Sleep Sheperd serait-il la solution miracle pour les insomniaques ? En nous maintenant en somnolence durant toute la nuit, ce bonnet est capable de changer notre quotidien en nous aidant à être véritablement reposé. Une alternative aux drogues de toutes sortes pour dormir paisiblement.
Nous voici de retour aux bonnes vieilles habitudes d’un autre siècle : dormir avec un bonnet de nuit ! Il s’agit donc d’un bonnet que l’utilisateur chausse sur sa tête pour mieux dormir. Equipé de haut-parleurs, il émet des sons en fonction de notre état de sommeil afin de diminuer la fréquence de nos ondes cérébrales dans le but de plonger l’utilisateur dans un état de somnolence. Le bonnet intègre la technologie « Hammock virtuel » inventée par le Dr Michael Larson qui permet une sensation de balancement rythmique en utilisant les mécanismes naturels du centre auditif du cerveau. La pulsation rythmique « entend » lorsque vous portez le Sleep Shepherd, ce qui pemet au cerveau de déchiffrer la différence de fréquence entre les deux tonalités. Cette capacité naturelle, contenue dans la structure de notre cerveau, crée une sensation apaisante de balancement d’avant en arrière comme si le porteur était dans un hamac.
Il s’agit donc d’une solution capable d’aider à nous endormir et qui permet aussi de dormir mieux tout au long de la nuit en agissant sur le centre auditif du cerveau, en diminuant la fréquence des ondes cérébrales pour favoriser le sommeil de l’utilisateur.
Sleep Shepherd se contente seulement de maintenir l’utilisateur dans un état de somnolence afin d’éviter les réveils en plein milieu de nuit.
Aucune connectivité ici, le principe est simplement d’agir sur le cerveau pour se sentir moins fatigué, moins stressé et mieux dans sa peau. Ce bonnet est fabriqué dans une matière respirante similaire à celle utilisé pour les maillots de sport.
Sleep Shepherd offre une autonomie d’une nuit et se recharge via un port micro USB et contrairement à d’autres produits du quantified self, il ne comporte aucune fonctionnalité d’analyse de données sur le sommeil.
Présenté en avant-première au CES de Las Vegas 2015, il sera disponible à la vente à partir de Mars 2015 au prix de 160$, frais de port inclus.
L’insomnie en question
Les études montrent qu’environ 10% de la population souffre de véritable insomnie. Selon un sondage d’OpinionWay, les réveils nocturnes deviennent très courants : ils perturbent en effet le sommeil de 69% des français ! Et une baisse accrue de la qualité du sommeil pousse une majorité de français à recourir à l’usage de somnifères. A ce sujet, plusieurs études démontrent des effets secondaires pour le moins inquiétants, qu’il s’agisse des anxiolytiques (benzodiazépines de type Xanax, Valium etc.) ou des somnifères dits de « nouvelle génération » (hypnotiques non-benzodiazépines de type Imovane ou Lunesta). Selon une étude publiée dans le British Medical Journal, l’utilisation continue d’anxiolytiques ou de somnifères multiplie par quatre le risque de mortalité précoce…
Dans son livre « Capitalisme à l’assaut du sommeil » (1), Jonathan Crary dénonce les projets de recherche scientifique pour obtenir des « travailleurs sans sommeil » et précise que le sommeil impose l’idée d’un besoin humain et d’un intervalle de temps qui ne peuvent être ni colonisés ni soumis à une opération de profitabilité massive – raison pour laquelle celui-ci demeure une anomalie et un lieu de crise dans le monde actuel. L’insomnie est l’état dans lequel les activités de produire, de consommer et de jeter s’enchaînent sans la moindre pause, précipitant l’épuisement de la vie et des ressources :
« Malgré tous les efforts de la recherche scientifique en ce domaine, le sommeil persiste à frustrer et à déconcerter les stratégies visant à l’exploiter ou à le remodeler. La réalité, aussi surprenante qu’impensable, est que l’on ne peut pas en extraire de la valeur.
Au regard de l’immensité des enjeux économiques, il n’est pas étonnant que le sommeil subisse aujourd’hui une érosion généralisée. Les assauts contre le temps de sommeil se sont intensifiés au cours du XXe siècle. L’adulte américain moyen dort aujourd’hui environ six heures et demie par nuit, soit une érosion importante par rapport à la génération précédente. (…)
Le régime 24/7 sape toujours davantage les distinctions entre le jour et la nuit, entre la lumière et l’obscurité, de même qu’entre l’action et le repos. Il définit une zone d’insensibilité, d’amnésie, qui défait la possibilité même de l’expérience. Pour paraphraser Maurice Blanchot, cela se produit à la fois après et «d’après» le désastre, c’est-à-dire un état qui se reconnaît à un ciel vide, où ne sont plus visibles aucun astre, aucune étoile ni aucun signe, où l’on a perdu tout repère, et où s’orienter est impossible.
Plus concrètement, c’est comme un état d’urgence : les projecteurs s’allument soudain au milieu de la nuit, sans doute en réponse à quelque situation extrême, mais personne ne les éteint jamais, et on finit par s’y habituer comme à une situation permanente. »
Puisse le Sleep-Sheperd redonner confort et paix au sommeil.
(1) Le Capitalisme à l’assaut du sommeil, par Jonathan Crary – Traduit de l’américain par Grégoire Chamayou. 140 pages, 15 euros, éditions Zones-La Découverte.