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Course aux traitements : Le BCG vraiment ?

Course aux traitements : Le BCG, vraiment ?

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COURSE AUX TRAITEMENTS ::: LIRE AUSSI : Un vaccin en forme de coup de poker / Ce vaccin pourrait faire un tabac / La protection par le sang des patients guéris / Un ver marin oxygénateur / Méga études de l’OMS et l’Europe


Des études épidémiologiques laissent penser que le plus vieux vaccin du monde, le BCG, utilisé contre la tuberculose, pourrait réduire le risque d’infection au coronavirus ainsi que le risque de formes sévères de la maladie Covid-19. C’est le professeur Camille Locht, directeur de recherche INSERM à l’Institut Pasteur de Lille, qui travaille actuellement avec son équipe à la mise en place d’un essai clinique randomisé contrôlé pour évaluer l’intérêt de cette option.

Le vieux BCG (Bacille de Calmette et Guérin) pourrait-il être protecteur contre le Covid-19 ? Ce vaccin contre la tuberculose est le plus vieux du monde ; il existe depuis cent ans et a été inoculé à plus de trois milliards de personnes dans le monde. C’est un vaccin très bien documenté, de très nombreuses études sur ses rares contre-indications ont été menées. Enfin, il s’agit d’un des vaccins les moins chers du monde.

Des études épidémiologiques ont montré de façon intéressante une corrélation entre taux de vaccination au BCG et taux de morbidité et de mortalité face au Covid-19. Si la majorité de ces études vont dans le même sens, « elles ne permettent pas de conclure à une relation de causalité » précise l’Inserm dans un communiqué, car elles restent soumises à d’importants biais, en particulier sur la différence de niveau de vie et de politique de santé entre les pays à fort et à faible taux de vaccination.

Cependant, le BCG a démontré auparavant chez les enfants un effet protecteur non spécifique contre les infections, en particulier respiratoires. Les vaccins vivants comme le BCG, le vaccin contre la rougeole ou encore le vaccin oral contre la polio auraient en effet des effets bénéfiques non spécifiques sur certaines infections. « On sait depuis des dizaines d’années que le BCG a des effets bénéfiques non spécifiques », c’est-à-dire qu’il protège contre d’autres maladies que celle pour laquelle il a été créé, la tuberculose, explique à l’AFP Camille Locht.

Les enfants vaccinés par le BCG souffrent moins des autres maladies respiratoires ; on l’utilise pour traiter certains cancers de la vessie et il pourrait protéger contre l’asthme et des maladies auto-immunes comme le diabète de type 1. L’hypothèse est que le vaccin contre la tuberculose pourrait avoir un effet similaire contre le coronavirus, soit en diminuant le risque d’être infecté, soit en limitant la gravité des symptômes. En France, le BCG était obligatoire jusqu’en 2007, mais l’effet protecteur de cette vaccination diminue avec le temps. On trouverait là une des raisons pour lesquelles les enfants sont moins affectés par le coronavirus que les adultes. À l’inverse, avance le Quotidien du médecin, les personnes âgées, éventuellement vaccinées longtemps auparavant, ne bénéficieraient plus de cet effet protecteur.

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Tempête hyper-inflammatoire

Le BCG pourrait ainsi permettre de diminuer l’importance de l’infection au virus SARS-CoV-2 en stimulant la mémoire de l’immunité innée, première immunité à entrer en jeu face à une infection, et en induisant ainsi une « immunité innée entraînée ». Dans le cas du Covid-19, outre l’infection par le virus, il se produit dans les formes graves une réponse immunitaire excessive, avec la production incontrôlée de protéines pro-inflammatoires, les cytokines. Les médecins parlent d’« orages de cytokines ».

« Les preuves s’accumulent pour suggérer qu’une partie des patients souffrant de formes sévères de Covid-19 sont sujets d’un syndrome de choc cytokinique » écrit, avec des collègues britanniques, Jessica Manson, spécialiste des phénomènes inflammatoires à University College Hospital de Londres, dans la revue médicale The Lancet. Ce phénomène de « tempête hyper-inflammatoire » a été repéré pour expliquer la dangerosité des maladies respiratoires provoquées par des coronavirus.

Les cytokines sont des substances naturellement produites par les cellules du système immunitaire pour réguler l’action immunitaire, en particulier pour favoriser la réaction inflammatoire qui est une réponse naturelle de défense d’un organisme agressé. Mais dans le cas de « l’orage cytokinique », on observe un emballement de ce système qui débouche sur une réaction hyper-inflammatoire pouvant devenir létale.

« Je pense qu’une réponse immunitaire exubérante est ce qui véritablement tue les patients (de Covid-19, ndlr) en détruisant les tissus. Mais ce n’est pas une certitude », précise à l’AFP un expert de l’Université de l’Iowa.

« La vaccination, en particulier par le BCG, pourrait aider à mieux orchestrer cette réponse immunitaire inflammatoire », explique à nos confrères de Futura Santé Laurent Lagrost, directeur de recherche Inserm qui travaille sur ces liens entre inflammation et système immunitaire. Le vaccin agit comme un « exercice militaire en temps de paix [pour] combattre l’ennemi efficacement en temps de guerre », soulignait-il dans une interview à BFMTV.

Forts de ces observations, des chercheurs de plusieurs pays ont lancé des essais cliniques de grande ampleur (1 000 personnes aux Pays-Bas, 4 000 en Australie) chez les personnes à haut risque d’exposition (personnels soignants notamment).

La France travaille aussi sur le sujet. Camille Locht prépare la mise en place d’un d’essai clinique français en double aveugle. Une collaboration avec l’Espagne, qui mène également des recherches sur un projet de ce type, pourrait permettre de comparer à grande échelle les bénéfices de la vaccination au BCG à un placebo commun aux deux pays. Si l’essai clinique voit le jour, il faudra cependant encore suivre les participants pendant 2 à 3 mois pour avoir des données fiables.

Les chercheurs se veulent prudents : la piste du vaccin BCG est très intéressante, mais elle nécessite d’être explorée au sein d’essais cliniques rigoureux. Aucune donnée ne permet à ce jour de recommander une vaccination au BCG pour se protéger du Covid-19.

Sources : Inserm, AFP

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