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La Nature devient actionnaire d'une entreprise : une première européenne

La Nature devient actionnaire d’une entreprise : une première européenne

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Le groupe norsys vient d’attribuer à la Nature un siège et un droit de vote au sein de son conseil d’administration. Il crée par ailleurs un Haut Conseil pour la Nature, et transforme son CSE en un Conseil social, économique et environnemental. Avec ce dispositif en droite ligne de son modèle de permaentreprise, norsys, entreprise de services numériques, innove pour une soutenabilité forte qui vise à concilier les objectifs économiques, environnementaux et sociaux. Le groupe devient ainsi la première entreprise en Europe à donner à la Nature la place essentielle qui lui revient : celle d’une partie constituante à mettre au cœur de la gouvernance pour l’avènement d’un futur vivable.

Un nouveau modèle d’entreprise est né avec le concept de « permaentreprise », créé et développé par Sylvain Breuzard, Président du groupe norsys, convaincu que les entreprises pourraient devenir les plus puissants leviers pour lutter contre la dégradation sociale et environnementale du monde plutôt que d’y contribuer, voire de l’accélérer.  Il a l’ambition de renouveler complètement la pensée entrepreneuriale et offrir un cadre de transformation efficient à toutes celles et ceux qui cherchent un modèle d’affaires robuste et compatible avec l’avènement d’un futur vivable.

Concrètement, sa principale innovation est de mettre les trois principes éthiques de la permaculture (« prendre soin des humains », « préserver la planète », “se fixer des limites et redistribuer équitablement les richesses ») au cœur de la stratégie de l’entreprise, et non pas à la marge, comme le fait la RSE. Ce faisant, il en fait des leviers d’innovation, de performance, et d’engagement et réinvente le développement de l’entreprise autour d’une dynamique collective, d’un usage sobre des ressources, d’une offre alignée sur le souci des humains et de la planète.

Reconnaître l’importance de la Nature

La moitié du PIB mondial et 72 % des entreprises européennes dépendent directement de la nature. Pourtant, ni le monde politique, ni le monde économique n’intègrent sérieusement la nature, sa biodiversité, ses équilibres, dans leur fonctionnement et dans leur gouvernance.

« Le monde est mis en « danger extrême » par l’incapacité de l’économie à prendre en compte l’épuisement rapide du monde naturel. La prospérité que nous avons connue pendant ces dernières décennies a eu un « coût dévastateur » pour les écosystèmes qui fournissent à l’humanité nourriture, eau et air pur. De nouvelles façons d’appréhender la notion de progrès sont nécessaires pour éviter une rupture catastrophique. Il est urgent d’apporter des changements radicaux à la production, à la consommation, aux finances et à l’éducation au niveau mondial » démontrait un article paru dans UP’, « La Nature ne doit plus être l’angle mort de l’économie« .
« Les entreprises ont donc un choix à faire : se prendre en main, agir à hauteur des enjeux du XXIe siècle et défendre le principe de soutenabilité forte pour maintenir à un niveau constant le capital naturel ; ou laisser la situation se dégrader, attendre d’hypothétiques futures lois et se mettre en péril », explique Sylvain Breuzard, Président de norsys. Ainsi, le groupe a choisi son camp et décidé de donner une place centrale à la nature dans ses processus de décision.

Une intuition qui semble juste : alors que le monde s’inquiète des menaces qui pèsent sur nos conditions d’existence, « il est utile de chercher les prises pour faire valoir les écosystèmes dont nous dépendons. À l’heure où une espèce vivante disparaît toutes les vingt minutes, où près de 58 milliards de mammifères et d’oiseaux sont tués chaque année, le temps est venu de se préoccuper de la Nature, des êtres vivants « non humains », embarqués comme nous dans un monde en péril. » (1)

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La Nature devient actionnaire et administratrice 

Dans cette perspective, l’entreprise a décidé d’attribuer à la nature un siège au sein de la fondation actionnaire qui contrôle le groupe. Ce siège sera confié à une personnalité externe : Frantz Gault, auteur et cofondateur de l’association Corporate Regeneration International, qui réfléchit à ces nouveaux modèles de gouvernance depuis 2020 et qui vient de publier un ouvrage intitulé “La nature au travail : collaborer autrement avec le vivant” (EPFL, avril 2024).
Cette innovation permettra de siéger au conseil d’administration de l’entreprise. Concrètement, le représentant de la nature y disposera d’un droit de vote, et sera consulté sur tout projet stratégique susceptible d’avoir un impact environnemental.

Un Haut Conseil pour la Nature au sein du groupe 

De plus, norsys a décidé de nommer d’autres représentants de la nature dans ses différents organes d’influence et de décision : conseil éthique, comité de mission, CSE et comité de pilotage du modèle de permaentreprise.

Ces représentants seront réunis au sein d’un Haut Conseil pour la Nature, qui jouera un rôle de coordination, d’influence et d’anticipation au sein du groupe. Co-présidé par Frantz Gault, ce comité pourra émettre des alertes et avis, recommander des études et faire des propositions au conseil d’administration.

Vers un Conseil social, économique et environnemental 

Enfin, toujours dans sa volonté de permettre aux salariés d’être impliqués dans l’évolution de l’entreprise, le groupe norsys entend élargir le rôle du CSE. Il souhaite lui donner de nouvelles prérogatives dédiées à la préservation de la nature et un rôle de contrôle des actions menées par le groupe norsys en matière d’écologie. Une première en Europe !

« Des initiatives pour représenter la nature commencent à apparaître à l’étranger. Mais celle de norsys est unique pour deux raisons. D’une part, c’est de loin la plus ambitieuse en matière de pouvoirs donnés à la nature. D’autre part, c’est la première initiative institutionnalisée dans l’Union européenne. Il va donc sans dire que je suis ravi de participer à cette innovation qui marquera les annales ! » confie Frantz Gault.

La Nature doit résolument entrer dans le moteur de la croissance

C’est là un des enjeux fixés par les objectifs de développement durable des Nations Unies. Respecter cet objectif implique à la fois un changement profond des modes de pensée qui guident les politiques économiques ainsi qu’une refonte du « contrat social » qui doit ancrer le bien-être social sur un principe de justice, et englober la préservation des fondements écologiques de l’activité humaine. Le défi n’est pas mince ; c’est un défi à la fois technologique et de civilisation. Il oblige à inventer de nouvelles façons de se déplacer, de se loger, de se nourrir, de produire de l’énergie, de concevoir l’aménagement des territoires et de redistribuer les richesses. Autant de challenges potentiellement créateurs d’emplois, de richesses et de profits.
Les conclusions d’un rapport commandé par le Trésor britannique en 2022 sont sans appel : la soif de développement de l’humanité se fait « à un coût dévastateur pour la Nature ». Ce faisant, nous scions la branche sur laquelle nous sommes assis. Car, rappelle le rapport, « nous faisons partie de la nature, nous n’en sommes pas séparés. » 
Ce rapport du professeur Dasgupta devrait agir comme un électrochoc, bouleversant la compréhension que les économistes ont eue jusqu’à présent du progrès et de la croissance. « La nature est notre maison. La bonne économie exige que nous la gérions mieux », affirme d’emblée Sir Dasgupta. « Une croissance et un développement économiques véritablement durables impliquent de reconnaître que notre prospérité à long terme repose sur le rééquilibrage de notre demande en biens et services de la Nature avec sa capacité à les fournir. Cela signifie également qu’il faut tenir pleinement compte de l’impact de nos interactions avec elle. « 

L’éminent naturaliste britannique, Sir David Attenborough, écrit dans un avant-propos à ce rapport : « Si nous continuons à causer ces dommages, des écosystèmes entiers vont s’effondrer. Il s’agit là d’un risque réel ». Le rapport place enfin la biodiversité au cœur [de l’économie]. Elle montre comment nous pouvons contribuer à sauver le monde naturel à ce qui pourrait être la dernière minute, et ce faisant, nous sauver nous-mêmes.

Une nouvelle page pour le modèle de permaentreprise

Avec ces décisions, norsys entend augmenter son engagement sur les sujets liés à la biodiversité et au climat, renforcer ses relations avec les parties prenantes et faire évoluer ses pratiques pour mieux préserver la nature.
En cela, il ouvre une nouvelle page dans la concrétisation du modèle de développement qu’il a créé et qu’il essaime : le modèle permaentreprise.

Inspiré de la permaculture dont il reprend les trois principes éthiques, le modèle de permaentreprise réinvente le développement de l’entreprise autour d’une dynamique collective, d’un usage sobre des ressources, d’une offre alignée sur le soin des humains et de la planète.

Loin d’être une utopie, le modèle de développement permaentreprise est essaimé aujourd’hui dans plusieurs centaines d’entreprises à travers le monde, et les retours d’expériences montrent qu’il crée de l’enthousiasme dans les équipes, qu’il attire les talents, les clients, qu’il permet d’innover, de faire des économies et de prendre une longueur d’avance. Il est notamment accessible aux entreprises de toute taille et de tous secteurs, via un livre “La permaentreprise, un modèle viable pour un futur vivable, inspiré de la permaculture” (Eyrolles éditions, 2024). Rappelons un autre livre, sous la direction de Camille de Toledo, « Le fleuve qui voulait écrire« , qui se présente comme un socle pour penser de nouvelles institutions : la première saisie d’ampleur d’un mouvement qui voit des rivières, des lacs, des forêts accéder au statut de « sujets de droit ».

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(1) Article « Quel Parlement inventer pour que vive la Loire ? » de Dorothée Browaeys, novembre 2019

Pour aller plus loin :

Image d’en-tête : Illustration Etienne Appert

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