Parce que chaque cancer est différent, chaque patient devrait pouvoir bénéficier d’un traitement personnalisé. A l’occasion de la journée mondiale contre le cancer, demain jeudi 4 février, l’Université de Montpellier met en avant les recherches révolutionnaires du laboratoire Cellules Circulantes Rares Humaines (Université de Montpellier-CHRU) dont la technique unique au monde ouvre une nouvelle ère dans la lutte contre le cancer.
Chaque année le 4 février, pour la Journée mondiale contre le cancer, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC) soutiennent l’Union internationale contre le cancer (UICC) pour promouvoir les moyens de faire reculer la charge de morbidité imputable à cette maladie. Avec 14 millions de nouveaux cas et 8,2 millions de décès en 2012, le cancer est une des principales causes de mortalité dans le monde. Comment combattre cet adversaire redoutable ?
Chimiothérapie, radiothérapie, immunothérapie, hormonothérapie, aujourd’hui les médecins disposent de tout un arsenal thérapeutique. Mais comment déterminer quel traitement est le plus adapté pour chaque patient ? Peut-être grâce à un simple prélèvement sanguin. « Quand un patient est atteint d’un cancer on peut retrouver dans son sang des « cellules tumorales circulantes » ou CTCs, explique Catherine Alix-Panabières, responsable du LCCRH (CHRU Montpellier – Université de Montpellier). Ce sont des cellules cancéreuses qui se détachent d’une tumeur et circulent dans le sang pour aller se loger dans d’autres organes où les plus agressives peuvent créer des métastases ».
En pratiquant ce qu’on appelle une « biopsie liquide », les chercheurs parviennent à détecter ces cellules tumorales qui se comptent parfois sur les doigts d’une main, cachées au milieu de dizaines de millions de cellules sanguines normales. Une véritable prouesse technologique que seuls quelques centres de recherche dans le monde sont capables de réaliser.
« Ces CTCs donnent des renseignement précieux sur le type de cancer qui affecte le patient », explique Catherine Alix-Panabières. Elles permettent d’évaluer la gravité de certains cancers mais aussi l’efficacité des traitements mis en œuvre. « Si les CTCs augmentent malgré le traitement, on peut en déduire que la thérapie mise en place est inefficace, à l’inverse si ces cellules diminuent on peut dire que le traitement fonctionne ».
Mais ce marqueur biologique permet aussi d’aider les médecins à choisir le traitement le plus adapté. « Dans un projet de recherche clinique national, si une personne atteinte d’un cancer du sein métastatique a plus de 5 CTCs, elle doit être mise sous chimiothérapie. Dans le cas contraire, on opte plutôt pour l’hormonothérapie », indique la chercheuse.
C’est une nouvelle ère qui s’ouvre dans la lutte contre le cancer : en proposant au patient le traitement le plus adapté à son cas, on entre dans une prise en charge personnalisée. « Les patients ne devront plus forcément subir des traitements lourds, qui ne seront plus prescrits s’ils s’avèrent inadaptés ou inefficace, c’est une amélioration considérable de leur qualité de vie ».
L’équipe montpelliéraine est une véritable experte internationale dans la recherche sur les CTCs. Catherine Alix-Panabières a reçu le prix Gallet et Breton de l’Académie de médecine en décembre 2012 sur cette thématique. Elle a publié dans de nombreux journaux scientifiques internationaux dont le prestigieux Nature Review Cancer. Récemment, elle est l’auteur d’un article dans la revue Molecular Oncology qui montre que les CTCs peuvent exprimer un marqueur de surface leur permettant de ne plus être reconnues par le système immunitaire et d’échapper à son contrôle, des données importantes pour les progrès en immunothérapie.
« Désormais des dizaines de milliers de publications sont consacrées à ce sujet. C’est un progrès considérable dans la lutte contre le cancer », se réjouit la chercheuse qui espère désormais que le test des CTCs puisse être proposé en routine à tous les patients : « D’ici 2 à 3 ans si tout va bien ».
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