyens qui collent ces stickers sur les panneaux devient plus qu’un signal symbolique : elle s’inscrit dans ce mouvement que l’ouvrage identifie comme « essentiel pour “réconcilier” science, société et politique à l’échelle locale. » Dans ce contexte, les “flammes” collées sur les panneaux d’entrée de commune prennent tout leur sens : elles rappellent que le changement global commence par des décisions locales. Loin d’être anecdotiques, ces gestes citoyens sont un signal. Un appel à l’action, à la cohérence, et à la mobilisation collective — depuis les villages jusqu’aux COP internationales.

Les territoires ont cessé d’être de simples réceptacles de décisions nationales ; ils deviennent des lieux d’expérimentation, d’adaptation et de transformation locale des enjeux climatiques. » (Le changement climatique, d’Augustin Fragnière, Jacopo Grasioli, Samuel Jaccard, …)

Dans leur ouvrage « Les territoires oubliés – Un futur désirable » (2), Masboungi et Hébert estiment que : « Affirmer que ces territoires auront un futur désirable, c’est décider qu’ils peuvent y parvenir, parce qu’ils pratiquent déjà une forme d’intervention continue sur leur patrimoine, inventant des programmes originaux et captant les initiatives locales. » car, « au regard des crises environnementales, sociales et économiques, ces territoires peuvent offrir des réponses fortes localement et appellent un projet national, unissant le destin des campagnes, des villes et des métropoles. Les élus et maires de petites communes de moins de 3 500 habitants déclarent que c’est sur leurs territoires que se joue l’écologie française ! Ils affirment que c’est là que se jouera le futur de la biodiversité, de la gestion de l’eau, de la production d’énergies renouvelables. » 

Responsabilité collective et appel à l’espoir

Une citoyenne colle un sticker sur le panneau de Pornichet

En collant ces flammes sur les panneaux d’entrée de communes, les citoyens ne signent pas simplement un acte de protestation : ils inscrivent une urgence à agir dans le paysage ordinaire de leur quotidien, rappelant que l’inaction climatique ne concerne pas un « ailleurs », mais bien ici et maintenant. Les dirigeants réunis à COP 30 à Belém doivent entendre la voix des territoires, parce que ce sont les hommes et les femmes de nos communes, au fil des rues, des rivières, des forêts et des toitures, qui paient déjà le prix du dérèglement.

L’article paru dans UP’ Magazine intitulé « L’émergence d’une ‘République de projets’ : la réponse des territoires à la crise de l’action publique » souligne combien les territoires deviennent des acteurs proactifs : « Les territoires … n’attendent plus les appels à projets venus de Paris, mais prennent l’initiative et répliquent ce modèle pour s’emparer de sujets régaliens. L’impulsion reste dictée par Paris, et non par les besoins du terrain […] Les acteurs locaux prennent le relais et imagin­ent des solutions pragmatiques qui répondent effectivement aux besoins de leurs habitants ».

Cette dynamique montre que ce qui paraît dérisoire peut être la première pierre : lorsque des citoyens veillent, alertent, interpellent — et lorsque les territoires — communes, intercommunalités, régions — prennent en main leur destin, alors l’action globale n’est plus une promesse au lointain, mais une réalité palpable. Le sabordage climatique dénoncé par le mouvement Action Non-Violente COP21 trouve ainsi une riposte dans les projets concrets portés localement, dans les mobilisations citoyennes, mais aussi dans la gouvernance de proximité.

Pour lutter contre la désinformation et privilégier les analyses qui décryptent l’actualité, rejoignez le cercle des lecteurs abonnés de UP’

À chacun — élu, citoyen, collectivité — d’endosser sa part de responsabilité. Parce qu’il ne s’agit pas seulement de dénoncer, mais de bâtir. Le message enflammé sur ces panneaux : le temps du sabot­age est fini. Place à l’action, ici, maintenant, ensemble. Mobilisons-nous, agissons — pour que nos territoires deviennent laboratoires d’espoir et de résilience face au climat.

 

(1) Livre « Le changement climatique – Climat, écologie, société et politique » d’Augustin Fragnière, Jacobo Grazioli, Samuel Jaccard, Christophe Randin et Philippe Thalmann – Éditions EPFL Press, septembre 2025
(2) Livre « Les territoires oubliés – Un futur désirable » d’Ariella Masbounhi et Guillaume Hébert – Éditions du Moniteur, février 2024

Photo d’en-tête : Une personne d’ANV-COP21 colle des stickers flammes sur un panneau d’entrée de commune de « La Tronche ». Crédit ANV-COP21

Nous avons un message pour vous…

Dès sa création, il y a plus de dix ans,  nous avons pris l’engagement que UP’ Magazine accordera au dérèglement climatique, à l’extinction des espèces sauvages, à la pollution, à la qualité de notre alimentation et à la transition écologique l’attention et l’importance urgentes que ces défis exigent. Cet engagement s’est traduit, en 2020, par le partenariat de UP’ Magazine avec Covering Climate Now, une collaboration mondiale de 300 médias sélectionnés pour renforcer la couverture journalistique des enjeux climatiques. En septembre 2022, UP’ Magazine a adhéré à la Charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique.

Nous promettons de vous tenir informés des mesures que nous prenons pour nous responsabiliser à ce moment décisif de notre vie. La désinformation sur le climat étant monnaie courante, et jamais plus dangereuse qu’aujourd’hui, il est essentiel que UP’ Magazine publie des rapports précis et relaye des informations faisant autorité – et nous ne resterons pas silencieux.

Notre indépendance éditoriale signifie que nous sommes libres d’enquêter et de contester l’inaction de ceux qui sont au pouvoir. Nous informerons nos lecteurs des menaces qui pèsent sur l’environnement en nous fondant sur des faits scientifiques et non sur des intérêts commerciaux ou politiques. Et nous avons apporté plusieurs modifications importantes à notre expression éditoriale pour que le langage que nous utilisons reflète fidèlement, mais sans catastrophisme, l’urgence écologique.

UP’ Magazine estime que les problèmes auxquels nous sommes confrontés dans le cadre de la crise climatique sont systémiques et qu’un changement sociétal fondamental est nécessaire. Nous continuerons à rendre compte des efforts des individus et des communautés du monde entier qui prennent courageusement position pour les générations futures et la préservation de la vie humaine sur terre. Nous voulons que leurs histoires inspirent l’espoir.

Nous espérons que vous envisagerez de nous soutenir aujourd’hui. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à offrir un journalisme de qualité, ouvert et indépendant. Chaque abonnement des lecteurs, quelle que soit sa taille, est précieux. Soutenez UP’ Magazine à partir d’1.90 € par semaine seulement – et cela ne prend qu’une minute. Merci de votre soutien.

Je m’abonne →

S’abonner
Notifier de

1 Commentaire
Les plus anciens
Les plus récents Le plus de votes
Inline Feedbacks
View all comments
patricia.fetnan@gmail.com
1 mois

«  Rouge comme le feu, le sang, le volcan. Rouge comme le feu. »
«  Moi, je l’ai fait le feu, alors je le connais. »
Ça, c’est à 3 ans sur les bancs de l’Ecole.
Par contre, les hommes, qui ne deviennent pas Humanité, l’oublient.
«  La maison brûle … »
Passer au feu symbolique, Pulsion de Vie, peut faire Lumière dans les esprits enténébrés …
«  L’eau qui de devient un homme/ cela s’appelle le sang »
Tchouang- Tseu
Continuons de faire couler notre Eau de Vie, pour arrêter le Sang qui coule.
Le volcan que nous avons allumé …

Article précédent

Des artistes se mobilisent pour la COP30

Prochain article

Climat : les Français inquiets, engagés… mais de plus en plus désabusés

Derniers articles de Climat

REJOIGNEZ

LE CERCLE DE CEUX QUI VEULENT COMPRENDRE NOTRE EPOQUE DE TRANSITION, REGARDER LE MONDE AVEC LES YEUX OUVERTS. ET AGIR.
logo-UP-menu150

Déjà inscrit ? Je me connecte

Inscrivez-vous et lisez trois articles gratuitement. Recevez aussi notre newsletter pour être informé des dernières infos publiées.

→ Inscrivez-vous gratuitement pour poursuivre votre lecture.

REJOIGNEZ

LE CERCLE DE CEUX QUI VEULENT COMPRENDRE NOTRE EPOQUE DE TRANSITION, REGARDER LE MONDE AVEC LES YEUX OUVERTS ET AGIR

Vous avez bénéficié de 3 articles gratuits pour découvrir UP’.

Profitez d'un accès illimité à nos contenus !

A partir de 1.70 € par semaine seulement.

Profitez d'un accès illimité à nos contenus !

A partir de $1.99 par semaine seulement.