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Le Grand Rex dévoile son nouveau hall – Un hommage contemporain à l’Art déco

Après avoir ranimé sa façade et son toit pour son 90e anniversaire, le Grand Rex poursuit sa renaissance architecturale. L’emblématique cinéma parisien – sacré plus beau cinéma du monde par Time Out – dévoile aujourd’hui un hall d’entrée entièrement réinventé, où l’Art déco originel dialogue avec une sophistication contemporaine. Une nouvelle métamorphose qui confirme, une fois encore, le statut du Grand Rex : un chef-d’œuvre du 7ᵉ art autant qu’un joyau du patrimoine architectural.

Après la rénovation complète de son toit et de sa façade en 2022, par les architectes Grichka Martinetti et Stéphane Thomasson, le Grand Rex, véritable icône culturelle parisienne, écrit un nouveau chapitre de son histoire. L’établissement vient de révéler son hall d’entrée repensé par le cabinet ABP Architectes, donnant naissance à un espace où la modernité sublime l’héritage Art déco de 1932.
Sacré « plus beau cinéma du monde » par le magazine Time Out et auréolé de records de fréquentation – dont celui de Vaiana 2 – le Grand Rex continue d’imposer sa silhouette et son aura comme l’un des temples incontournables du 7ᵉ art.

Un écrin né en 1932, au sommet de l’âge d’or des cinémas monumentaux

Lors de son inauguration par Jacques Haïk, le Grand Rex frappe les esprits : une capacité inédite pour l’époque, une architecture audacieuse dessinée par Auguste Bluysen, un style Art déco mâtiné d’influences américaines et méditerranéennes.

Le Grand Rex ouvre ses portes le 8 décembre 1932, dans une ambiance digne d’un gala hollywoodien : 3 300 invités en smokings et robes pailletées se pressent à l’angle du boulevard Poissonnière pour découvrir « Le Grand Rex », fruit de l’imagination de Jacques Haïk. Dès son inauguration, la salle se distingue par sa capacité exceptionnelle – plus de 2 700 places sur trois niveaux – et par son décor d’inspiration « atmosphérique », à la fois conçu pour transporter les spectateurs dans une cité méditerranéenne sous ciel étoilé et un hommage aux grands palaces cinématographiques des années 1920.

Outre son ambition architecturale, le Grand Rex se dote d’innovations techniques rares à l’époque : en 1953, il devient le premier cinéma français à adopter le format CinemaScope avec la projection de The Robe de Henry Koster. Face à son succès grandissant, il installe en 1957 le premier escalator d’Europe dans une salle de cinéma, inauguré par Gary Cooper et Mylène Demongeot.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Grand Rex vit un épisode hors du commun : réquisitionné par l’armée allemande, le cinéma est transformé en « Soldatenkino » pour les soldats de la Wehrmacht, avant de rouvrir officiellement en octobre 1944 avec un film américain — un symbole fort de la libération culturelle.

Au fil des décennies, la salle accueille des géants du cinéma et des événements iconiques : de la projection d’avant-premières internationales à des marathons de franchises cultes, le Grand Rex devient un lieu où l’histoire du cinéma se mêle à l’architecture et à la foule.

Aujourd’hui classé Monument historique depuis 1981 pour sa façade, son toit et son décor intérieur, le Grand Rex reste l’un des meilleurs témoins de cette ère glorieuse où le cinéma se vivait comme un spectacle total — décor grandiose, innovations techniques, stars sur le tapis rouge — et qui, grâce à sa rénovation, continue de faire vibrer Paris, ses amateurs d’architecture et ses cinéphiles. Contrairement à nombre de salles contemporaines disparues, le Grand Rex a traversé les décennies sans perdre son identité. Malgré plusieurs transformations, sa grande salle a toujours été préservée, en faisant l’un des derniers témoins majeurs de l’architecture cinématographique de l’entre-deux-guerres.

Un renouveau esthétique fidèle à l’esprit des années 1930

Depuis 2015, le Grand Rex s’est engagé dans un vaste chantier de renaissance visant à redonner à l’édifice toute la splendeur qu’il affichait lors de son inauguration en 1932. Ce mouvement a atteint un tournant symbolique en 2022, année de son 90ᵉ anniversaire, lorsque le cinéma a dévoilé une façade entièrement restaurée. Les bandes rouges ajoutées dans les années 1970, jugées trop éloignées de l’esthétique originelle, ont disparu au profit d’une composition plus sobre, plus géométrique et plus lumineuse. Sous l’impulsion des Architectes des Bâtiments de France, la façade a retrouvé ses teintes crème, dorées et noires, célébrant l’élégance pure de l’Art déco et restituant l’aspect qu’elle affichait au moment où Jacques Haïk l’avait imaginée.

À l’intérieur, la transformation s’est faite avec le même respect quasi archéologique pour les codes de l’époque : une attention minutieuse aux courbes, aux matières, aux motifs et aux effets de lumière. L’escalator « couleur champagne » remplace les escaliers plus récents et rompt avec l’univers des multiplex contemporains, évoquant plutôt les luxueux palaces hollywoodiens. Les lustres, spécialement importés d’Italie, rappellent les grandes compositions lumineuses des années 1930, tandis que certaines peintures d’époque ont été restaurées pour retrouver la profondeur de leurs pigments originels.

Le nouveau hall du Grand Rex par ABP Architectes © Thomas Laconis

La nouvelle coupole, elle aussi repensée, réintroduit ce sentiment de grandeur et d’ouverture cher à l’architecture Art déco. Plus qu’un simple décor, elle s’inscrit dans la volonté du directeur général Alexandre Hellmann de renouer avec l’esprit du « cinéma élégant » : un lieu où l’on ne vient pas seulement voir un film, mais vivre un moment suspendu, à part, presque cérémoniel.

Sans recréer à la lettre les codes vestimentaires et sociaux de l’époque — « pas question d’imposer smokings et robes longues », plaisante Hellmann — cette restauration vise à retrouver le raffinement et le sens du spectacle des années 30. Une ambition qui se reflète dans chaque décision esthétique et qui repositionne progressivement le Grand Rex comme un véritable Movie Palace : un écrin rare, précieux, où l’architecture porte autant l’expérience que le film projeté.

Le nouveau hall : une entrée en scène spectaculaire

Dernière étape de cette métamorphose : le hall d’entrée, entièrement repensé en un peu plus de deux mois par Gabrielle Larmet, associée d’ABP Architectes et déjà conceptrice de la salle Infinite inaugurée fin 2023.
L’espace revisité célèbre l’Art déco par ses lignes géométriques et son élégance épurée, sublimées par des matériaux nobles : laiton, albâtre, marbre et noyer. La palette chaude remplace le rouge historique du hall pour une ambiance plus feutrée, plus précieuse.

Le nouveau hall du Grand Rex par ABP Architectes © Thomas Laconis

Pièce maîtresse du nouvel aménagement, le comptoir à confiserie en demi-cercle, en laiton poli-miroir martelé, évoque une boîte à bijoux monumentale. Il repose sur une rosace en marbre inspirée de celle de la caisse centrale de 1932, tandis que son fond d’albâtre rétro-éclairé peut diffuser une lumière chaude ou froide.

La moquette sur mesure, dans des teintes beiges et cuivrées, guide les visiteurs vers les salles, tandis que les murs en bois réchauffent l’atmosphère. Au plafond, des corniches en staff doré encadrent des plaques d’albâtre, offrant un éclairage doux et enveloppant qui remplace les anciens luminaires colorés.
Un ensemble harmonieux qui plonge immédiatement le visiteur dans l’esprit des grands cinémas d’antan, tout en proposant le confort et l’esthétique d’un lieu résolument contemporain.

Le nouveau hall du Grand Rex par ABP Architectes © Thomas Laconis

Avec cette rénovation ambitieuse, le Grand Rex s’affirme plus que jamais comme un refuge de beauté au cœur de Paris. En ravivant l’élégance des années 1930 tout en l’adaptant au public d’aujourd’hui, le cinéma réussit un pari rare : offrir à chacune et chacun un accès simple, presque naturel, au raffinement. Ici, pas besoin de smokings ni de mondanités — l’art déco se vit sans cérémonial, avec la même générosité que le spectacle qui se joue à l’écran.

Dans un monde agité, saturé de tensions et d’incertitudes, le Grand Rex continue d’être ce lieu où l’on peut franchir un seuil et laisser, le temps d’un film, le rythme frénétique du quotidien derrière soi. Un lieu où l’architecture devient une promesse : celle d’un moment suspendu, d’une parenthèse lumineuse, d’une élégance à la portée de tous. Et si le cinéma reste un art populaire, le Grand Rex rappelle qu’il peut être aussi un art de vivre — où la beauté, la tradition et la modernité se rencontrent pour offrir un peu de douceur dans le tumulte du monde.

Le Grand Rex, 1 Boulevard Poissonnière – 75002 Paris
www.legrandrex.com

Photo d’en-tête : Le nouveau hall du Grand Rex par ABP Architectes © Thomas Laconis

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