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architecture

Acheter une église : une deuxième vie pour le patrimoine religieux ?

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Acheter des biens religieux, et notamment une église restaurée ou à transformer pour y habiter est une tendance qui émerge depuis plusieurs années du fait de l’augmentation du nombre de biens cléricaux mis en vente. Alors que ce marché était traditionnellement difficile avec des biens restant longtemps à la vente, le réseau immobilier Espaces Atypiques constate que les freins sautent petit à petit et que de plus en plus de personnes se lancent dans l’aventure.
 
Selon l’Observatoire du Patrimoine Religieux, la France compterait environ 90 000 biens d’Eglises, à 95 % catholiques. Et l’État se retrouve dans l’obligation de vendre certains bien religieux, incapable de faire face au coût des travaux à réaliser pour leur entretien ou leur restauration. Ainsi, chaque année, ce sont entre 10 ou 20 églises qui sont mises en vente. Un chiffre qui devrait continuer de grimper car, d’après les prévisions de l’Observatoire, 5 à 10 % des bâtiments recensés seront vendus, détruits ou abandonnées d’ici 2030.
Un engouement qui se confirme avec une hausse des ventes et des achats d’édifices religieux : chapelles, presbytères, prieurés et plus particulièrement églises qui renaissent souvent en restaurants, espaces de coworking, salles de sport ou encore musée, mais intéressent aussi de plus en plus de particuliers passionnés. Le site de l’Observatoire du patrimoine religieux propose d’ailleurs sur leur site une liste de biens en vente, même si cet organisme n’est ni une agence immobilière ni un intermédiaire immobilier, et se contente de lister ces ventes pour analyser le phénomène.
 
D’un point de vue légal, il est bien sûr parfaitement possible de vivre dans une église qui, une fois désaffectée du culte, devient, aux yeux du clergé et de l’administration, un bâtiment « ordinaire ». Pourtant, aussi attractive soit-elle, la chose n’est pas toujours simple, car de nombreuses contraintes pèsent sur le nouveau propriétaire. D’abord celles liées à un éventuel classement au titre des Monuments historiques, qui limite l’aménagement de ces édifices en résidence confortable. Leur architecture, ensuite, impacte fortement leur transformation, surtout pour un propriétaire soucieux de conserver l’âme de sa « maison », en respectant par exemple l’entièreté de la nef d’une église.
Malgré ces divers freins, comme des travaux coûteux, des difficultés d’aménagements ou de chauffage de ces lieux aux dimensions hors-normes, de plus en plus de personnes tentent l’aventure. Seuls ou avec l’aide d’architectes, ils redonnent une nouvelle vie à ces lieux pour en faire un loft géant, une maison familiale ou plusieurs logements, tout en respectant leur âme initiale.
 
Selon une étude réalisée par le réseau Espaces Atypiques en 2017, incontestablement le coup de cœur représente la motivation d’achat première à 33% de lieux insolites. Le profil type est que les acquéreurs utilisent leur bien comme résidence principale à 80% et sont généralement déjà propriétaires. Leur âge moyen est de 43 ans et 40% sont célibataires. De profession intellectuelle ou cadre, ils sont souvent portés sur l’architecture, la décoration, le design et aiment les voyages. Un acquéreur de bien atypique est en quête d’un habitat qui n’appartient qu’à lui, correspond à son image et au sein duquel il peut s’accomplir pleinement. Des personnes qui recherchent un habitat différent, qui leur ressemble par son originalité, son histoire, son âme. Des personnes adeptes d’un certain Art de Vie qui imprègne tous les aspects de leur quotidien… lieu de vie en tête.
 

Des lieux bruts, prêts à la transformation

Essentiellement composée d’une pièce unique, une église permet de bénéficier d’un espace brut pour réaliser les travaux nécessaires à une transformation en logement. Spacieuses, elles possèdent une très belle hauteur sous plafond permettant d’ajouter, éventuellement, un étage supplémentaire.
 
Eglise de Latresne (33)
 
Preuve de cet intérêt croissant : l’église désacralisée de Latresne près de Bordeaux s’est vendue en moins de deux semaines par le réseau immobilier Espaces Atypiques. Du jamais vu sur ce type de marché immobilier ! Les biens de ce type restants traditionnellement à la vente de nombreux mois et années. Un bien acheté par un passionné qui a immédiatement eu un coup de cœur pour le lieu. Un permis de construire avait été accepté pour transformer l’église en un loft incroyable aux dimensions hors normes (900m2 !) grâce à sa hauteur sous plafond de plus de 13m, comprenant un jardin intérieur et des ouvertures dans le toit afin de créer des patios et des terrasses.
 
Eglise à Angers (49)
 
Autre exemple, une ancienne église datant du XIX siècle, à Angers (49) qui se transforme en loft : niché au sein d’une église, ce duplex a été complètement réhabilité en conservant les inspirations de l’époque, tels les vitraux ou les colonnades.
 
 
La pièce de vie principale de 60 m² prend place dans l’ancienne nef. Ce lieu illuminé par de grandes baies vitrées offre un superbe volume.
 
Couvent à Dijon (21)
 
Ou encore cet ancien couvent construit en 1600, réhabilité en loft à Dijon (21) en 2014, avec une surface de 400m2. L’accès à cet « écrin » hors du temps se fait par une cour privée accueillant une place de stationnement et une terrasse ombragée.
 
 
L’alliance des arcades en pierre anciennes mises à nu et de la structure métallique très contemporaine confèrent à ce lieu un cachet extraordinaire.
 
Mais il n’y a pas que le clergé qui met ses biens à vendre. Les mairies aussi vendent leurs presbytères.  La gestion des lieux de culte et leur entretien par le diocèse ou les communes semble donc difficile. Laurent Poichotte, économe du diocèse de l’Aisne, se veut optimiste : « Le patrimoine immobilier de l’Eglise s’adapte aux pratiques des chrétiens. Il est important que la répartition des biens évolue avec le nombre de pratiquants et de croyants d’un territoire. » (Source : newspress.fr)
 
Eglise Saint Nicholas à Kyloe, au nord-est de l’Angleterre
 
Autre exemple : l’église Saint Nicholas en Angleterre. Construite dans les années 1790, elle a été laissée à abandon dans les années 80 et est restée pendant des années en mauvais état. Rachetée par un couple de britanniques, elle s’est transformée en habitation de trois étages particulièrement spacieuce (Source : demotivateur.fr)
 
La tendance est internationale, dans un monde qui se laïcise. Nul besoin d’être croyant pour s’intéresser à une église, une chapelle, etc. Ces monuments possèdent une valeur identitaire et forment un patrimoine à sauvegarder alors que les communes ou les Etats crient financièrement famine.
Une deuxième vie pour le patrimoine religieux ? Cette tendance d’achats d’espaces atypiques va continuer à s’accentuer dans les prochaines années. Permettra-t-il de contribuer à la préservation des monuments témoins de l’Histoire des pays ?
 
 
Photo d’en-tête : Grand loft dans une ancienne chapelle à Nantes (44)

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