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Ce mercredi 1er août, l’humanité vivra à crédit !

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Ce mercredi 1er août, nous aurons consommé en seulement 212 jours autant de ressources naturelles que ce que la Terre peut produire durant l’année entière. Chaque année, le Jour du Dépassement mondial ou Earth overshoot day, est plus précoce. Et ce jour du 1er août est la date la plus précoce du Jour du Dépassement Planétaire depuis que le monde a basculé dans le déficit écologique au début des années 1970.
 
Chaque année, le Jour du Dépassement mondial ou Earth overshoot day, est plus précoce. Cette année, il tombe le 1er août. La date du jour de dépassement mondial est arrêtée par le Global Footprint Network, l’organisme international de recherche basé à Oakland (Californie) qui a développé l’Empreinte Écologique, un indicateur de mesure de la pression des activités humaines sur les écosystèmes de la planète. C’est la date à laquelle l’empreinte écologique de l’humanité dépasse la biocapacité de la planète, à savoir la capacité régénératrice de la Terre pour satisfaire notre consommation annuelle de ressources. 
L’empreinte écologique vise à comparer la consommation effective par les activités humaines des ressources renouvelables et des services écologiques avec le taux de régénération de la nature. À cette fin, elle estime les surfaces terrestres et maritimes biologiquement productives nécessaires à la fourniture des biens et des services que nous consommons, puis la compare à la superficie disponible (la biocapacité de la Terre). Cette comptabilité prend l’hectare global comme unité de mesure.
La biocapacité constitue donc un référentiel écologique auquel rapporter les demandes formulées par l’homme envers les écosystèmes au titre de ses activités.
La comptabilité de l’empreinte écologique repose sur une seule et même variable de référence, la biocapacité, car celle-ci constitue le facteur contraignant incontournable de l’économie humaine. Elle ne prend pas en compte l’ensemble des pressions et des conséquences écologiques liées à la consommation humaine, telles que, la pollution et la perte d’habitat, mais se penche sur la condition sine qua non d’un développement soutenable : savoir si les activités de consommation humaine respectent ou non le seuil biologique défini par la biocapacité de la Terre.
 

 
Que retenir de cette date ? L’humanité utilise les ressources naturelles 1,7 fois plus vite que le rythme naturel de renouvèlement des écosystèmes. C’est pour cela qu’on dit que l’humanité consomme 1,7 planètes Terre. La séquestration du carbone représente 60 % de la demande humaine sur la nature. Le WWF explique qu’en 1961, beaucoup de pays présentaient des biocapacités plus grandes que leurs propres empreintes respectives. Mais au début des années 70, un seuil critique a été franchi : la consommation de l’homme a largement pris le pas sur ce que la nature est en capacité de fournir en une année, en termes de recyclage du CO2 libéré et de production de nouvelles matières premières. C’est à cette époque-là que nous sommes entrés en situation de dette écologique… Pour Pascal Canfin, Directeur général du WWF France, « Le constat est clair : si la planète était une entreprise, elle serait en faillite. »
Dorothée Browaeys, dans son dernier ouvrage à sortir début septembre (1), estime que « Chaque année, dès le milieu de l’été, il faudrait arrêter de vivre. La planète éreintée n’a plus rien à nous donner […] Cinq mois par an, nous empruntons nos ressources aux … nouveau-nés ! »
 
Le Global Footprint Network calcule chaque année le Jour du Dépassement Planétaire à l’aide de la méthodologie de l’Empreinte Écologique, qui mesure la quantité de surface productive requise pour fournir tout ce que l’humanité utilise, y compris nourriture, fibres et bois, infrastructures urbaines et absorption des émissions de dioxyde de carbone liées à la consommation d’énergies fossiles.
Ce déficit écologique mondial a pour conséquence la déforestation, l’effondrement des ressources halieutiques, l’érosion des sols, l’appauvrissement de la biodiversité, ou encore l’accumulation de carbone dans l’atmosphère responsable du changement climatique. L’intensification des catastrophes naturelles liées aux perturbations climatiques, telles que sècheresse extrême, incendies et ouragans, pousse parfois les populations à fuir vers les centres urbains ou vers d’autres pays.
 
Pour Matthieu Jousset, Responsable du programme « Action Carbone Solidaire » à la Fondation GoodPlanet, « En 50 ans, le jour du dépassement a avancé de 5 mois. Citoyens, entreprises, ONGs, il est indispensable d’agir de concert pour retrouver un équilibre dans notre consommation et arrêter de vivre à crédit. »
« Alors que nous célébrons le Jour du Dépassement Planétaire, rien aujourd’hui ne semble différent d’hier : vous avez toujours la même nourriture dans votre réfrigérateur », déclare le PDG de Global Footprint Network, Mathis Wackernagel. « Mais les incendies font rage dans l’ouest des États-Unis et à l’autre bout du monde, les habitants de Cape Town ont dû réduire de moitié leur consommation d’eau depuis 2015. Ce sont des conséquences de la destruction du budget écologique de notre seule et unique planète. »
 

 

L’empreinte écologique de la France  : reprise à la hausse

Le rapport 2018 « L’autre déficit de la France », réalisé par le WWF et le Global Footprint Network, révèle que l’empreinte écologique de la France est repartie à la hausse depuis trois ans. Celle-ci avait pourtant connu une diminution entre 2008 et 2015, notamment portée par la réduction de son empreinte carbone. Cette dégradation de la date depuis 2015 est bien corrélée avec les nouvelles données statistiques de la France, notamment en matière d’émissions de CO2. Celle-ci témoigne d’une transition écologique encore trop marginale en France pour pouvoir engager une réduction durable de l’empreinte.
Des transports à l’énergie, en passant par l’alimentation ou encore la protection de la forêt, la France doit opérer un changement de paradigme pour avoir une chance de réduire toutes les composantes de son empreinte.
 
Pourquoi une telle reprise ? D’abord, des raisons d’ordre conjoncturel. L’augmentation de 5% de l’empreinte écologique de la France entre 2015 et 2018 est essentiellement liée à l’accroissement de sa composante carbone sur cette même période. Il a été effectivement observé en France une reprise des émissions de gaz à effet de serre dans les secteurs des transports, des bâtiments et de la production d’électricité entre 2014 et 2016, liée à un recours accru aux énergies fossiles. Cet écart est expliqué par des éléments conjoncturels comme le faible prix des produits pétroliers qui a incité à leur consommation. Il témoigne aussi d’une transition écologique encore trop à la traine et à la marge en France, avec des enjeux identifiés notamment autour du rythme de rénovations lourdes des bâtiments existants ou des changements à opérer dans les transports. Entre 1990 et 2016, les émissions liées aux transports en France ont progressé au total de 11,4%, en particulier du fait des transports routiers. L’amélioration de la performance environnementale des véhicules n’a pas permis de compenser l’accroissement des kilomètres parcourus par la route.
Autre raison : Une consommation non-compatible avec la biocapacité de la Terre. L’empreinte écologique peut aussi être rapportée aux fonctions de consommation des Français afin d’essayer d’identifier les meilleurs moyens d’atteindre une consommation durable aux niveaux national et local, ainsi qu’à l’échelle des citoyens.
 
 
La composition de l’empreinte des Français montre le poids actuellement occupé par l’empreinte de leur logement, en chauffage notamment, ainsi que de leur transport individuel et de leur alimentation au quotidien.
 
Les empreintes de consommation associées au logement, au transport et à l’alimentation constituent plus des deux tiers de l’empreinte écologique des Français. Les empreintes générées par les autres biens et services (activités culturelles et de loisirs, télécommunications, services financiers et assurances…) constituent le tiers restant.
L’évolution de nos modes de consommation est ainsi centrale pour avoir une chance d’améliorer la date du Jour du dépassement de la France. Elle est d’ores et déjà rendue possible pour les citoyens par de nombreuses alternatives et solutions disponibles en matière d’alimentation plus saine et durable, de meilleurs modes de déplacement et plus optimisés ou encore d’équipements de gestion de la demande d’énergie ou de production locale d’énergie renouvelable.
 

Agir ensemble et maintenant #Movethedate

La Fondation GoodPlanet propose des solutions pour réduire l’empreinte écologique de nos modes de vie au travers de ses programmes dont « La Solution est dans l’Assiette : En France, l’alimentation représente 27% de l’empreinte carbone des ménages. Il s’agit du premier poste d’émission de gaz à effet de serre (GES) devant les transports et le logement. Pourtant, les Français sont encore très nombreux à minimiser l’impact de leur alimentation sur le climat. Or c’est un domaine dans lequel chacun peut agir pour réduire concrètement son empreinte et contribuer ainsi à la lutte contre les changements climatiques.
 
Pour le WWF, il faut en premier lieu soutenir les modes de consommation responsables, en particulier la baisse de la consommation de viande qui présente l’intensité carbone ainsi que l’empreinte sur la biocapacité des pays tiers (soja pour l’alimentation des animaux) les plus fortes pour l’ensemble des produits alimentaires (comme à travers les menus végétariens dans les cantines scolaires, la modification des repères nutritionnels et l’éducation à l’alimentation).
Il faut aussi encourager les modes de production peu émetteurs via notamment la Politique Agricole Commune : l’agriculture biologique, le maintien des prairies permanentes et le stockage de carbone dans les sols agricoles (agroforesterie et non-labour).
 

LIRE AUSSI DANS UP’ : Interview de Pascal Canfin : « PAC, la réforme de la dernière chance »

Il faut remarquer que la consommation de viande baisse déjà de manière tendancielle en France depuis 20 ans (86 kg équivalent carcasse/hab/an en 2014 contre 94 kg eq.carcasse/hab/an en 1998). Entre 2015 et 2016, la consommation par les ménages de produits issus de l’agriculture biologique a progressé de 22% (Agence Bio, 2017). En 2016, 6 établissements scolaires sur 10 ont servi des plats préparés à partir de produits bio, contre 46% en 2011 et seulement 6% avant 2006 (Mes courses pour la planète, 2017). On recense désormais 2000 AMAP (Associations pour le Maintien d’une agriculture paysanne) en France regroupant 250 000 familles. Enfin, la distribution spécialisée en bio a vu son chiffre d’affaire progresser de 25% en six ans.
 

Il faut aussi avancer une stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée à travers une stratégie d’aide aux pays producteurs via l’aide au développement française, une plateforme d’appui aux secteurs privé et public et de suivi vers davantage de redevabilité des engagements d’institutions et d’entreprises, une cohérence des politiques publiques, ainsi que des actions spécifiques sur le soja qui est le grand oublié de la plupart des politiques zéro déforestation.
 
Sans oublier des mesures sur la mobilité, l’énergie, … (cf le rapport).
 

Autre programme : Action Carbone Solidaire, créé en 2006, avec pour mission de lutter contre le réchauffement climatique en proposant des alternatives durables et économiquement viables aux activités polluantes, au profit des populations les plus défavorisées.
Sans oublier le programme d’accueil du public et sa sensibilisation au développement durable au Domaine de Longchamp (3).
 
Parce des solutions existent dans notre quotidien, il est possible d’agir maintenant et collectivement grâce à une responsabilisation de notre façon de consommer, de se déplacer, de manger.
Il est beaucoup trop tard pour être pessimiste et la date du jour du dépassement arrive toujours trop tôt chaque année. Il est urgent d’agir et d’accélérer la transformation de notre mode de vie. Cela passe notamment par manger bio et local, surveiller sa consommation de viande, utiliser les transports les moins polluants quand cela est possible et favoriser un habitat écoresponsable. »
Yann Arthus-Bertrand, Président de la Fondation Good Planet
 
Ainsi, en consommant bio, local et de saison, en éliminant de moitié le gaspillage alimentaire, et en ne consommant pas plus de calories que la moyenne mondiale actuelle, nous repousserions la date (#MoveTheDate) du Jour du Dépassement Planétaire de 38 jours. Du côté des villes, si nous réduisions les transports automobiles de 50% dans le monde et remplaçions un tiers des voitures par les transports en commun et le reste par la marche et le vélo, nous pourrions repousser la date du Jour du Dépassement Planétaire de 12 jours et, selon le rapport « The Shift Project », 2017, ériger le vélo en mode de transport de masse permettrait une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 15% sur l’ensemble du secteur des transports. Basculer vers des villes « à basses émissions » pourrait conduire à une réduction des émissions de 15% (en s’appuyant sur le retour d’expérience de la ville de Londres) ; d’autres bénéfices seraient à tirer au-delà, comme au niveau de la qualité de l’air et de la santé publique avec des réductions des émissions de polluants atmosphériques NOx, allant de 10% à 50%, et de PM, allant de 40% à 60%, associées à une réduction des concentrations des polluants allant jusqu’à environ 15% (ADEME, Les zones à faibles émissions à travers l’Europe, 2016).
 
Vous pouvez calculer votre Jour du Dépassement personnel et votre Empreinte Écologique sur www.footprintcalculator.org et partager votre écogeste pour faire reculer le Jour du Dépassement sur www.overshootday.org/steps-to-movethedate.
 
 

Quelque chose à ajouter ? Dites-le en commentaire.

 
  1. « L’urgence du vivant » de Dorothée Browaeys – Editions François Bourin, septembre 2018
  2. Premier lieu dédié à l’écologie et la solidarité à Paris, la Fondation GoodPlanet a ouvert ses portes en mai 2017 au Domaine de Longchamp à l’initiative de Yann Arthus-Bertrand avec le soutien de la Mairie de Paris, de la MAIF et en collaboration avec le Groupe Noctis. En 2017, ce sont 120 000 visiteurs qui auront vécu l’expérience GoodPlanet autour du réchauffement climatique, de l’alimentation durable, de la liberté de la presse, de la pollution plastique des océans ou encore de la mode éthique.

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