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Dynamiser l’industrie française par l’innovation

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Tribune libre par André Cayol / Désindustrialisation de la France et création de produits 

Introduction : 

« La France a perdu près de 900 usines en trois ans », titrait un grand quotidien français fin 2011. Cette désindustrialisation de la France, entamée depuis les années 1970, a été fortement accélérée par la dernière crise économique. Depuis 2008, l’observatoire de l’investissement de Trendeo a comptabilisé près de 900 fermetures d’usines. 400 d’entre elles ont été réalisées en 2009, année où la crise a été la plus forte et où l’emploi industriel a connu une véritable saignée. Mais 200 sites ont encore fermé en 2011. Parallèlement, près de 500 sites industriels se sont malgré tout installés en France. Au total, la France compte aujourd’hui 385 usines de moins qu’en 2009.

Résumé de la situation

En ces temps de crise, le débat public se focalise beaucoup trop sur les règles de financement des états et des entreprises. Il me semble nécessaire de rappeler que la population française souffre d’abord de la raréfaction des emplois. Il est difficile d’établir un lien entre le financement difficile des entreprises et la désindustrialisation. Le problème d’emploi est né plutôt du renversement dans les priorités des entreprises.

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Dans les années 1950 et 60 les entreprises étaient fières de leur rôle social, des emplois et des richesses qu’elles généraient. L’innovation et la conquête de nouveaux marchés étaient leurs credo. Mais à partir des années 1970, on a cherché des rentabilités élevées, tout en diminuant le risque et on a arrêté la création de produits, automatisé la production, et même commencé à délocaliser. Par une communication bien étudiée, les grandes entreprises ont même réussi à faire admettre à nos élites que l’innovation ne les concernait pas et devait être réservée aux PME et aux start-up.

Aujourd’hui, même si une politique différente peut favoriser les relocalisations, il nous faut surtout envisager une vraie politique industrielle afin de procéder à une ré-industrialisation de la France s’appuyant sur l’innovation qui devra être accompagnée par une politique de recherche, une politique fiscale et de protection de la propriété industrielle nouvelle, plus adaptée aux comportements opportunistes des entreprises multinationales.

desindustrialisation2La diminution progressive des emplois industriels en France

La Direction générale du Trésor a publié en 2011 une étude qui montre que la contribution de l’industrie à la richesse nationale est passée depuis 1980 de 24 % à moins de 14 % (1).

Ce recul de l’emploi industriel tient compte de la correction due à l’externalisation des activités industrielles que de plus en plus de grande sociétés pratiquent (souvent d’ailleurs dans des conditions discutables : exemple des sociétés auxquelles EDF soustraite l’entretien des centrales nucléaires).

Bien sûr, pour développer l’industrie française ou internationale, il est nécessaire que les banquiers et les financiers accomplissent à nouveau leurs tâches essentielles : le financement des investisseurs, qu’ils soient industriels ou particuliers. Mais, même si les ajustements techniques de la finance internationale permettaient de fournir les ressources dont ont besoin les entrepreneurs, il resterait un obstacle comportemental à une ré-industrialisation française et quelques mesures permettraient de franchir cet obstacle.

cac40La priorité financière a été le moteur de la réduction des emplois et un obstacle à l’innovation dans les grandes industries

Bien avant la crise financière et la crise de l’Euro, nos entreprises et surtout les sociétés du CAC40 ont créé en France, par leur manière de gérer, une crise de l’innovation et des emplois industriels.

En fait, la désindustrialisation commencée en 1973 (2), me paraît avoir des causes liées principalement à la gestion maximisant le profit à court terme des industries françaises.

En effet, depuis 1973, les dirigeants regardent leur entreprise comme un tableau de chiffres. Cette vision presque exclusivement financière de la gestion des grosses entreprises influencée par les théories du B.C.G. (Boston Consulting Group), a fait abandonner dans la plupart de nos grandes entreprises tous les produits qui n’étaient pas hautement rentables. Les principes et les matrices de réflexion du B.C.G. (qui permettent une gestion efficace des gammes de produits) ont été quelque peu schématisés par les patrons français !

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Pour gagner plus, nos entreprises leaders ont abandonné leurs produits les moins rentables, sans chercher à les moderniser en innovant comme le font toutes les entreprises familiales (gérées dans des perspectives de long terme).

Et, pour que tout le personnel accepte ces coupes sombres et ces sacrifices, on a vu apparaitre un slogan que tout le monde a entendu et qui était répété en boucle par nos dirigeants d’entreprises : « On doit se concentrer sur nos métiers ». Le personnel entendait parler de métier, un terme acceptable, et il n’avait donc pas l’impression de vivre une trahison lorsqu’on fermait une activité et qu’on licenciait.

Pour gagner encore plus, l’industrie s’est battue pour faire baisser les prix de revient des produits existants.

Lorsqu’on n’innovait pas, on avait compris qu’on pouvait accroître sa part de marché en diminuant le prix de revient et le prix de vente et qu’on pouvait gagner plus !

Alors on a automatisé la production et comme ce n’était pas suffisant, à partir des années 1990 on a délocalisé progressivement la plupart de nos productions. Les grandes entreprises ont trouvé un avantage supplémentaire à la délocalisation : elles ont pu éviter la contestation sociale qu’on avait connue pendant toute l’ère industrielle avec son paroxysme en mai 1968. On l’a vu également lorsque l’usine Uniroyal de Clairoix a fermé : les syndicats n’avaient plus vraiment d’interlocuteurs et ne pouvaient plus faire plier cette multinationale… Le gouvernement semblait lui aussi impuissant face à cette multinationale de taille pourtant modeste mais d’origine allemande !

Pour gagner toujours plus, il ne fallait prendre aucun risque sur la création de produits nouveaux car l’innovation est un processus toujours risqué. Alors les grandes entreprises se sont contentées de vendre et de produire les « bons » produits de leurs catalogues (excepté dans l’automobile ou les innovations existent mais sont timides car elles perfectionnent et modernisent le produit sans le remettre en cause : on attend toujours la pile à combustible annoncée depuis dix ans, qui diminuerait de manière radicale la consommation).

En fait, on le comprend, le problème du chômage en France ne dépend que de la manière dont les entreprises gèrent leurs établissements français et notamment de la place qu’ils réservent à l’innovation et la production.

Et l’innovation entraine souvent une relocalisation car c’est un moyen de bien maîtriser tous les paramètres.

Aujourd’hui, la vente en France de produits du monde entier a supplanté le « made in France ». Nos industriels pensaient pouvoir garder la conception de produits en France mais les asiatiques ne se sont pas arrêtés à la production ; actuellement, même le design industriel n’est plus français ! Et les designers français au chômage en France où l’on n’innove pas assez pour que nos jeunes designers puissent vivre, trouvent du travail en Chine et rendent vendables les produits chinois.

Cela est pire que la fuite des cerveaux que l’on trouvait catastrophique il y 30 ans…

Dans presque tous les domaines de notre consommation, à part pour certains produits agro-alimentaires (3), il faut bien chercher pour trouver un produit français. Dans l’état actuel de l’industrie, nous ne pourrons plus, comme le préconisaient les économistes, relancer l’économie par la consommation, nous risquons au contraire, d’accroître le déficit commercial de la France.

En tentant de produire moins cher des produits complètement banalisés, la France a déjà perdu la bataille de la compétitivité. Contre l’Asie, dont certains pays pratiquent des salaires et des conditions de travail proches de l’esclavage, notre industrie ne gagnera jamais en se battant sur les coûts car le réservoir de main d’œuvre dans les campagnes chinoises est énorme et les salaires en Chine resteront toujours négligeables par rapport à nos salaires occidentaux.

jamesdysonLe ressort et le risque de l’innovation

Pour comprendre l’intérêt de l’innovation, nous pouvons prendre comme exemple l’Anglais James Dyson, Designer, qui a bâti toute la stratégie de sa société sur l’innovation. Créée en 1992, sa société éponyme employait déjà 2500 personnes en Angleterre dès 2006 et son chiffre d’affaire était de 800 millions d’Euros. Il a commencé par les aspirateurs sans sac, a créé des machines à laver, des ventilateurs, des sèche-mains… La nouveauté et l’efficacité des produits développés par Dyson incitent à l’achat alors qu’ils sont souvent deux fois plus chers que les produits remplissant à peu près la même fonction…mais avec des trouvailles qui les rendent irrésistibles.

Par contre, l’innovation est risquée…On rappelle qu’Albert Einstein disait : « Une personne qui n’a jamais commis d’erreurs n’a jamais tenté d’innover » (même si les méthodes pour innover diminuent le risque !).

Le mot innovation se définit comme l’introduction de quelque chose de nouveau dans un milieu établi. Ce terme sous-tend l’appropriation par le public. C’est d’ailleurs parce qu’un produit se vend et est utilisé par des acheteurs que l’invention devient innovation. La volonté d’entreprendre et de vendre est presque contenue dans le mot ! Le concept d’innovation englobe par extension les moyens de production et la distribution.

Pour générer des emplois de production et sortir de cette crise des emplois autrement plus grave pour notre pays que la crise financière, l’industrie française doit, à l’exemple de Dyson, reprendre le chemin de la création de produits. Car il est évident que cette tendance à la désindustrialisation ne peut s’enrayer que si on arrive enfin à créer des produits français, innovants, durables, modernes et attractifs dans tous les secteurs industriels qui correspondront au goût européen et que nous saurons défendre par une protection industrielle appropriée (modèle déposé ou brevet).

L’absence de politique et de planification industrielle est une politique de laisser-faire très libérale qui ne dit pas son nom…

desindustrialisation3L’attitude des grands groupes face à l’innovation 

Cette absence de « politique » industrielle française a été en réalité dictée par les sociétés du CAC 40. Cela les a enrichies mais n’a pas enrichi la France et cela nous a sans doute couté très cher en terme d’emploi pour l’avenir !

Dans le même temps, la communication de ces grands groupes a insisté sur l’innovation qui devait être selon eux générée obligatoirement par des start-up. Cette théorie a fortement influencé les mentalités de nos dirigeants politiques, au point qu’actuellement dans la tête des dirigeants industriels et politiques, l’innovation est devenue synonyme de « création dans une PME ».

Il faut rendre hommage aux services communication des entreprises du CAC 40 et du Medef qui ont persuadé la classe politique que l’innovation ne concernait pas les grosses sociétés. En termes de communication quelle réussite ! En termes de résultats pour notre pays quelle catastrophe.

En fait, les grosses sociétés devraient être nos «leaders » pour les innovations car elles peuvent facilement mobiliser tous les moyens nécessaires : recherches, finances, techniques, design, marketing.

Mais les multinationales commercialisent de nombreux produits et peuvent vivre sans innover alors que sans création, une petite entreprise qui ne commercialise que quelques produits finit par être dépassée par ses concurrents et meurt ! Mais il est anormal que l’élite nationale laisse reposer l’effort d’innovation français presque exclusivement sur les PME ou les start-up. Car pour innover, elles doivent chercher les moyens à l’extérieur et donc surmonter de lourds handicaps (surtout lorsque les banques deviennent frileuses).

Mais même si la politique n’a aucune action directe sur les entreprises ce n’est pas une raison suffisante pour que notre gouvernement n’ait pas une vraie politique industrielle.

Depuis presque trente ans, englué dans le conformisme du libéralisme, l’Etat français (même avec Lionel Jospin comme premier ministre), n’intervient plus dans les problèmes industriels. On a laissé partir à l’étranger la direction de très beaux fleurons de l’industrie alors que l’Etat aurait pu prendre au moins une majorité de contrôle sur les industries importantes pour la France en renationalisant (partiellement au moins).

On a laissé vendre des sociétés hautement stratégiques pour notre pays comme GEMPLUS, ARCELOR, THOMSON…

La gestion de nos industriels (gestion pilotée par les résultats financiers) et l’Etat français dont la politique depuis 20 ans a été de ne surtout pas intervenir, ont entraîné la perte des emplois de production et le chômage qui actuellement nous inquiète tous…

Quelques mesures qui changeraient (à moyen terme) l’évolution de l’industrie en France. Plaidoyer pour une politique française de soutien à l’innovation et de protection de la propriété industrielle pensée pour un monde global

madeinfrance2– Permettre aux consommateurs français d’acheter des produits français s’ils le souhaitent

Yves Jego proposait plus de transparence et d’information pour que le consommateur puisse acheter français. Cela semble un premier pas indispensable mais les dégâts sont tels qu’il nous faut pousser un peu l’analyse pour chercher et appliquer des remèdes plus nombreux et plus efficaces…

Si on demandait à une personne dans sa cuisine de jeter tout ce qui n’a pas été fabriqué en France, on retrouverait ce pauvre homme nu dans sa cuisine presque vide avec peut être la moitié du mobilier (Mobalpa et Vogica sont encore Français) mais peu d’appareils ménagers, des victuailles sur la table (mais de plus en plus de poulets sont chinois), pas de petits Lu ni de moutarde (Unilever a délocalisés par dans les pays de l’est), pas d’assiettes ni de couverts (de plus en plus de produits sont fabriques en Chine). Peut-être pourra-t-il conserver son Laguiole à la main et encore, seulement s’il n’a pas acheté sans le savoir un Laguiole pakistanais ayant seulement pris l’air de l’Aubrac (car Laguiole est une appellation de terroir qui ne protège pas vraiment des contrefaçons). Il faut que pour chaque produit on indique la provenance, et que les appellations d’origine ne soient pas galvaudées. Car la relance par la consommation ne fonctionnerait pas. Il n’y a plus assez de produits français et si on augmentait les salaires, les consommateurs se trouveraient contraints d’augmenter les achats de produits étrangers et donc augmenterait le déficit de la France. Dans presque tous les domaines de notre consommation, à part pour certains produits agro-alimentaires, il faut bien chercher pour trouver un produit français.

energiesrenouvelables– Planifier des technologies d’avenir pour la France

L’avenir de la France passe par certaines technologies choisies en concertation par nos communautés scientifiques et industrielles car elles sont porteuses d’avenir.

Parmi les technologies nouvelles, l’isolation et les économies d’énergie en général, les nouvelles technologies de génération d’énergie électrique (éolien, vagues, courants marins géothermie, biotechnologies ….).

Les nanotechnologies, les nouveaux matériaux, l’électronique pour créer des valets virtuels qui anticipent nos moindres désirs, la robotique, la reconnaissance vocale et la synthèse vocale, la télésurveillance, les communication virtuelles…Les couplages de transports collectifs et individuels économes en énergie….

Nos gouvernements doivent ainsi favoriser fiscalement (sous forme d’avoir remboursable en cas de délocalisation) les sociétés qui innovent en France et les filières de technologies qui nous permettront d’investir pour les générations futures (par exemple les économies d’énergie, les sources d’énergie alternatives (géothermie, énergie des vagues …).

rechercheuniversitaire– Mobiliser les Universités pour l’innovation

Utiliser la recherche pour innover….Nos expériences ont démontré que l’innovation peut être amorcée par un progrès scientifique, une nouvelle technologie, un nouvel usage, une nouvelle forme….Mais innover grâce à la recherche est un très bon point d’entrée. Dans ce cas le processus ne peut aboutir que si le chercheur collabore avec des ingénieurs et des designers comprenant la manière dont la nouvelle technologie développée peut permettre de réaliser un produit adapté à l’homme…

Cette équipe nécessite une collaboration du chercheur au moins jusqu’à la réalisation du prototype….Mais dans ce cas, le chercheur retarde sa carrière car les évaluations de son travail ne seront pas très bonnes lLes méthodes d’évaluation sont quasiment les même que ce soit les chercheurs CNRS ou les maîtres de Conférences). Alors que si le chercheur travaille au centre de sa discipline et s’il a beaucoup de publications ce qui est incompatible avec le dépôt de brevets et l’industrialisation, il sera bien évalué.

Certaines Université (l’Université de Technologie de Compiègne, par exemple) avaient une politique de transfert de ses recherches et les structures pour la mettre en œuvre, on les a faites rentrer dans le rang…

Les structures de l’Université sont moins adaptées pour le transfert aujourd’hui qu’il y a 30 ans à l’UTC.

Il serait bon qu’une fois par an les universités présentent les résultats de leurs recherche à des jeunes ingénieurs et des jeunes designers qui pourraient monter en liaison avec ces chercheurs des produits innovants.

iphone4– Transformer nos dirigeants de sociétés en entrepreneurs…

La recherche en France ne se transformera pas en innovation tant que nous n’aurons pas dans l’industrie des PDG, non pas des financiers, mais de vrais entrepreneurs qui pensent au long terme pour reprendre et industrialiser les résultats de la recherche…Les grosses sociétés devraient donner l’impulsion.

Par exemple, notre équipe de recherche en conception de produits CQP2 de l’Université de Compiègne avait travaillé avec EDF pour la conception de la maison du futur et nous avions créé des méthodes de prospective et imaginé dès 1999 toutes les fonctionnalités (plus quelques-unes) que remplissent les assistants personnels tels que les i-phones 4 qui commencent à devenir capables d’anticiper les désirs de leurs propriétaires en allant sur le web pour voir la météo par exemple.

Pourquoi cette innovation que nous avions proposée a-t-elle été lancée par Apple et n’a-t-elle pas été produite par un industriel français malgré la démonstration que nous avions organisée avec EDF à la Foire de Paris de l’an 2000 ? EDF n’avait pas la volonté de développer ces innovations mais elle aurait dû avoir des PME partenaires qu’elle associerait à ses recherches amont et qui pourraient développer sous licence.

Je me reproche parfois de ne pas avoir lancé moi-même ces innovations, mais il est souvent hasardeux de transformer un chercheur correct en entrepreneur médiocre.

Par contre, nous pouvons nous battre en innovant avec des sociétés déjà sur ces marchés et en recréant pour ces produits nouveaux des usines de production en France.

designindustrielLes méthodes d’innovation et de création de produits pour dynamiser l’industrie française

S’il nous fallait proposer quelques solutions possibles pour reprendre l’initiative, nous demanderions à nos industriels de relancer la Recherche et le Développement et surtout de relancer une politique d’innovation utilisant des méthodes pour innover à coup sûr et sur le design industriel.

Nous pensons qu’on peut s’appuyer sur la Recherche et sur le Design Industriel. Cette belle discipline a été inventée dans les pays industrialisés pour mettre le beau à la portée de tous. Elle fait vendre car elle adopte pour innover des méthodes efficaces et met l’utilisateur au centre du processus de création.

Les designers savent transformer les recherches appliquées en produits et il faut créer des équipes de designers en liberté dans les laboratoires de recherche avec dans les entreprises, des équipes de vrais « intra-preneurs » c’est-à-dire des cadres capable à la fois de comprendre quelles innovations vont devenir des succès, et de savoir les amener sur les marchés.

Après la mise en forme des premières idées il faut, pour innover, mobiliser des équipes autonomes d’innovation comme l’a fait Renault (4) à partir de 1989 et du projet Twingo. Et cette suggestion doit surtout s’appliquer aux grands groupes (qui n’innovent plus)

Nos entreprises devraient placer le Design Industriel et la création de produits au premier plan de leur stratégie. Le Design Industriel pourrait être diffusé dans toutes les entreprises françaises par la formation continue et nous devrions former dès l’école primaire au design industriel, à l’innovation et à l’entreprenariat !

delocalisationEviter les délocalisations

En fait l’Etat doit être beaucoup plus volontariste. Par exemple : pour éviter les délocalisations les machines devraient être classées comme un patrimoine national pour les empêcher de sortir du territoire !

On peut aussi nationaliser ce qui est stratégique…

Mais toute société qui délocalise et tout créateur ayant touché des subventions et vendant à une société étrangère ou délocalisant devrait rembourser toutes les aides perçues…ou tous les avoirs fiscaux.

Encourager la protection industrielle 

Pour conserver l’avantage concurrentiel de l’innovation, les brevets les modèles et la protection industrielle en général doivent aussi reprendre leurs droits : c’était historiquement un quasi-monopole octroyé pour 20 ans par le Roi ou le Prince d’une province et ça permettait à un inventeur d’investir dans la production de son invention et d’en tirer pour son entreprise des bénéfices pendant toute la durée de la protection. Actuellement, l’Asie ne respecte pas ce privilège des créateurs…et nos tribunaux nous défendent bien mal !

Nous devons créer un système de financement des brevets pour aider les universités, les PME et les inventeurs indépendants, en matière de protection juridique et de transfert des inventions.

Nous devons spécialiser un tribunal sur la propriété industrielle et commerciale pour qu’il réagisse rapidement car les affaires de copies doivent être traitées par des spécialistes et le jugement doit être rendu rapidement par des juges experts (en 15 jours maximum) avant que les copies illicites aient détruit le marché des produits légitimes… (Cela va très vite pour les produits de la mode qui durent une saison soit 2-3 mois).

copyrightProtéger les produits Européens

Même si les règles du commerce international sont fixées par l’OMC, il reste des marges de manœuvre pour protéger les industries nationales. La France peut imposer une obligation d’étiquetage et des législations plus restrictives en matière de qualité et de Sécurité. Nous devons, de plus, imposer des droits de douane à tous les produits (fabriqués hors Europe) si les conditions ne respectent pas nos critères et nos normes sociales, par exemple :

• pas de travail d’enfants,

• respect des conditions sociales minimum pour la production,

• respect des normes de sécurité pour la production et pour le produit fini. L’usage du produit fini (sécurité de l’utilisateur). Je ne suis pas sûr que les jouets importés soient sans danger pour nos enfants.

Conclusions

Toutes les entreprises devront créer des produits : les grandes entreprises du CAC40 comme les PME.

Cela permettra de retrouver des marges en vendant ces produits nouveaux plus chers car plus attractifs.

Ces marges peuvent permettre de retrouver les emplois de production dont la France a besoin.

Il nous faut redresser notre industrie rapidement pour produire sur des secteurs d’avenir et pour produire au moins une partie de tout ce que nous consommons.

Si nous ratons ce virage, les pays émergents auront dans peu de temps, une puissance industrielle suffisante pour imposer leurs prix de ventes (comme l’a fait la grande distribution après avoir tué les commerces de proximité).

Ils deviendront très riches et ils pourront racheter toutes nos industries et imposer des patrons recrutés dans leurs pays (donc moins chers). Ce sera d’ailleurs une belle revanche pour nos ouvriers qui ont été les premiers à souffrir de la mondialisation débridée.

Si nous attendons trop, les préretraitées et retraités seront morts et nous ne serons plus capables de remonter les usines disparues car nous aurons perdu tous les savoir-faire. La transmission des savoirs doit se faire d’une génération à l’autre et on doit la réussir sans tarder pour ne pas revenir au Moyen-âge !

Références :

1 : Document de travail de la Direction Générale du Trésor : La désindustrialisation en France par Lilas DEMMOU N° 2010/01- Juin 2010

2 : J. Schumpeter The Theory of Economic Development An Inquiry into Profits, Capital, Credit, Interest, and the Business Cycle

3 : Et encore on a délocalisé la moutarde de Dijon en Hongrie, le petit Lu n’est plus Nantais…

4 : Ouvrage L’Auto qui n’existait pas : Management des projets et transformation de l’entreprise de Christophe Midler et Raymond-H Lévy.

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