L’association WomenTechnology a mis un point un robot capable de réguler la circulation dans la capitale de la République démocratique du Congo, Kinshasa.
Taille : 2,5 mètres de haut, et un look rock’n roll avec lunettes de soleil, diodes clignotantes vertes et rouges, le tout alimenté de panneaux solaires lui permettant son autonomie. Cet impressionnant robot gère la circulation automobile lorsque les piétons traversent le boulevard Lumumba : il pivote son buste dont le plastron passe du vert au rouge et lève ses bras comme le ferait un agent pour bloquer une voie et laisser passer les voitures sur l’autre.
Pour ce faire, il utilise des signaux lumineux et ses bras afin de stopper la circulation. Selon Thérèse Inza, la présidente de Women Technology, l’association à l’origine du projet, ce policier d’aluminium a déjà pris du galon avec des caméras, un système pour détecter les piétons, des panneaux solaires et une liaison directe avec un centre de données qui pourrait, à terme, être utilisé par la police.
Le robot de Limete a été mis en service en juin 2013. Un petit frère plus évolué est en place depuis le mois d’octobre à un carrefour devant le Parlement, où il assure la tâche du « roulage » : les policiers chargés d’assurer la circulation dans la mégalopole kinoise, où les feux tricolores sont encore rares. Sachant que dans la ville 600 carrefours dangereux ou endroits compliqués ont été identifiés : les robots pourraient y être installés. Kinshasa, mégalopole de plus de 10 millions d’habitants, est connue pour ses embouteillages géants et sa circulation anarchique. On y voit circuler pléthore de voitures hors d’âge et d’état, et les consignes élémentaires du Code de la route y sont allègrement bafouées, tandis que les policiers du roulage, mal payés, sont souvent accusés de rançonner les automobilistes.
Comment ça marche ?
En aluminium et conçus pour résister aux rigueurs du climat équatorial (fortes chaleurs, humidité élevée et grosses pluies), les « robots roulage intelligents », avec leur allure anthropoïde embarquent toute une électronique poussée. Un système de détection indique au robot des piétons qui veulent traverser, et des caméras fichées dans ses yeux et ses épaulettes permettent de filmer en permanence la circulation.
« Quand le robot capte les images », il les transmet à l’aide de l’antenne dressée sur sa tête à un centre où « l’on stocke toutes les données », explique Claude Diasuka, ingénieur en vidéosurveillance qui participe au projet. Pour l’instant, les robots sont toujours la propriété de l’association et ces données ne sont pas utilisées. A terme, lorsque les robots seront remis à la police, ces informations « permettront de poursuivre les gens qui ont commis des infractions « , ajoute-t-il.
Le prix pour un tel robot avoisine pour l’instant les 15.000 dollars mais si la Commission Nationale de Prévention Routière congolaise, séduite par le projet, passe bel et bien commande, ce prix pourrait diminuer rapidement.
« Un robot qui est en train de faire la sécurité routière et la régulation routière c’est vraiment Made in Congo », assure Madame Inza, « nous devons vendre notre intelligence dans d’autres pays, de l’Afrique centrale comme d’ailleurs, pourquoi pas, aux Etats Unis, en Europe ou en Asie ? » (Expositions prévues dès avril 2014 au Canada et en Suisse).
Au départ, Woman Technology a été fondée pour offrir des débouchés aux femmes congolaises titulaires d’un diplôme d’ingénieur, mais avec ses robots, Madame Inza rêve de créer des emplois dans tous le pays, avec le soutien de partenaires financiers.
(Source : AFP – 30 janvier 2014)
– Lire article de Radio Okapi / Fondation Hirondelle : « Kinshasa : présentation d’un robot régulateur de la circulation » – Juin 2013