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Marine marchande toutes voiles dehors ! Le retour.

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Comment faire renaître un fret maritime dont la particularité est de conjuguer les traditions historiques avec le progrès moderne ? C’est tout l’intérêt et la curiosité du projet TOWT qui s’apprête à appareiller avec le lougre « Grayhound », malgré les eaux incertaines du Brexit … La marine marchande à voile serait-elle de retour ?
 
Et si on se remettait au transport à la voile ? C’est tout le projet de l’entreprise TOWT (TransOceanic Wind Transport), avec un regroupement de quatre partenaires, Transport à la voile, le Port-Musée de Douarnenez, le « Grayhound » et le port cornouaillais de Charlestown dont l’objectif commun est de conjuguer les traditions historiques avec le progrès moderne : faire renaître le fret maritime entre deux régions « sœurs », la France et l’Angleterre.
En alliant les activités de transport à la voile aux liens historiques grâce à l’utilisation de voiliers traditionnels, ces « nouveaux » vieux gréements sillonnent les routes maritimes pour livrer des produits biologiques, naturels ou équitables. En utilisant la force du vent pour dessiner les contours d’une logistique maritime sobre en carbone, le transport à la voile offre des perspectives de développement économique et d’innovation.
 
© 2018 TOWT – Transport à la voile

 
Guillaume Le Grand, 36 ans, jeune Breton né à Brest, est passionné de mer et adepte du « slow transport ». Il crée TOWT en 2009 pour une alternative au commerce maritime classique, gros émetteur de CO2 et pollueur des océans.
Spécialisée depuis 2011 dans le transport de marchandises à la voile, l’entreprise s’appuie sur l’héritage des routes maritimes et d’anciens voiliers de travail ou de répliques.
 
© 2018 TOWT – Transport à la voile

 
Elle remet ainsi au goût du jour un mode de transport écologique qui répond aux problématiques environnementales actuelles et futures. L’énergie vélique permet le transport de marchandises au niveau régional et international tout en limitant considérablement les émissions de CO2 comparativement aux modes de transports dits conventionnels. Selon l’Organisation maritime internationale, le transport maritime, s’il était un pays, serait le quatrième émetteur mondial de CO2 derrière l’Inde et avant la Russie.
 

Fret maritime = pollution majeure  

Le transport maritime achemine plus de 90% des marchandises dans le monde. Il transporte également plusieurs millions de personnes chaque année. Selon différentes sources, la part du transport maritime dans les émissions varie de 5 à 10 % pour les oxydes de soufre (SOx) ; de 15 à 30 % pour les oxydes d’azote (NOx) et peut monter jusqu’à 50% des particules fines dans certaines zones côtières. Gourmands en énergie, chacun de ces monstres flottants génèrent autant de pollution aux particules ultra-fines qu’un million de voitures. Peu connue du grand public, cette pollution porte atteinte à la santé des habitants des villes portuaires. À Marseille notamment, France Nature Environnement, et l’ONG allemande NABU ont mené l’enquête, révélant que la pollution de l’air du transport maritime est responsable de 50 000 à 60 000 morts par an. En effet, en arrivant dans les ports, les bateaux de croisières, par exemple, ne coupent pas les moteurs, exposant les populations locales à une forte pollution. Malgré les nouvelles réglementations annoncées, une nouvelle projection de James Corbett estime que, en 2020, le fuel marin sera toujours responsable d’environ 250 000 morts et 6,4 millions de cas d’asthmes chez les enfants chaque année.
Par ailleurs, la raison majeure pour laquelle les navires polluent autant est l’utilisation du fuel lourd comme carburant.
D’après le rapport 2017 de l’ICCT, en 2015, l’ensemble des navires qui sillonnaient les océans ont contribué à environ 2,6 % des émissions planétaires de CO2 (932 millions de tonnes de CO2) ; en 2018, nous en étions à 4% des émissions de CO2 mondiales.
 
Dans un papier de La Tribune d’avril 2018, l’auteur déclarait : « Pourtant, il existe de multiples pistes permettant de faire baisser les émissions du secteur : ralentir la vitesse des navires, utiliser des carburants plus propres, et, une solution qui revient en force ces derniers temps, recourir à la force du vent pour diminuer la consommation de carburant. »
Afin de diminuer à court terme l’empreinte carbone du transport maritime, la France promeut avec les professionnels du secteur la régulation mondiale de la vitesse des navires. Ce 4 avril 2019, la France a déposé en ce sens un projet auprès de l’Organisation maritime internationale (OMI) qui sera étudié en mai prochain. Il y a un an, l’OMI adoptait sa stratégie initiale pour la réduction des gaz à effet de serre des navires, activement encouragée par la France et le fruit de plusieurs années de négociations internationales.
 

Le voilier-cargo du futur

 
© 2018 TOWT – Transport à la voile

 
La démarche environnementale de TOWT ne se limite pas à l’utilisation d’une énergie renouvelable pour le transport de marchandises. Les marchandises elles-mêmes et les producteurs s’inscrivent dans cet engagement. Les vins, bières, thés, chocolats, etc. commercialisés par TOWT sont tous sélectionnés biologiques, naturels ou issus du commerce équitable. Par ailleurs, la société bretonne s’attache à proposer à ses clients des produits authentiques et d’excellente qualité. Le label « Transporté à la voile » garantissant un transport sobre en émission de CO2, est apposé sur chacun des produits. Un numéro présent sur l’étiquette du label donne également accès à des informations complémentaires sur le voyage du produit.
 
TOWT mène une étude de recherche et développement en vue de la construction d’un Voilier-Cargo. Soutenu par l’ADEME, le projet bénéficie du Programme des Investisseurs d’Avenir. Il vise à concevoir une nouvelle génération de grands voiliers pour le transport de marchandises répondant aux critères de coût, fiabilité, capacité et vitesse. Le Voilier-Cargo moderne est un formidable vecteur d’innovation. Il permettra de mettre en application de nouvelles technologies, notamment en architecture navale, et aussi de nouveaux usages commerciaux et logistiques respectueux de l’environnement.
 
Si TOWT a pour objectif de réduire la consommation d’énergie fossile et polluante, la société de transport à la voile, en revanche, ne lésine pas sur l’énergie humaine. L’équipage se compose cinq membres dont Guillaume Le Grand et Diana Mesa, les capitaines.
 

Appareillage du « Grayhound » pour une saison au grand large

 
© 2018 TOWT – Transport à la voile

 
Qui aurait parié sur la reprise du commerce par ces vieux bateaux que sont les lougres, utilisés vers la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe par les marines de guerre française ou anglaise, ou par les corsaires et les contrebandiers, pour le commerce sur les côtes de la Manche et en océan Atlantique ?  Le “Grayhound”, mis à l’eau en aôut 2012, est donc un lougre à trois mâts unique en son genre, construit dans le plus pur respect des traditions par les armateurs et propriétaires Marcus Rowden et Freya Hart à partir de plans datants de 1776.  
 
Marcus Rowden et Freya Hart 
 
Le navire prendra en charge sa première cargaison de l’année sur le Port-Rhu à Douarnenez le mardi 9 avril vers 16h00 et appareillera le lendemain à 9 heures pour d’abord faire voile vers le « Dibble & Grub », sur les Îles Scilly afin d’y ravitailler pour l’année le restaurant en vins biologiques labellisés ANEMOS.
Il fera ensuite cap sur Falmouth puis Plymouth pour poursuivre ses livraisons bas-carbone.
 
Dans un contexte évident d’incertitude liée à un éventuel « Brexit », TOWT a choisi de poursuivre ses navigations transmanches, espérant le meilleur, tout en restant à prêt à annuler une bonne partie des livraisons, se préparant ainsi au pire.
 
 
Ainsi, si les fameuses et délicieuses « ales » de Cornouaille et du Devon ont rempli les cales du lougre depuis 2013 et que TOWT importe la marque phare Avocet depuis 2011, c’est le risque de déclassement des produits biologiques débarqués dans les ports bretons (Produits Bio : la Bretagne privée de débarquements !) dans un contexte « Brexit » qui porte le coup le plus important aux cargaisons retour qui seront chargées à bord du « Grayhound » qui, après avoir appareillé le 14 mai de Falmouth, accostera le 21 avril au Port-Rhu.
 
Préférant le large aux eaux troubles des liens transmanches, le « Grayhound » fera route cette année vers Porto, Madère et les Açores, destinations riches en marchandises, ô combien atlantiques et tout à fait européennes.
C’est aussi dans ce contexte de « mer agitée » que, plus que jamais, la coopération continue entre les Cornouailles, finistérienne et britanniques, grâce au projet européen Channel Sail Route (FEAMP) qui célèbre les liens forts qui existent – et continueront d’exister – entre ces régions.

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On peut aussi devenir équipier sur Grayhound le temps d’une traversée de la Manche : En savoir plus
 
 

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