En 2050, plus des deux tiers de la population mondiale vivra en ville. Transport et mobilité connectés, urbanisation responsable, habitat innovant… pose-t-on les jalons d’une ville intelligente de la même manière à Jakarta qu’à Gênes ou Eindhoven ? Visiblement non, ont répondu les intervenants de la dernière rencontre du cycle Smart Cities de France Stratégies en juin dernier, qui a été l’occasion de tirer des leçons et enseignements d’initiatives et expériences internationales. De Chendgu à La Rochelle, la ville intelligente est plurielle…
Comment les Smart Cities peuvent-elles contribuer au mieux-être des citoyens ? Quels sont les leviers qui permettent de créer une culture du partage et de l’innovation ? Quels sont les critères technico-économiques, environnementaux et le montage juridico-financier des projets étrangers ? Quelles sont les contraintes spécifiques rencontrées par les villes d’Asie du Sud-Est et les prérequis nécessaires aux projets de smart city ?
La Smart City est un phénomène international qui ne saurait être réduit à un modèle unique et uniforme. Le concept et le phénomène Smart Cities a une dimension mondiale : il n’est ni européen ni français, et il ne constitue pas non plus une caractéristique propre aux villes des pays riches.
Pourquoi s’intéresser aux initiatives internationales et que peut-on en tirer ? Ces comparaisons permettent non seulement de comprendre les dynamiques d’un phénomène mondial mais également de mieux identifier la nature des Smart Cities. Et on peut formuler une conclusion d’emblée : la ville intelligente est plurielle, il n’existe pas de modèle de développement défini et commun à tous les espaces urbains. Autrement dit, l’ensemble des grandes villes du monde ne tendent pas à converger vers un modèle unique d’aménagement, d’organisation et de gouvernance. Au contraire, les stratégies de développement sont différentes : certaines villes comme Vilnius (Lituanie) mettent l’accent sur la numérisation de la population quand d’autres comme Gênes (Italie) accordent davantage d’importance à la participation des citoyens.
Un facteur différencie les villes intelligentes européennes d’autres villes intelligentes, en particulier celles des pays en développement, et il doit à ce titre être pris en compte dans la qualification de la Smart City : le niveau d’avancement de la ville dans le processus de métropolisation. En effet, certaines villes, notamment en Asie du Sud-Est, sont préoccupées par le bon fonctionnement de leurs infrastructures plutôt qu’à l’amélioration de l’intelligence de leurs villes, avec des problématiques urbaines urgentes (congestion et manque de transports en commun, pression démographique et sous-dimensionnement des infrastructures, pollution atmosphérique).
Ces spécificités justifient une définition spécifique de la ville intelligente en Asie, reposant sur trois piliers tels que définis par AREP, bureau d’études, filiale de la SNCF, pluridisciplinaire en aménagement et construction d’espaces du mouvement : la réinvention des infrastructures urbaines existantes et l’amélioration des conditions de vie des habitants, avec les technologies notamment, mais également la recherche de l’inclusion sociale.
Ces caractéristiques de la Smart City sont propres aux villes intelligentes « asiatiques ». Et elles sont en réalité différentes, non seulement selon le niveau d’avancement de ces villes dans le processus de métropolisation, mais également selon l’acteur concerné, ici le CESE, la BEI et AREP, tous trois représentés lors de la séance : AREP, que nous venons de présenter, est un acteur économique donc, le Comité économique et social européen est un organe politique, tandis que la Banque européenne d’investissement est une institution financière. Trois types d’acteurs avec pour caractéristique commune leur dimension européenne ou internationale, mais avec des intérêts, des logiques et des points de vue différents.
Le CESE, dans un rapport publié en février 2017, retient six piliers de la ville intelligente : si l’amélioration des infrastructures, et les dimensions énergétiques, technologiques et numériques sont attendues, deux piliers supplémentaires doivent être mentionnés : la mise en place d’une offre d’éducation et de formation, et la stabilité financière et économique des projets financés. Ainsi, le caractère intelligent de la Smart City concerne également les habitants et le mode de financement de la ville.
La BEI ne retient quant à elle que trois piliers : la mobilité durable, le développement urbain et l’efficacité énergétique. La dimension numérique et technologique est minimisée, comme la dimension sociale des projets de villes intelligentes. C’est la durabilité des projets qui est au cœur des critères de financement de l’institution financière : les projets d’infrastructures lourdes demandent plus de financement que les technologies numériques, à la durée de vie moindre car vite touchées par l’obsolescence. La temporalité des projets financés est ainsi au cœur des enjeux de la BEI.
Avec ce panorama international, on semble pouvoir retenir deux grands enjeux essentiels pour toute ville intelligente, d’Europe ou d’Asie, le choix du financement et la gestion de la transition urbaine, qui supposent, peu importe le modèle retenu, une stratégie et une gouvernance… smart.
Lire la synthèse de France Stratégies Cycle d’ateliers Smart Cities Initiatives internationales du Mardi 13 juin 2017
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