Un monde à découvrir. Des atomes aux étoiles, les plus belles images de sciences, de Vincent Glavieux – Éditions 41/Fondation des Presses polytechniques et universitaires romandes, novembre 2025 – 328 pages
Et si la science était la plus grande des aventures visuelles ?
Une entrée en matière : faire de la science une épopée du regard
Avec cette interrogation inaugurale, Vincent Glavieux propose un renversement salutaire : la science, souvent perçue comme abstraite ou conceptuelle, serait d’abord une aventure visuelle, un émerveillement du regard. Son livre rassemble des images spectaculaires — issues de la physique, de la biologie, de l’astronomie ou encore des sciences de la Terre — pour montrer que la beauté n’est pas un supplément, mais une dimension constitutive de la connaissance. Des galaxies lointaines capturées par le télescope James Webb aux particules insaisissables révélées dans les détecteurs du CERN, ce livre exceptionnel réunit 300 des plus belles images produites par la science contemporaine.
Glavieux fait ainsi le pari de l’esthétique comme porte d’entrée vers la compréhension : regarder pour apprendre, contempler pour saisir, s’émouvoir pour mieux connaître.
Un voyage du minuscule au gigantesque : la continuité du réel
L’ouvrage se construit comme une expansion progressive de l’échelle : les atomes et les structures microscopiques, révélés par les microscopes électroniques ; les formes du vivant observées sous fluorescence, polarisation ou tomographie ; les phénomènes terrestres (plis géologiques, cristaux, météorologie) ; le cosmos, ses nébuleuses, ses étoiles en formation, ses galaxies spirales.
Cette progression compose un récit implicite : le monde se répond à toutes les échelles. Les fractales, symétries, textures et motifs que Glavieux met en lumière révèlent une unité profonde du réel, du plus infime grain de matière aux architectures cosmiques les plus vastes.
Le rôle des instruments : quand la technique devient un prolongement du regard
Ce livre n’est pas seulement un album d’images ; c’est aussi un hommage aux instruments optiques qui rendent ces visions possibles. Glavieux explique avec clarté comment un microscope électronique à balayage révèle les reliefs invisibles du vivant, comment les télescopes spatiaux captent la lumière infrarouge ou ultraviolette, comment les capteurs de particules dessinent les trajectoires des éléments subatomiques, et, enfin, comment la spectroscopie ou l’imagerie multi-bandes transforment les données brutes en images lisibles.
Cette attention à la médiation technologique souligne un point crucial : chaque image de science est une construction rigoureuse, une interprétation fondée sur des choix d’échelle, de couleur, de contraste. Glavieux montre ainsi que la vérité scientifique n’annule pas la dimension artistique, mais la nourrit.
Une esthétique du savoir : quand la beauté devient un vecteur d’intelligibilité
L’un des mérites majeurs de l’ouvrage est de montrer que la beauté, loin de détourner de la rigueur scientifique, en est souvent la meilleure ambassadrice. Les images sélectionnées ne sont pas décoratives : chacune révèle une structure, une dynamique, une loi physique ou biologique. La géométrie des photons, la danse des ions, la morphologie des micro-organismes, la turbulence des nuages interstellaires deviennent autant de récits visuels. Le lecteur est alors confronté à un renversement : la science n’est pas une abstraction froide — elle est une esthétique du vivant et du cosmos.
Une pédagogie de l’émerveillement
L’auteur adopte un ton accessible, clair, souvent enthousiaste. Il raconte la genèse de chaque image, contextualise sa découverte, explique son importance scientifique. L’ouvrage devient alors un livre de vulgarisation exigeante, mais lumineuse, montant comment les images captent l’attention, comment les textes éveillent la curiosité, et comment l’ensemble construit une compréhension progressive du monde. Cette démarche s’inscrit dans une pédagogie moderne qui fait de l’émotion un levier cognitif : on retient ce qui nous émerveille.
Un manifeste implicite : réconcilier science, sensibilité et imagination
Au-delà de l’esthétique, l’ouvrage porte un message : la science n’est pas seulement un ensemble de lois, mais une expérience sensible et poétique. Les images deviennent des outils de médiation entre l’humain et les forces de la nature, entre le visible et l’invisible, entre l’infiniment petit et l’infiniment grand. Glavieux suggère ainsi qu’une culture scientifique authentique exige de cultiver notre capacité d’étonnement.
Un livre qui fait voir la science — et voir autrement
Un monde à découvrir est plus qu’un recueil d’images spectaculaires : c’est un livre-passerelle entre l’art et la science, entre le savoir et le regard. En célébrant la dimension visuelle des découvertes scientifiques, Glavieux invite à une forme de connaissance qui n’oppose pas rationalité et émotion, mais les unit. Le lecteur referme l’ouvrage avec un sentiment rare : celui de participer, par les yeux, à la grande exploration du réel, un vertigineux voyage dans ce que la science donne à voir du réel.
Vincent Glavieux est journaliste. Il a travaillé pour La Voix – l’Étudiant, La Voix du Nord et Le Parisien. Il est aujourd’hui rédacteur en chef adjoint du magazine scientifique La Recherche, au sein de la rédaction de Sciences et Avenir – La Recherche. Il est également passionné par la photographie, en particulier animalière.





