Plus de cent spécimens de plantes à fleurs, datant du XIXe siècle et appartenant au Muséum national d’histoire naturelle de Paris ont été détruites par les douanes australiennes chargées de la biosécurité.
C’est cette incroyable histoire que révèle le quotidien The Guardian, lundi 8 mai. Ces plantes, qui dataient du XIXe siècle, avaient été envoyées à l’herbarium de Brisbane (Queensland, Australie) en mars dernier. Au total, 105 spécimens ont ainsi disparu. « Une perte irréparable », déplore Michel Guiraud, directeur des collections du Muséum, au micro de franceinfo.
Les plantes en question dataient du milieu du XIXe siècle et certaines d’entre elles étaient vraiment uniques. Dans les herbiers envoyés à l’herbarium de Brisbane se trouvaient en effet « six spécimens types, c’est-à-dire des spécimens de référence, qui portent absolument tous les critères permettant de décrire une plante », explique Michel Guiraud.
Des collègues australiens du Museum d’histoire naturelle de Paris (MNHN) avaient demandé en décembre 2016 le prêt de cet herbier à des fins de recherche. Il s’agit là d’une pratique courante, indispensable pour les chercheurs du monde entier. Les plantes sont donc expédiées en février. Or, mi-mars, les chercheurs australiens préviennent leurs homologues du MNHN qu’ « il manquait des documents de quarantaine » pour passer la douane. Ces documents certifient qu’il n’y a pas de microbes ou autres micro-organismes dans les spécimens. Un document conçu pour des plantes vivantes et non pour des herbiers. Mais soit, les chercheurs français s’exécutent en envoient le fameux document.
Quelques jours plus tard, en guise de réponse, ils apprennent que leurs précieuses plantes avaient été « détruites sans discussion, ni avertissement ». « Le service de quarantaine a déclaré que les papiers n’étaient pas conformes. Sa seule réponse a été de détruire les plantes sans même chercher une autre solution », raconte Michelle Waycott, présidente du conseil des herboristes australiens, au Guardian.
L’herbarium de Brisbane assure avoir pris, tout comme le MNHN, toutes les précautions nécessaires. Un porte-parole du département de l’Agriculture, cité par The Guardian, a invoqué un « problème de communication » et affirmé que « les documents n’avaient pas été reçus », avant de reconnaître que les plantes n’auraient pas dû être détruites.
À Brisbane comme à Paris, les spécialistes s’accordent à dire que la destruction de ces plantes est une perte « considérable » et « irréparable à plusieurs titres ». « Scientifiquement, cela signifie qu’on a détruit des indices de la biodiversité d’il y a 200 ans, qui sont importants quand on veut étudier les changements climatiques », explique Michel Guiraud. « C’est également une perte énorme pour le patrimoine, car il s’agit de collections publiques », souligne-t-il.
Ces plantes avaient également une valeur historique. Certaines « avaient été récoltées par le botaniste Jacques-Julien de La Billardière », parti à bord d’une mission pour retrouver les traces de l’expédition de La Pérouse, disparue dans l’océan Pacifique en 1788. « Il y a des spécimens très anciens ou très difficiles d’accès, qui peuvent ne plus exister aujourd’hui, détaille Michelle Waycott. C’est pour ça que c’est si grave. »
Maigre consolation, grâce à la numérisation de son herbier, le Muséum dispose au moins « des images des plantes détruites ». En tout cas, Michel Giraud prévient : « Nous allons suspendre les prêts, le temps de savoir si ce sont des incidents isolés ou si les procédures du pays font peser une réelle menace sur nos collections ».
S’abonner
Connexion
0 Commentaires
Les plus anciens
Les plus récents
Le plus de votes
Inline Feedbacks
View all comments