Alors que plus de 1 100 professionnels de la technologie ont demandé, à travers une lettre ouverte parue le 28 mars dernier, une pause dans le développement des systèmes d’IA, y compris Chat GPT, l’UNESCO appelle les pays à mettre en œuvre sans délai sa « Recommandation sur l’éthique de l’intelligence artificielle ». Ce cadre normatif mondial, adopté à l’unanimité par les 193 États membres de l’Organisation, prévoit les garde-fous nécessaires.
La lettre signée par plus de 1100 personnes via l’institut Future of Life stipule que « La recherche et le développement de l’IA devraient être recentrés pour rendre les systèmes puissants et dernier cri plus précis, plus sûrs, plus transparents, plus loyaux ». Cette association de Boston qui veut diminuer les risques menaçant l’humanité, plus spécifiquement ceux causés par les nouvelles technologies, se fait le relais des 1100 signataires pour alerter sur les risques profonds de l’IA pour la société et l’humanité. Ils demandent une pause de six mois pour réfléchir à la création d’une série de protocoles et de règles rendant les avancées futures plus responsables et transparentes. Les gouvernements, de leur côté, sont invités à plancher sur un système de gouvernance de l’IA. L’occasion pour l’UNESCO d’un rappel à leur « Recommandation sur l’éthique de l’intelligence artificielle ».
« Le monde a besoin de règles éthiques pour l’intelligence artificielle : c’est le défi de notre temps. La Recommandation de l’UNESCO sur l’éthique de l’IA définit le cadre normatif approprié. Nos États membres ont tous entériné cette recommandation en novembre 2021. Il est aujourd’hui urgent que tous transposent ce cadre sous la forme de stratégies et de réglementations nationales. Nous devons traduire les engagements en actes », souligne Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO.
Nous avons besoin de politiques et de cadres réglementaires nationaux et internationaux pour garantir que les technologies émergentes profitent à l’humanité tout entière. Nous avons besoin d’une IA centrée sur l’humain, qui servirait l’intérêt supérieur des citoyens, et non pas l’inverse.
En novembre 2021, les 193 États membres de l’UNESCO ont adopté la Recommandation sur l’éthique de l’intelligence artificielle, le tout premier instrument normatif mondial sur le sujet. Elle permettra non seulement de protéger mais aussi de promouvoir les droits humains et la dignité humaine, et constituera une boussole éthique et un socle normatif mondial permettant d’instaurer un solide respect de l’État de droit dans le monde numérique.
La Recommandation de l’UNESCO sur l’éthique de l’intelligence artificielle constitue le premier cadre normatif mondial pour une utilisation éthique de l’IA. Elle est une feuille de route pour les pays, qui décrit comment amplifier les avantages de l’IA tout en réduisant les risques que cette technologie comporte. À cette fin, le texte comporte non seulement des valeurs et des principes, mais aussi des orientations détaillées de politiques publiques dans tous les domaines concernés.
L’institution est particulièrement préoccupée par les questions éthiques soulevées par ces innovations dans les domaines de la lutte contre les discriminations et les stéréotypes, y compris sur les questions de genre, de la fiabilité de l’information, de la vie privée et de la protection des données, des droits humains et environnementaux.
L’autorégulation de l’industrie n’est manifestement pas suffisante pour éviter ces préjudices éthiques. C’est pourquoi la Recommandation de l’UNESCO fournit les outils permettant de garantir que les développements de l’IA respectent l’état de droit, évitent les préjudices et garantissent que lorsque des préjudices sont causés, des mécanismes de responsabilité et de réparation soient mis en place et soient faciles à solliciter par les personnes concernées.
La Recommandation de l’UNESCO est par ailleurs assortie d’un outil d’évaluation qui permet à chaque État membre de connaître son état de préparation à la mise en œuvre de ce texte. Cet outil permet aux pays de déterminer les compétences et aptitudes requises pour les professionnels du secteur en vue d’établir une réglementation solide de l’intelligence artificielle. Elle prévoit aussi que les Etats rendent compte régulièrement de leurs avancées et de leurs pratiques en matière d’intelligence artificielle, notamment sous la forme d’un rapport périodique remis tous les quatre ans.
À ce jour, plus de 40 pays de toutes les régions du monde travaillent déjà avec l’UNESCO pour développer ces garde-fous en matière d’IA au niveau national, en s’appuyant sur la Recommandation. L’UNESCO appelle tous les pays à rejoindre ce mouvement pour construire une IA éthique. Un point d’étape sera présenté au Forum mondial de l’UNESCO sur l’éthique de l’intelligence artificielle, prévu en décembre 2023 en Slovénie.