Le 12 décembre 2017, Emmanuel Macron, Jim Yong Kim, président du Groupe Banque mondiale et Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, répondent à l’urgence écologique pour notre planète en réunissant à Paris les leaders internationaux et des citoyens engagés venus du monde entier. Le président français a tenu à souligner l’importance des défis financiers pour faire face à l’urgence de la situation. Signal particulièrement alarmant : les émissions de CO2 repartent à la hausse après trois ans de stagnation. Selon un rapport publié le 31 octobre dernier par l’ONU Environnement, l’objectif de limiter à +2°C le réchauffement planétaire d’ici 2100 est clairement remis en cause. Car deux ans jour pour jour après l’accord historique de Paris, l’heure est aux actions concrètes. Et pour « sauver le climat », nous avons besoin de la finance, non pas seulement de financement, mais d’ingénierie financière innovante(1).
Savez-vous ce qu’est l’« overview effect » ? Lors d’un vol spatial, les astronautes ont une vision unique de la Terre : une petite sphère au milieu de l’univers. Un écosystème unique et fragile, sur lequel chacune et chacun d’entre nous vit et agit.
Notre défi aujourd’hui : être à la hauteur de notre destinée commune. Sommes-nous capables de nous unir pour agir concrètement ensemble ? Cette question devrait n’être que rhétorique car nous n’avons pas de plan B : il n’y a pas de planète B.
Le 12 décembre 2017, deux ans jour pour jour après l’accord historique de Paris, il faut apporter de nouvelles réponses concrètes à cette question.
Au cœur de cette journée, il sera question de la manière dont les acteurs engagés dans la finance publique et privée peuvent innover pour soutenir et accélérer notre lutte commune contre le changement climatique.
Mi-novembre à Bonn, le président français a martelé qu’un effort majeur doit être consenti de la part de tous les pays pour tenir les engagements pris en 2015 lors de la COP21, sous la houlette – à l’époque – de Washington mais aussi de Pékin. A la suite du retrait de facto des Etats-Unis de l’Accord de Paris, l’Europe a un rôle essentiel à jouer. Le Vieux Continent pourrait-il reprendre le co-leadership aux côtés de la Chine ? Emmanuel Macron a d’ores et déjà appelé à compenser symboliquement l’arrêt du financement du GIEC voulu par Donald Trump. En l’état, l’impasse politique dans laquelle se trouve toujours l’Allemagne empêche toute prise de position volontariste du côté de Berlin et donc de l’Europe.
En attendant, parmi les questions épineuses, les participants au sommet climat du 12 décembre auront à se pencher sur les moyens de mobiliser les 100 milliards de dollars par an promis en 2015 par les pays développés, à partir de 2020, pour financer la transition énergétique des pays les moins avancés. En réponse aux demandes répétées des pays en voie de développement auprès des pays industrialisés pour tenir les engagements de financement des projets d’atténuation et d’adaptation, le fonds vert climat appelait les délégations à s’engager.
Décidé en 2009 à lors de la COP19 à Copenhague, le mécanisme du fond vert destiné au financement de l’adaptation face au changement climatique représentait un geste fort de la part des pays industrialisés à accepter leurs responsabilités dans la pollution des GES.
Le fond vert symbolise ainsi le principe de « pollueur-payeur » et la première notion de justice climatique en introduisant une notion de réparation et de compensation financière envers les pays les moins pollueurs. Estimé à un besoin de 100 milliards de dollars par an, le fonds ne mobilise aujourd’hui que 10% de ces engagements. Soit 10 milliards. (Source : Fondation Hirondelle 2016)
Les Etats-Unis devaient représenter l’un des plus gros contributeurs. Quid de ce vide laissé derrière eux, au moins jusqu’à la fin du mandat du président américain ? La priorité sera donc de rassurer les futurs pays bénéficiaires qui attendent qu’une solution pérenne soit trouvée.
A l’écoute du monde économique, le président français pourrait aussi remettre sur la table le débat sur l’instauration d’un prix plancher de la tonne de CO2. De nombreuses entreprises, investisseurs et économistes, soutiennent la mise en place d’un signal prix carbone avec un prix au moins égal à 30 euros (ou dollars).
Au-delà de l’action des gouvernements, Emmanuel Macron entendra probablement inciter l’ensemble des parties prenantes à prendre leurs responsabilités. Bon nombre d’Etats américains, de villes, d’entreprises ont d’ores et déjà affiché leur volonté de poursuivre la lutte contre le changement climatique, en dépit du désengagement de la Maison Blanche. Emmanuel Macron devrait également inviter les investisseurs, pour la plupart déjà pleinement conscients des enjeux liés au climat, à amplifier le mouvement. Enfin, les ONG seront dans leur rôle en continuant à mettre la pression pour que les choses bougent vraiment à partir de 2020.
1. Agir concrètement et collectivement : Les solutions existent, déployons-les à l’échelle globale et locale ! Le plus vite possible.
2. Innover : Soyons créatifs et astucieux pour adapter nos systèmes aux changements inévitables et accélérer encore la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
3. Être solidaires : Nous sommes tous affectés par les changements climatiques, mais certains d’entre nous y sont plus vulnérables. Travaillons ensemble pour le bien de tous et accompagnons plus encore les pays et populations qui en ont le plus besoin.
Comment ? En présentant des actions et annonces concrètes et nouvelles (des ClimActs) qui engagent l’ensemble des acteurs publics et privés.
Changer l’échelle de la finance pour l’action climat
Quels instruments pour mobiliser les financements vers les projets de développement bas-carbone et d’adaptation au dérèglement climatique ?
Ce sont les investissements d’aujourd’hui qui dessinent le monde de demain. Afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre et s’adapter aux effets des changements climatiques, les investissements nécessaires sont de l’ordre de milliards de milliards de dollars.
Dans ce cadre, la finance publique a un rôle central à jouer mais ne pourra pas promouvoir à elle seule un développement durable et résilient pour tous. Il lui revient une responsabilité toute particulière pour préparer les politiques climat sur le long terme et produire un effet de levier sur la finance privée.
Les banques et agences de développement, qu’elles soient nationales, régionales ou multilatérales sont au cœur de ce processus. Elles ont la capacité de réorienter les flux financiers vers une économie bas-carbone, compatible avec les ambitions de l’Accord de Paris.
L’Accord de Paris pose un nouveau mandat pour la finance publique et privée ; c’est pourquoi il est nécessaire de changer l’échelle de la finance pour l’action climat par l’engagement public et son effet de levier sur les investissements privés.
Co-présidents : Jean-Yves le Drian – Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères ; Rémy Rioux – Président du club mondial des banques de développement ; Kristalina Georgieva – Directrice générale de la Banque mondiale
Verdir la finance en faveur d’une économie durable
Quelle intégration des enjeux climats par les acteurs et régulateurs de la finance privée pour réorienter les investissements vers une économie décarbonée ?
La mobilisation de l’ensemble des acteurs de la finance est déterminante pour la lutte contre le dérèglement climatique et la transition vers une économie qui émet moins de gaz à effet de serre et peut s’adapter aux évolutions à venir. Tous les acteurs, institutions financières privées comme acteurs publics doivent continuer à innover dans ce sens. L’enjeu est de pousser le secteur financier vers une perspective de long terme en prenant mieux en compte les risques climatiques. Cette dynamique se traduit par trois axes forts, qui seront abordés dans le panel :
Le rôle de la finance pour transformer le secteur privé et renforcer la dynamique sur les questions climat.
L’amélioration du recueil d’informations financières et leur transparence sur les enjeux liés au climat.
La mobilisation des investisseurs sur les actions climat et le développement de nouveaux instruments financiers pour soutenir l’accélération de la baisse des émissions de gaz à effet de serre et l’adaptation au changement climatique.
Co-présidents : Bruno le Maire – Ministre de l’Économie et des Finances ; Vladis Dombrovkis – vice-président de la Commission européenne, chargé de l’Euro et du Dialogue social.
Accélérer l’action locale et régionale en faveur du climat
Comment permettre aux villes et aux territoires d’atteindre leurs ambitions et de contribuer activement à la mise en œuvre de l’Accord de Paris ?
L’action des gouvernements locaux et régionaux est indispensable pour atteindre les objectifs mondiaux de l’Accord de Paris dans la mesure où ils possèdent les cartes maîtresses qui permettront d’en accélérer la mise en œuvre avant 2020.
Les villes, les états et les régions autour du monde s’engagent à combattre les effets du changement climatique et posent les jalons qui permettront aux gouvernements nationaux d‘être encore plus ambitieux. Pourtant, les financements disponibles ne sont pas encore à la hauteur des enjeux, et demeurent peu accessibles à l’échelle locale. Le concours des gouvernements locaux à l’Accord de Paris et aux contributions nationales (NDCs) gagnerait également à être davantage reconnu.
Ce panel proposera des solutions pour favoriser une large collaboration entre les secteurs publics et privés et entre les différents niveaux de gouvernement (international, national, régional et local) dont les actions et stratégies climatiques doivent être mieux alignées. Il identifiera également des voies de financements innovants pour amplifier les actions climat à l’échelle des villes, Etats et régions.
Co-présidents : Anne Hidalgo – Maire de Paris et Présidente du C40 ; Maroš Šefčovič – vice-président de la Commission européenne et co-chair de la Convention mondiale des maires
Renforcer les politiques publiques pour la transition écologique et solidaire
Quel cadre public pour poursuivre l’évolution de l’économie vers la transition bas carbone et l’adaptation au changement climatique ?
Les gouvernements doivent jouer le rôle de garant des objectifs de l’Accord de Paris. Si la mobilisation de tous est nécessaire pour atteindre nos objectifs, les politiques publiques doivent accompagner et envoyer des signaux forts pour que l’ensemble des acteurs puissent transformer leurs modes de production et consommation vers des solutions bas carbone. A la lumière des impacts déjà ressentis du dérèglement climatique, il est indispensable de renforcer la résilience et l’adaptation pour protéger encore davantage les citoyens des évènements climatiques extrêmes.
Ce panel démontrera que des transformations profondes sont déjà à l’œuvre dans de nombreux secteurs, tels que les transports et qu’elles doivent encore s’amplifier et s’accélérer. Les politiques publiques doivent intégrer l’horizon de long terme en fixant par exemple des objectifs de neutralité carbone. Pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, leur donner un prix est indispensable. Enfin, la résilience et la capacité de nos infrastructures à faire face aux chocs liés au dérèglement climatique doit être au cœur des préoccupations.
Co-présidents : Nicolas Hulot – Ministre de la Transition écologique et solidaire. Rafael Pacchiano – Ministre de l’Environnement du Mexique
08h00-09h00 Accueil des participants
09h00-10h30 :
Panel 1 « Changer l’échelle de la finance pour l’action climat »
Panel 2 « Verdir la finance en faveur d’une économie durable »
10h30-12h00 : Panel 3 « Accélérer l’action locale et régionale en faveur du climat »
12h00-13h30 : Panel 4 « Renforcer les politiques publiques pour la transition écologique et solidaire »
13h30-15h30 : Pause déjeuner et animations
15h30-18h45 : Discours d’ouverture des co-présidents
Restitution des panels
Présentation des grandes annonces par thème
Questions-réponses
Discours de clôture
19h00 : Evénement de clôture
Rendez-vous à Paris le 12 décembre prochain à La Seine Musicale, Île Seguin – 92 – Boulogne-Billancourt
Inscription / Accréditation
(
1) Selon article de Philippe Zaouati et Baptiste Perrissin Fabert / variances.eu, déc. 2016
Photo ©Agence-Puppets
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