Vers une nouvelle consommation : Terra Nova publie un rapport pour réinventer « l’abondance ». Aujourd’hui, notre société de surconsommation rime pour beaucoup avec dépenses superflues stimulées par la nouveauté et la publicité, appauvrissant les consommateurs et aggravant la raréfaction des ressources naturelles… Mais aujourd’hui, de nouvelles formes de consommation apparaissent, qui redonnent plus de sens à l’acte d’achat : consommation collaborative, partage, recyclage, systèmes de location, etc. L’innovation sociale prend de l’ampleur, portée par des consommateurs avertis qui se posent désormais plus de questions avant d’acheter.
Pour relayer cette tendance, le think-tank Terra Nova a publié en fin d’année dernière un rapport intitulé « Réinventer l’abondance, pour une politique des consommations ». Il propose de réorganiser les usages, besoins et modes de production pour réinventer une politique sociale et écologique des consommations.
Terra Nova fait 85 propositions concrètes, comme par exemple réduire le nombre et la densité de panneaux publicitaires, permettre la vente à perte de produits alimentaires 72h avant leur date de péremption, développer les circuits courts et les consommations alternatives, ou encore créer une TVA à 5,5% pour les produits revendus après avoir été réparés ou recyclés.
Au final, le rapport est logiquement (c’est la mission de Terra Nova) très orienté sur les politiques publiques et la transformation de l’offre (71 sur 85 propositions concernent des mesures contraignantes tendant prioritairement à modifier l’offre et dont les destinataires sont les producteurs et dans les « 10 propositions socles » qui résument le rapport, 9 sont des actions de transformation directe de l’offre), mais il ne dit rien ou presque sur les évolutions mentales indispensables du côté de la modification de la demande.
Or la consommation est une partie intégrante du système dans lequel nous vivons, et sa décroissance inéluctable est à ce point contraire aux finalités du système qu’il semble difficile aujourd’hui encore faire comme si un réformisme de surface pouvait suffire à inverser la tendance. En outre, la transformation de la demande, pour aider à vouloir moins, ne peut relever que de l’ingénierie sociale et précisément d’un projet politique global, découplant l’augmentation du bonheur des citoyens et celle de la consommation de biens matériels. Dommage qu’au bout du compte ce projet politique global ait si peu de place dans le rapport de Terra Nova.
(Source © Mescoursesmaplanète.fr / mars 2013)
Illustration © Courrier International 2013